La ségrégation scolaire des enfants Roms: la discrimination à l’école en Hongrie

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La communauté Rom est la minorité ethnique la plus présente en Europe. En Europe centrale et Europe de l’est, cette communauté fait face à des préjugés profondément enracinés, et à une discrimination particulièrement répandue dans la vie de tous les jours, s’agissant du logement, des services sociaux, en passant par les services de santé, l’emploi ou encore l’éducation.
Dans le domaine de l’éducation, les enfants Roms sont victimes de ségrégation.

Qu’est-ce qui attend les enfants hongrois issus de la communauté Rom pour cette nouvelle rentrée scolaire ?

Qu’est ce que la ségrégation scolaire ?

Alors qu’à travers l’Europe les enfants retrouvent les bancs de l’école, les enfants Roms d’Europe centrale font faces à différentes shutterstock_356921618formes de ségrégation scolaire. La première d’entre elles est la ségrégation intra-scolaire, dans laquelle les enfants Roms vont dans une école ordinaire mais sont placés dans des classes à part de leurs autres camarades. La seconde est la ségrégation inter-scolaire : les enfants Roms sont placés dans des écoles qui leur sont réservées, ou bien dans des écoles dédiées aux enfants handicapés. Cette forme de ségrégation survient soit à cause de la localisation de l’école proche de camps ou de quartiers de Roms, ou bien à cause du test biaisé des élèves avant leur entrée à l’école primaire conduisant à diagnostiquer à tort les enfants Roms comme étant handicapés mentaux. Ils sont alors placés dans des écoles de rattrapage ou des écoles spécialisées avec un programme différent.

Cette discrimination envers les enfants Roms intervient de manière disproportionnée en Hongrie, où 45 % des enfants Roms scolarisés sont placés dans des écoles ou classes ségréguées (Rorke, 2016).

Qu’est-ce-que cela signifie pour les enfants Roms ?

Cette ségrégation engendre plusieurs conséquences. Les enfants Roms peuvent être découragés à poursuivre des études secondaires ou supérieures, ou bien ne pas requérir un niveau suffisant.shutterstock_308745359
De surcroît, ils sont stigmatisés, et cette séparation peut entraver leur intégration et perpétuer les stéréotypes et le racisme. Un accès égal à l’éducation leur donnerait des opportunités de travail et les aiderait à se sortir de la pauvreté, mais également favoriserait leur inclusion et leur participation à la société en général.

Du point de vue de la société en général, des classes hétérogènes pourraient également bénéficier aux autres enfants et améliorer les performances de chacun. Les contacts entre enfants favorisés et enfants défavorisés favoriseraient le savoir-vivre des deux côtés, leur apprendraient l’empathie et la tolérance, et créeraient une atmosphère en classe où les enfants peuvent apprendre les uns des autres. Plus tard, l’inclusion de la main d’oeuvre Rom est également importante pour l’économie du pays.

La CEDH contre la ségrégation des enfants Roms

La Hongrie avait pourtant été mise en garde par le passé: modifier sa politique pour assurer aux enfants Roms l’égal accès à l’éducation devait être une priorité. En 2013, la Cour Européenne des Droits shutterstock_307415057de l’Homme a, dans l’arrêt Horvath and Kiss v. Hungary, dénoncé la situation de discrimination dans laquelle deux jeunes hommes ont été placés, au motif de leur appartenance à la communauté Rom, dans une école pour handicapés mentaux. Ce placement a été reconnu comme une violation de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (Horváth and Kiss v. Hungary, 2013).

Un appel a donc été lancé par la CEDH à la Hongrie dans le but de remédier et de prévenir ces pratiques administratives sources de discrimination des enfants Roms. La Hongrie devrait modifier ses tests d’entrée à l’école primaire, ainsi qu’apporter des garanties pour lutter contre la ségrégation, les diagnostics erronés ainsi que les mauvais placements.

En 2015, il a toutefois été souligné que la Hongrie n’avait toujours pas exécuté le jugement. Malgré quelques changements, les persécutions et la discrimination à l’égard à des enfants Roms persistent à ce jour (CCF & ERRC, 2015).

La Commission Européenne alerte la Hongrie

En mai 2016, la Commission Européenne a lancé une procédure d’infraction à l’encontre de la Hongrie. En effet, la Commission exige la fin des discriminations à l’égard de ces enfants Roms au sein du système éducatif, en vertu de la directive de l’UE sur l’égalité raciale qui interdit la discrimination à l’école basée sur des critères de race ou d’ethnicité.

Néanmoins, combien d’enfants Roms peuvent espérer bénéficier d’un meilleur futur lorsqu’on constate le manque d’implication du gouvernement Hongrois?

 

Ecrit par : Salomé Guibreteau
Traduit par : Emilie Walczak
Relu par : Myriam Allory

Sources

CCF & ERRC. (2015, November 30). Rule 9 Communication from the Chance for Children Foundation (CFCF) and the European Roma Rights Centre (ERRC) in the Case of Horváth and Kiss Against Hungary (Application No. 11146/11) under Rule 9.2 of the Rules of the Committee of Ministers. Consulté le 13 Septembre 2016, sur Council of Europe, para. 2

Council Directive 2000/43/EC of 29 June 2000 Implementing the Principle of Equal Treatment Between Persons Irrespective of Racial or Ethnic Origin. [2000] Journal Officiel L 180 , 19/07/2000 P. 0022 – 0026

Horváth et Kiss v. Hungary, 11146/11 (Cour Européenne des Droits de l’Homme, 29 avril 2013)

Rorke, B. (2016, May 30). Segregation in Hungary: The Long Road to Infringement. Consulté le 13 Septembre 2016, sur European Roma Rights Centre