Enfants de Guyana

Concrétiser les droits de l’enfant en Guyana

Les enfants en Guyane sont confrontés à plusieurs défis-clés qui empêchent la réalisation de leurs droits humains. À cause de leur situation géographique, les effets catalyseurs du changement climatique et des catastrophes naturelles présentent de nombreux défis. Le plus pressant, c’est que les enfants risquent d’être soumis aux pires formes de travail infantile, châtiment corporel, justice juvénile, violence contre les enfants et taux élevés de grossesse d’adolescentes qui les menacent.

Indice des Droits de l’Enfant: 6,73 / 10
Niveau rouge: Situation difficile

Population : 786,599

Population âgée de 0 à 14 ans : 27 %

Espérance de vie : 69,91 ans

Taux de mortalité des moins de 5 ans : 28.4‰

La Guyane en un coup d’œil

La République coopérative de Guyane, telle qu’elle est officiellement connue, est un petit pays situé au coin nord-est de l’Amérique du Sud. Elle est encadrée par l’Océan Atlantique au nord, le Suriname à l’est, le Brésil au sud-ouest et le Venezuela à l’ouest. Georgetown, sa capitale et la ville la plus grande du pays, est située sur la côte atlantique et surnommée « la ville jardin des Caraïbes ». La Guyane, « terre d’eau », était le nom originel du pays, donné par les peuples autochtones qui étaient ses premiers habitants. La Guyane est le seul pays anglophone d’Amérique du Sud (Menke, 2022).

L’environnement naturel de la Guyane est divers, allant des plaines côtières et marécages intérieurs aux montagnes et rivières. Il y a quatre fleuves principaux dans le pays : le Courantyne, le Berbice, le Demerara et l’Essequibo, qui se jettent tous dans l’océan Atlantique. La Guyane abrite aussi une abondance de flore et de faune, y compris des mangroves, des herbes salées, une avifaune variée, des ocelots, des singes, des paresseux, des potamochères, des tatous, des tapirs, des jaguars, des lamantins et des iguanes (Menke, 2022).

Environ un dixième de la population de la Guyane se compose de groupes indigènes, qui habitent soit dans les régions côtières et intérieures, soit à l’ouest, le long de la frontière avec le Venezuela et le Brésil. Les peuples autochtones de la côte sont connus sous les noms de Warao, Arawak et Carib.

Les peuples autochtones du centre sont les Wapisana, les Arekuna et les Macusi. Les Wapisana et les Macusi vivent majoritairement dans la région de la savane de Rupununi. Le reste de la population est constituée d’Indo-Guyanais, qui représentent deux cinquièmes de la population (Guyanais d’origine sud-asiatique), d’Afro-Guyanais, qui représentent trois dixièmes de la population (Guyanais d’origine africaine) et de personnes d’ascendance mixte, qui constituent un cinquième de la population (Menke, 2022).

Statut des droits de l’enfant [1]

La Guyane s’est engagée à favoriser plusieurs instruments internationaux visant à protéger les droits de l’enfant. En 1991, elle a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Cependant la CIDE n’est pas applicable en vertu de la loi guyanaise (CRIN, 2013). En 2010 le gouvernement a ratifié le protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie infantile, de même que le protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés

La Guyane s’est également engagée à respecter d’autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme, y compris la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, qui a été ratifiée en 1980, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, ratifiée en 1977, et la Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiée en 1988.

Bien que la Guyane n’ait pas une loi consolidée sur l’enfance, elle a plusieurs textes législatifs nationaux dédiés aux enfants. Par exemple, il y a entre autres la loi nº 19 de 2009 sur le statut de l’enfant, la loi nº2 de 2009 sur l’Agence de protection de l’enfance, la loi nº 17 de 2009 sur la protection de l’enfance, la loi nº 16 de 2005 sur l’adoption d’enfants et la loi nº 7 de 2010 sur les délits sexuels (CRIN, 2013). 

