Enfants du Mozambique

Concrétiser les droits de l’enfant au Mozambique

La population du Mozambique est très jeune, plus de la moitié des habitants sont des enfants de moins de 18 ans. Compte tenu de la situation de pauvreté du pays, les enfants mozambicains vivent dans des conditions extrêmement précaires et sont menacés par de nombreux fléaux, comme le mariage précoce, le travail des enfants, le trafic sexuel, la pauvreté, etc.

Indice des Droits de l’Enfant: 5,85 / 10
Niveau noir : Situation très grave.

Population : 29,4 millions
Pop. de 0 à 14 ans : 45 %

Espérance de vie : 59 ans
Mortalité des moins de 5 ans: 71 ‰

Le Mozambique en un coup d’oeil

Le Mozambique, ou officiellement la République du Mozambique, est un pays du sud-est de l’Afrique bordé par l’Océan Indien, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Malawi et le Zimbabwe. La position géographique avantageuse du Mozambique lui a permis de jouer un rôle important dans l’économie maritime de l’Océan Indien.

Bien que ces avantages naturels soient profitables pour certains aspects, la population du Mozambique (près de 29,5 millions de personne en 2018) n’a pas pu en bénéficier ; en effet, l’histoire récente turbulente du Mozambique n’a pas permis le développement stable d’une économie diversifiée. Avant leur indépendance du Portugal, obtenue en 1975, le Mozambique fournissait des ressources minérales et agricoles à ses colonisateurs ; ensuite, le pays a connu des gouvernements marxistes et communistes soutenus par l’Union Soviétique et par Cuba, et a combattu les forces anticommunistes financées par l’Afrique du Sud.

Le Mozambique et l’Afrique du Sud ont eu des relations fortes au sein de la coopération économique et des investissements menés depuis la période entre la Première et la Seconde Guerre Mondiale ; les actions violentes perpétrées par les gouvernements communistes ont provoqué au déplacement de quatre millions de civils et à la mort d’un million supplémentaire à cause des violences, de la famine et des épidémies.

Bien que le conflit physique se soit arrêté en 1992, ses effets se poursuivent : au début du 21ème siècle, il restait toujours dans le pays un million de mines terrestres non explosées. Ce n’est qu’en 2015 que le gouvernement a pu annoncer ne plus avoir de mines actives sur son territoire. Le Mozambique, en raison de son histoire politique, a été classé en 2018 comme l’une des nations les plus pauvres d’Afrique, avec un PIB par habitant de 1 250 et une croissance du PIB annuel de 3,70%. Cependant, le pays est sur la voie du changement : la découverte des poches de gaz sur la côte en 2011 permet d’espérer que la situation économique du pays s’améliore.

Le gouvernement reçoit l’aide des Nations Unies, notamment via leur Programme de Développement, afin de lutter contre la pauvreté et d’intégrer les Objectifs du Développement Durable. Ce programme prévoit également un soutien technique et organisationnel au Ministère de l’Économie et des Finances, via un projet renforçant les compétences du gouvernement. Les Nations Unies aident le Mozambique à réaliser leur agenda 2030 ; toutefois, bien que le pays fasse des efforts et que des choses s’améliorent, les droits des enfants y sont toujours largement menacés.

Statut des droits des enfants

Le Mozambique compte une très grande proportion d’enfant, 52% de la population étant âgée de moins de 18 ans (sur une population totale de 30 745 521 personnes). 23% des habitants sont des adolescents âgés de 10 à 19 ans ; l’âge moyen du pays est de 17,2 ans, ce qui démontre à quel point le Mozambique est considérablement peuplé de (très) jeunes gens.

En considérant la pauvreté qui caractérise le pays, les enfants mozambicains se trouvent dans des conditions terribles et 48% d’entre eux vivent dans une pauvreté absolue. 2 millions d’enfants vivent sans leurs parents. Ces conditions déjà misérables sont par ailleurs encore plus profondément affectées par la situation économique générale du pays et par son passé historique ; nous devons adopter une analyse holistique de la situation de ces enfants, en prenant en considération la pauvreté multidimensionnelle à laquelle ils font face, à savoir la manière dont les différentes causes de pauvreté touchent les enfants de plusieurs façons.

En 2007, le Mozambique a créé le Conseil National des Enfants ainsi qu’un Parlement d’Enfants, qui permet aux enfants de réfléchir à leurs propres droits ; il a validé plusieurs lois telles que la Loi sur la Promotion et la Protection des Droits de l’Enfants et la Loi sur la Prévention et la Lutte au Trafic d’Êtres Humains, mais sans nécessairement avoir les ressources pour les soutenir et rendre effectives. Le gouvernement a fait preuve d’efforts en direction des droits des enfants, mais ce n’est pas assez et cette insuffisance dépend beaucoup du manque de ressources.

Pour comprendre la situation des enfants il est nécessaire de retracer le développement de l’enfant jusqu’à l’âge de 18 ans.

