Enfants des Iles Salomon

Enfants des Iles Salomon

Concrétiser les droits de l’enfant aux Iles Salomon

 

Les îles Salomon connaissent de nombreuses difficultés qui pèsent sur leur développement. Traversé par une guerre civile dans les années 2000, le pays vit de graves problèmes économiques, notamment la pauvreté et le chômage, même si la croissance semble avoir repris récemment. A cela s’ajoute la vulnérabilité de cet archipel d’îles face aux catastrophes naturelles qui mettent en danger les populations. Dans ce contexte, la situation des enfants est loin d’être idéale et les îles Salomon se doivent de revoir leur législation afin de reconnaître les droits fondamentaux des enfants.

Carte du Respect des Droits de l'Enfant dans le monde  SALOMON

orangeIndice de Concrétisation des Droits de l’Enfant : 7,48 / 10
Niveau rouge: Situation difficile

Population : 598 mille
Pop. de 0-14 ans : 37,8 %

Espérance de vie : 67,7 ans
Mortalité des – de 5 ans : 24 ‰

Principaux problèmes rencontrés par les enfants aux Iles Salomon:

Pauvreté

Les îles Salomon constituent le pays le plus pauvre de la zone Pacifique et présentent des indicateurs de développement humain de faible niveau.

L’essentiel de l’activité économique repose sur une agriculture de subsistance, la pêche et l’exploitation de la forêt.

Seul un nombre limité de familles répond aux conditions requises pour bénéficier d’une couverture médicale et à d’autres prestations d’assurance sociale.

De même, seule une très faible proportion de la population a accès à l’électricité, à des installations sanitaires et à l’eau courante à leur domicile.

Le niveau de pauvreté est donc élevé et un très grand nombre d’enfants en subissent les conséquences.

Éducation

Le problème des îles Salomon est que l’éducation n’a pas de caractère obligatoire. Ainsi, il n’a jamais été fixé d’âge d’admission dans le primaire et d’achèvement des études primaires.

Cela explique qu’au moins 20 à 25 % des enfants en âge d’être scolarisés ne le sont pas et que 30 % environ quittent l’école avant la fin du cycle d’études primaires. Du fait de ce taux d’abandon élevé dans les cycles primaires et de l’absence d’un âge minimum d’accès à l’emploi, des enfants se retrouvent dans des situations d’exploitation par le travail intolérables.

Aux îles Salomon, le nombre de filles scolarisées dans le primaire demeure inférieur au nombre de garçons scolarisés. Dans l’enseignement secondaire, les filles sont clairement sous-représentées.

La qualité de l’enseignement est aussi critiquée car les professeurs qualifiés sont rares et il existe des écarts importants entre les différentes îles en ce qui concerne la qualité de l’éducation et le nombre d’enfants scolarisés.

Santé

En 2010, le taux de mortalité des moins de 5 ans s’élevait à 27 %. Ce chiffre est élevé, même si des progrès ont été réalisés puisqu’en 1990, le taux de mortalité des moins de 5 ans atteignait les 45%.

La malnutrition est aussi un problème récurrent, environ 12% des enfants de moins de 5 ans sont en sous poids.

Par manque de ressources financières, un certain nombre d’hôpitaux ont dû fermer et la protection et l’accès aux soins ne sont pas pleinement assurés pour les enfants.

Les adolescents quant à eux demeurent extrêmement exposés aux maladies sexuellement transmissibles et les filles ne sont pas protégées contre le risque de grossesse. Il n’existe aucune politique ou stratégie visant à résoudre les problèmes de santé, y compris de santé mentale, des adolescents.
De plus, l’abus de tabac, d’alcool et de substances nocives est un phénomène répandu chez les jeunes.

Justice

L’âge minimum de la responsabilité pénale est actuellement fixé à 8 ans.
Le Comité des Droits de l’Enfant juge cet âge beaucoup trop bas et recommande aux îles Salomon d’aligner l’âge minimal de la responsabilité pénale sur les normes internationalement acceptées en la matière et de veiller à ce que tous les enfants, jusqu’à l’âge de 18 ans, puissent bénéficier de la protection de la justice pour mineurs.

En effet, il n’existe toujours pas de locaux de détention séparés pour les mineurs délinquants qui peuvent donc se voir incarcérés avec des adultes.

Par ailleurs, la police a pour pratique d’envoyer des enfants ou des adolescents, avant leur inculpation, en détention provisoire à la prison centrale de Rove où des condamnés sont également détenus.