Au niveau régional, la Guyane est membre de l’Organisation des États américains (OEA) et est liée au système interaméricain des droits de l’Homme. En 1996 le gouvernement a ratifié la Convention interaméricaine concernant la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre les femmes (connue sous le nom de Belém do Pará Convention). La Guyane est également membre de la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et en 2013 le gouvernement a adopté le Consensus de Montevideo sur la population et le développement.

Répondre aux besoins des enfants de la Guyane

Droit à l’éducation

En Guyane, sous l’égide du ministère de l’Éducation, la Loi sur l’éducation de 1876 (telle que modifiée en 1976), est le principal cadre réglementaire qui gouverne l’éducation du niveau primaire au niveau supérieur. Le système éducatif comprend l’enseignement maternel, l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire, l’enseignement technique et professionnel et l’université (UNESCO, 2007).L’école maternelle concerne les enfants âgés de trois à six ans, mais elle n’est pas obligatoire. L’enseignement primaire est obligatoire et commence dès l’âge de cinq ans et se termine à l’âge de onze ans.

Au cours de la dernière année de l’école primaire, les enfants sont tenus de passer l’examen d’entrée à l’école secondaire (Secondary School Entrance Examination – SSEE) pour accéder à l’école secondaire.

Les élèves qui obtiennent de bons résultats scolaires au SSEE sont récompensés par admission au collège présidentiel, alors que les élèves qui obtiennent de mauvais résultats vont dans des lycées communautaires, qui sont adaptés pour préparer les enfants à la professionnalisation. Ceux qui réussissent le SSEE intègrent des écoles secondaires afin d’y suivre cinq années d’enseignement. L’école secondaire prépare les élèves à passer le Conseil des examens des Caraïbes (Caribbean Examination Council – CXC) (UNESCO, 2007).

L’éducation est obligatoire pour les enfants âgés de six à quinze ans en Guyane. Cependant l’accès à l’éducation est limité pour les enfants des zones rurales et intérieures de la Guyane en raison de l’insuffisance des infrastructures, de l’inaccessibilité des écoles, du manque de moyens de transport ou de moyens de transport abordables, et de la pénurie d’enseignants qualifiés (US Department of Labour, 2021). Durant la pandémie de COVID-19, le manque de technologie de l’information et d’électricité fiable dans les communautés rurales et riveraines a eu un impact sur l’éducation des enfants (US Department of Labour, 2021).

L’éducation en Guyane est principalement financée par le gouvernement. Les écoles privées se financent toutefois depuis les années 1990. Des organisations non gouvernementales telles que le Lions Club et le Rotary financent des écoles pour les enfants handicapés (UNESCO, 2007).

Pour la période 2022-2027, la Banque mondiale a investi 44 millions de dollars américains dans l’éducation en Guyane. Ce projet, visant à améliorer la qualité de l’enseignement de la septième à la neuvième année, va développer un nouveau programme scolaire qui met en avant la gestion de l’environnement et le changement climatique. Il financera de plus de nouveaux manuels scolaires, renforcera la formation des enseignants, assurera le mentorat du personnel académique, soutiendra les enfants handicapés et améliorera les installations et les infrastructures scolaires (Banque mondiale, 2022).

Droit à la santé

Le Ministère de la Santé a élaboré une stratégie nationale pour la Guyane 2012-2020, également connue sous le nom de « Health Vision 2020 » (Vision 2020 pour la santé). Cette stratégie avait pour but de répondre aux principales priorités en ce qui concerne l’amélioration de la santé en Guyane.

Par exemple, elle visait à renforcer et à promouvoir les capacités concernant la santé sexuelle et reproductive, à développer l’utilisation des contraceptifs, à promouvoir le dépistage des maladies sexuellement transmissibles et à améliorer les services de santé sexuelle et reproductive pour les personnes ayant un handicap. Les autres objectifs de la Vision 2020 comprenaient le ciblage des communautés et des familles pour réduire la mortalité maternelle, infantile et juvénile, le continuum de la couverture sanitaire, l’amélioration des soins de santé aux adolescents et l’accès aux services de réadaptation (UNICEF, 2018).

En Guyane, les adolescents sont moins susceptibles d’aller dans des centres de soins de santé à cause de leur peur d’être jugés ou du manque de confidentialité. Afin d’encourager un changement de comportement, le gouvernement a lancé en 1999 une étude pilote sur les centres de santé accueillants les adolescents en collaboration avec le FNUAP afin de promouvoir la santé sexuelle et génésique des adolescents à Victory Valley, Beterverwagting et Port Mourant.

À la base, l’étude pilote était destinée à répondre aux besoins des adolescents en termes de grossesse, de VIH/SIDA, de toxicomanie, de suicide, de besoins sociaux et spirituels, ainsi que de services de conseil pour adolescents. À partir de 2000, avec le soutien de l’UNICEF et du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le gouvernement a ouvert dix-neuf unités de services de santé accueillants les adolescents dans toute la Guyane (UNICEF, 2018).

Droit à l’eau potable et à l’assainissement

En 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que 86% de la population de la Guyane avait accès à une hygiène de base. Entre juillet 2014 et juillet 2019, la Banque interaméricaine de développement et le Fonds européen de développement ont mis en œuvre en Guyane un projet américain qui a coûté 29 millions de dollars dans le but d’améliorer l’efficacité, la qualité et la durabilité des services d’eau et d’assainissement portables. Ce projet a bénéficié à 328 foyers en Guyane et il a pu fournir l’assainissement, l’approvisionnement en eau, l’hygiène des mains, et des solutions d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH – water, sanitation and hygiene) (Reyes, 2021).

En Guyane, les services d’eau et d’assainissement sont fournis par la Guyana Water Inc (GWI). GWI gère le seul réseau d’égouts qui dessert 2% de la population du centre de Georgetown. Le reste de la population élimine les eaux usées au moyen de fosses septiques (66%) et de toilettes sèches (28%) (Reyes, 2021). L’exploitation aurifère, l’élimination insuffisante des déchets et la pollution signifient que la qualité de l’eau dans de nombreux endroits est médiocre, ce qui met en péril la santé et le bien-être des enfants à cause des maladies transmises par l’eau (UNICEF, 2018).

Droit à l’identité

Tous les enfants nés en Guyane doivent être enregistrés à la naissance en vertu des articles 18, 25 et 26 de la loi sur l’enregistrement des naissances et des décès (chapitre 44:01) du droit guyanais. Les enfants doivent être enregistrés par leurs parents, quel que soit leur statut légal ou matrimonial, et l’enregistrement des naissances est gratuit. L’enregistrement s’effectue auprès du General Register Office, dont il existe 200 centres en Guyane (UNHCR, n.d).

Le General Register Office a entrepris plusieurs initiatives pour augmenter le taux d’enregistrement des naissances en Guyane. Il s’agit notamment de la création de centres d’enregistrement dans les zones rurales afin d’enregistrer les naissances à domicile et de vérifier que tous les enfants vivant dans les zones rurales peuvent être enregistrés, la formation des officiers de l’état civil pour s’assurer qu’ils ont les compétences requises pour enregistrer efficacement les naissances et le soutien des communautés indigènes afin de garantir que tous les enfants possèdent un certificat de naissance. En Guyane, même si les enfants n’ont pas besoin d’un certificat de naissance pour accéder aux services de santé, ils en ont besoin pour être admis à l’école (UNHCR, n.d).

En vertu de la Constitution de la Guyane de 1980, tous les enfants nés en Guyane ont le droit à la citoyenneté, sauf dans les cas où : (1) aucun des parents n’est citoyen guyanais et l’un ou les deux parents bénéficient de l’immunité diplomatique, (2) l’un des parents est un étranger ennemi et l’enfant est né sous occupation par l’ennemi. Les enfants nés en dehors de la Guyane peuvent obtenir la citoyenneté si l’un de leurs parents est un ressortissant guyanais (Immigration and Refugee Board of Canada, 2008).