Travail des enfants

L’âge minimum d’admission à l’emploi est jugé trop bas puisqu’il est possible de travailler dès 12 ans.

De nombreux enfants de moins de 15 ans travaillent, souvent dans de très mauvaises conditions et pendant de longues heures. Cette pratique étant répandue, de nombreux enfants ne vont pas à l’école.

C’est notamment pour surmonter l’extrême pauvreté que beaucoup de parents et de familles font travailler leurs enfants, comme en atteste le grand nombre de jeunes filles travaillant comme domestiques, parfois au sein de la famille élargie.

D’après les estimations de l’OIT, le travail des enfants toucherait 24% des enfants ayant entre 10 à 14 ans.

Le travail des enfants, notamment sous ses pires formes, représente donc un problème majeur dans les Îles Salomon.

Exploitation sexuelle et traite des enfants

Des enfants des deux sexes sont exposés à la prostitution en raison de difficultés économiques.

Aucune orientation n’est donnée à la police sur son rôle dans ce domaine et il n’existe pas d’institution œuvrant en faveur de la réadaptation des enfants victimes.
Il existe très peu de données sur le nombre d’enfants exploités.

Discrimination

Les femmes et les filles continuent d’être fréquemment victimes de discrimination.

Nous avons notamment vu que les filles sont sous-représentées à l’école.

Les femmes, elles, sont perçues comme inférieures à l’homme. Peu sont celles qui travaillent car on ne veut pas leur octroyer trop de responsabilités

Par ailleurs, le principe de non-discrimination n’est pas suffisamment appliqué dans le cas des enfants de certaines minorités ethniques et des ménages économiquement défavorisés, des enfants vivant dans des îles éloignées, des enfants nés hors mariage et des enfants handicapés, en particulier pour ce qui est de leur accès à des structures médicales et scolaires adéquates.

Maltraitance et abus sexuels

Les châtiments corporels sont largement pratiqués dans la famille, à l’école et dans d’autres institutions telles que les prisons et dans le cadre des structures de protection de remplacement.

Des lois du pays autorisent ces pratiques et le Comité des Droits de l’Enfant en demande la suppression.

Il n’est toujours pas obligatoire de signaler les cas de maltraitance et il n’existe aucune procédure pour porter plainte ni de structure d’accueil des enfants maltraités ou de service pour répondre à leurs besoins.

Le nombre de cas de violence domestique rapportés est également préoccupant.

De nombreuses femmes subiraient des violences sexuelles ou physiques au sein de leur famille proche ou élargie et les auteurs de ces violences resteraient impunis. Ces actes de violence à l’égard de la mère ou d’autres membres de la famille ont fréquemment lieu en présence des enfants.

L’UNICEF a rapporté que 37% des femmes ont déclaré avoir été abusées quand elles avaient moins de 15 ans.

Dans très peu de cas, les auteurs de violences physiques et sexuelles sont effectivement arrêtés par la police ou traduits en justice.

Enfants des rues

Des enfants sont forcés de vivre dans la rue où ils sont notamment exposés à des sévices sexuels et à des violences, y compris de la part de la police.

Ils sont aussi les premières victimes d’exploitation et sont touchés par la toxicomanie, les maladies sexuellement transmissibles et la malnutrition.

Pratiques culturelles

Il existe dans certains pays des pratiques culturelles contraires à l’intérêt de l’enfant et c’est notamment le cas dans les îles Salomon.

L’âge du mariage est en effet trop bas puisqu’il est possible de se marier dès 15 ans.

De plus, dans la mesure où aucun document de naissance ni aucun autre document officiel n’est requis pour un mariage, celui-ci peut être célébré sur simple détermination de l’âge du requérant d’après son aspect physique.

Lors de mariages de mineurs, c’est le consentement du père qui est privilégié, ce qui renforce l’idée déjà présente dans ces îles que le père est le chef de la maison et que la mère n’a pas son mot à dire.

Aux îles Salomon, 3% des enfants sont mariés à 15 ans, 22% à 18 ans.

Une autre pratique pose problème : la violence des maris envers leurs femmes semble être acceptée dans le pays. Lors d’une enquête auprès d’adolescents âgés de 15 à 19 ans des îles Salomon, plus de 70% pensent qu’un mari est en droit de frapper sa femme dans certaines circonstances.