Facteurs de risque → Les défis spécifiques au pays

Travail des enfants

En 2021, le gouvernement a fait des progrès minimes pour éliminer les pires formes de travail des enfants en Guyane. Le gouvernement a ratifié toutes les conventions internationales clés concernant le travail des enfants, telles que la convention (n° 138) sur l’âge minimum de 1973 de l’Organisation international du travail (OIT), la convention (n° 182) sur les pires formes de travail des enfants de 1999, et le protocole de Palerme sur la traite des personnes. Malgré cela, des lacunes persistent dans le cadre juridique pour protéger suffisamment les enfants du travail (Département du travail des États-Unis, 2021).

Les enfants de Guyane sont exposés aux pires formes de travail des enfants, y compris l’exploitation sexuelle à des fins commerciales à la suite de la traite des personnes, principalement à Georgetown. Ils sont aussi soumis aux pires formes de travail des enfants dans des secteurs tels que l’agriculture, la production de cerises, de citrons verts, de riz, de choux, de canne à sucre et de charbon, ainsi que le travail dans les scieries et l’élevage de volaille.

Dans l’industrie et les secteurs domestiques, les enfants sont soumis au travail dans la construction, l’extraction d’or et de bauxite, les travaux domestiques, les bars, les restaurants et les dépôts de ferraille. Selon les estimations, 41% des enfants amérindiens sont engagés dans des travaux domestiques et 34% dans des travaux dangereux (Département du travail des États-Unis, 2021).

En vertu de la loi sur l’emploi des jeunes et des enfants, l’âge minimum d’embauche est de quinze ans. La Guyane ne se conforme pas aux normes internationales en matière de travaux dangereux pour les enfants parce qu’elle permet aux enfants âgés de seize à dix-sept ans d’entreprendre un travail dangereux, ce qui menace leur santé et leur sécurité (Département du travail des États-Unis, 2021).

Depuis 2021, les autorités chargées de l’application du droit pénal ont pris des mesures concrètes pour lutter contre le travail des enfants en Guyane, notamment en créant un comité directeur national sur le travail des enfants et un groupe de travail ministériel sur la traite des êtres humains. Des politiques-clés ont aussi été introduites, telles que la politique nationale sur le travail des enfants et le plan d’action national pour l’élimination du travail des enfants 2019-2025, ainsi que le plan d’action 2021-2025 de l’équipe spéciale interministérielle sur la lutte contre la traite des personnes (Département du travail des États-Unis, 2021).

En établissant ces politiques, les organismes d’exécution de la loi criminelle ont pu signaler quatorze violations de l’exploitation sexuelle commerciale de jeunes filles, neuf rapports sur des enfants soumis au travail forcé, quinze survivants à l’exploitation et quatorze cas de traite des enfants, dont huit survivants étaient âgés de moins de dix-huit ans (Département du travail des États-Unis, 2021). 

La grossesse d’adolescentes

Au niveau régional, la Guyane a l’un des taux les plus élevés de grossesse d’adolescentes, avec 66,5 adolescentes sur 1 000 qui accouchent chaque année. Sur une période de 20 ans, entre 1997 et 2016, une adolescente sur cinq a accouché en Guyane. En 2013, inspiré par la « Safe Motherhood Initiative » déployée au Kenya, le gouvernement guyanais a mis en place des cliniques de grossesse pour adolescentes et une « Safe Motherhood Initiative », qui a été lancée par le département de la santé maternelle et infantile du Ministère de la Santé publique.

En 2018, le Ministère de la Santé publique a collaboré avec l’UNICEF pour réaliser une analyse de la situation des grossesses chez les adolescentes en Guyane afin de prévenir les grossesses adolescentes, susciter une prise de conscience par la population, élaborer des programmes d’éducation sexuelle et reproductive et améliorer les cadres juridiques (UNICEF, 2018).

Malgré ces efforts, les taux de grossesse chez les adolescentes sont élevés et peuvent être attribués à un manque d’éducation complète sur la santé sexuelle et reproductive, à la pauvreté, au manque d’accès aux contraceptifs, aux comportements sexuels à risques et non protégés, ainsi qu’à la violence et aux abus sexuels. D’autres facteurs, comme l’augmentation des taux d’abandon scolaire, la vie dans des foyers monoparentaux et la vie dans des maisons surpeuplées, contribuent davantage à ce problème (UNICEF, 2018).

Violence contre les enfants

La violence est répandue en Guyane et affecte les enfants quel que soit leur groupe ethnique, leur sexe, leur milieu socio-économique ou la zone urbaine ou rurale. Cependant, les enfants handicapés et LGBTQ sont perçus comme des cibles faciles et sont victimes de violence de manière disproportionnée. De plus, en Guyane, la violence physique est généralement considérée comme une méthode acceptable de discipline (UNICEF, 2019).

Plusieurs éléments sont à l’origine de la violence contre les enfants dans le pays. Ces catalyseurs sont typiquement liés à la pauvreté, à la faim, à l’alcoolisme et à l’abus de drogues. Ainsi, les enfants qui vivent dans des établissements d’accueil ou qui viennent des communautés vulnérables sont les plus susceptibles de subir des abus. Les abus ont tendance à avoir lieu indifféremment quels que soient les groupes ethniques ou le sexe (UNICEF, 2019).

Le châtiment corporel

En Guyane, le châtiment corporel est légal à la maison, dans les centres de soins alternatifs, dans les crèches, dans les écoles et dans les établissements pénitentiaires. En milieu scolaire, le châtiment corporel est permis en vertu de la section 9(A) de la loi de 1894 du droit pénal (infractions), qui garantit « le droit du gardien ou de l’enseignant d’un enfant d’administrer une punition raisonnable et appropriée à l’enfant ». Le châtiment corporel ne peut être administré que par le chef d’établissement, le chef d’établissement adjoint ou un enseignant principal désigné pour les bagarres et le langage grossier à l’école (End Violence Against Children, 2020). 

La punition varie pour les filles et les garçons. Pour les garçons, elle doit être administrée sur les mains ou les fesses et pour les filles, sur les mains. Elle ne peut être infligée qu’avec une canne ou une sangle d’une longueur de 24 pouces ou moins et doit être notée dans un « carnet de délits » (End Violence Against Children, 2020).

Dans son Observation finale de 2013, le Comité sur les droits de l’enfant a exhorté le gouvernement à aborder et à interdire toutes les questions liées aux châtiments corporels infligés aux enfants dans tous les contextes. La question des châtiments corporels a également suscité l’inquiétude du Comité contre la torture, du Comité des droits de l’Homme et du Comité pour l’élimination de la discrimination contre les femmes. Ces comités ont encouragé le gouvernement à interdire les châtiments corporels dans tous les contextes et à organiser des campagnes de sensibilisation (End Violence Against Children, 2020).

Justice juvénile

Malgré les préoccupations soulevées et les recommandations du Comité des droits de l’enfant en ce qui concerne les pratiques inhumaines de détermination de la peine des enfants, les jeunes de Guyane sont toujours soumis à des châtiments corporels et à des condamnations inhumaines. En vertu de la loi de 1931 sur la délinquance juvénile, l’âge minimum pour la responsabilité pénale en Guyane est de dix ans et les enfants peuvent être soumis à des peines pour adultes dès l’âge de dix-sept ans. De la même façon, en vertu de cette loi, on définit un enfant comme ayant moins de quatorze ans, un jeune comme ayant entre quatorze et seize ans et un mineur comme ayant moins de dix-sept ans (CRIN, 2010).

Pour des crimes tels que le meurtre ou l’homicide involontaire, un enfant de moins de dix-huit ans peut être jugé comme un adulte et, s’il est déclaré coupable, être condamné à la prison à vie. Pour les garçons âgés de dix-sept ans et plus, les châtiments corporels sont considérés comme une mesure adéquate, alors qu’il est strictement interdit de fustiger les filles (CRIN, 2010).

Défis environnementaux

La dégradation de l’environnement et le changement climatique ont un impact significatif sur les enfants de Guyane. Parmi les effets négatifs du changement climatique sur les enfants de Guyane, il y a notamment la filariose et le paludisme. Ces maladies sont causées par les inondations, qui laissent des mares d’eau stagnante, qui favorisent la reproduction des moustiques. Durant les périodes de sécheresse, en particulier dans les régions intérieures du pays, les niveaux d’eau restent considérablement bas en raison de la chaleur intense. Ces conditions climatiques intenses affectent l’assiduité scolaire des enfants et les écoles demeurent souvent fermées (UNICEF, 2018).

Pendant les périodes de pluies intenses ou de sécheresse, les ressources hydriques risquent d’être contaminées en raison d’un mauvais assainissement et de puits peu profonds. A cause de ces conditions extrêmes, les familles guyanaises sont poussées à se déplacer vers des zones plus sûres (UNICEF, 2018). Le changement climatique a aussi eu un impact sur la sécurité alimentaire des enfants dans les zones côtières et de l’arrière-pays de la Guyane. À cause de la sécheresse, les récoltes telles que le manioc, qui font partie du régime de base des Amérindiens, sont insuffisantes et rares (UNICEF, 2018).

Le changement climatique est également catalyseur de futurs problèmes pour les enfants. Les catastrophes naturelles et l’inaccessibilité de la nourriture, de l’eau, et des sources d’énergie forcent les enfants à agir en tant que soutien familial, ce qui leur laisse moins de temps pour aller à l’école.

Cette situation est encore aggravée lorsque les familles ont besoin des enfants pour gagner de l’argent afin de soutenir la maison, à cause des difficultés liées au climat. Les changements climatiques et les catastrophes telles que les inondations peuvent également exiger des déplacements permanents, poussant les enfants dans des abris dangereux avec des installations sanitaires inadéquates et un risque accru d’abus (UNICEF, 2018).

Écrit par Vanessa Cezarita Cordeiro

Relu en interne par Aditi Partha

Traduit par Katie McCullagh

Relu par Ania Beznia

Mis à jour le 13 novembre 2022

References:

CRIN. (2013, February 13). “Guyana: national laws.” Retrieved from Child Rights International Network, accessed on 25 October 2022. 

CRIN. (2010, December). “Inhuman sentencing of children in Guyana.” Retrieved from Child Rights International Network, accessed on 25 October 2022. 

End Violence Against Children. (2020, June). “Corporal punishment of children in Guyana.” Retrieved from End Corporal Punishment, accessed on 25 October 2022. 

Immigration and Refugee Board of Canada. (2008, August 25). “Guyana: Citizenship laws, including methods by which a person may obtain citizenship; whether dual citizenship is recognized and if so, how it is acquired; process for renouncing citizenship and related documentation; grounds for revoking citizenship.” Retrieved from Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, accessed on 12 November 2022. 

Menke, J.K., Richardson, B.C. (2022, October 18). “Guyana.” Retrieved from Encyclopaedia Britannica, accessed on 25 October 2022. 

Reyes, M., & Ramjag, L. (2021, July 13). “Improving lives through adequate sanitation in Guyana.” Retrieved from Inter-American Development Bank, accessed on 12 November 2022.  

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UNESCO. (2007). “Principles and general objectives of education in Guyana.” Retrieved from World Data on Education, accessed on 12 November 2022. 

UNHCR. (n.d). “Birth registration legal framework.” Retrieved from Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights, accessed 12 November 2022. 

US Department of Labour. (2021). “2021 Findings on the Worst Forms of Child Labour.” Retrieved from U.S Department of Labour Bureau of International Labour Affairs, accessed on 26 October 2022. 

World Bank. (2022, June 10). “Education in Guyana to be improved with US$44M World Bank Project.” Retrieved from The World Bank, accessed on 12 November 2022. 


[1]  Cet article ne vise pas à donner un compte-rendu représentatif ou complet des droits de l’enfant en Guyane. En effet, l’un des défis est le manque d’informations actualisées sur les enfants de Guyane, beaucoup n’étant pas fiables, peu représentatives, dépassées ou simplement inexistantes.