Dès le départ, au Mozambique, l’enfant est en danger : les femmes au Mozambique sont souvent affaiblies par la malnutrition, 70% des femmes enceintes sont d’ailleurs anémiées et donnent ainsi naissance à des bébés de faible poids. Bien qu’elle ait diminué, la mortalité maternelle et mortalité infantile est toujours élevée, avec respectivement 408 décès pour 100 000 naissances de bébés vivants et 124 décès pour 1 000 naissances chez les nouveau-nés. Plus de la moitié des femmes du pays (58%) est infectée par le VIH, et une très petite fraction d’entre elles seulement reçoit un traitement pour réduire le risque de transmettre la maladie ; ainsi, beaucoup d’enfants se retrouvent désavantagés avant même leur naissance.

Ensuite, quand ils atteignent l’âge d’un an, ils font encore face aux maladies telles que la malaria, les infections respiratoires et la dysenterie, des maladies encore fatales pour les enfants de moins de 5 ans, évitables et traitables, si ce n’est à cause du manque de ressources du Mozambique. Les diarrhées sont une cause importante de mortalité infantile, et sont déclenchées par le manque d’accès à une eau propre et potable, situation très diffuse à travers le pays. Pour ce qui est de l’alimentation, 41% des enfants du Mozambique sont chroniquement mal nourris, ce qui aggrave encore le cas de ceux nés des mères anémiées. Deux tiers des enfants âgés de 6 mois à moins de 5 ans sont déficients en vitamine A, ce qui les met en danger eu égard des maladies infectieuses.

Pour ce qui est de l’éducation, environ 1,2 millions d’enfants sont déscolarisés, et cela touche surtout les filles. L’accès aux écoles est particulièrement réduit dans les zones rurales. Les abus physiques et sexuels se produisent par ailleurs aussi dans les écoles, surtout pour certaines élèves à qui les enseignants masculins demandent des rapports sexuels. Le Mozambique a amélioré son système éducatif par l’abolition de frais de scolarité, la mise à disposition de manuels gratuits et un investissement dans la construction de salles de classe, mais beaucoup de changements sont encore nécessaires dans les écoles pour en faire des lieux d’apprentissage appropriés pour les enfants.

Aujourd’hui, beaucoup plus d’enfants vont à l’école primaire qu’auparavant, puisqu’ils étaient 32% en 1992 et sont désormais 83%, et le Mozambique s’est indéniablement amélioré sur le versant de la scolarisation. Cependant, la qualité de l’enseignement proposé reste discutable : il y a trop d’enfants pour le nombre d’enseignants disponibles, et ces enseignants n’ont en général pas l’expérience et la formation nécessaires pour les instruire.

La pauvreté économique du Mozambique se reflète dans le système éducatif, où les inégalités basées sur la situation géographique, le genre et la pauvreté de la famille de l’enfant persistent. Les enseignants sont peu nombreux, les enfants le sont trop, et encore certains n’ont même pas accès à cette école aux enseignants insuffisamment compétents. Ces conditions mènent beaucoup d’enfants à quitter l’école avant la fin de leur scolarité, ce qui les conduit très souvent à travailler, activité inadaptée aux enfants. Le pourcentage du travail des enfants au pays est de 22%.

Les adolescents (entre 10 à 19 ans) sont eux-aussi hautement désavantagés. Représentant plus de 20% de la population totale, ils souffrent souvent de voir leurs droits non complètement respectés. À cause des conditions de pauvreté mentionnées plus haut, les adolescents doivent faire face à de taux élevés de VIH/SIDA et à des occasions d’éducation et formation limitées, ce qui complique leur quotidien. L’accès à l’école secondaire est difficile et souvent impossible pour les enfants non issus des milieux urbains, car il n’existe pas assez d’écoles secondaires dans le pays. Les lycées sont évidemment encore plus rares.

Le nombre d’enfants exclus de l’école au Mozambique est globalement estimé à 1,2 millions ; les conditions pour être scolarisés sont également empreintes de discrimination de genre, les filles quittant l’école à cause de la pression culturelle, des soins à donner aux jeunes frères et sœurs ou à des parents malades, voire de leur mariage : le mariage d’enfant est également un problème important au Mozambique, où 48% des enfants sont mariés avant leurs 18 ans.

Les adolescents du pays manquent également d’éducation sexuelle, notamment au sujet de la prévention contre le VIH, ce qui cause des infections qui pourraient être aisément évitées. 200 000 enfants y vivent avec le VIH, et seulement 38% d’entre eux et âgés de moins de 15 ans reçoivent un traitement. Bien que tout cela détériore fortement leurs conditions de vie, les adolescents sont aussi capables de trouver collectivement des solutions et d’exprimer leurs préoccupations, grâce aux médias, aux groupes de jeunes ou encore au théâtre communautaire.

Barrières éducatives pour les enfants atteints d’albinisme au Mozambique

Cette problématique est surtout très importante dans la province de Tete et à Maputo. Beaucoup d’enfants y sont souvent victimes d’une discrimination qui les stigmatise et mène jusqu’à l’exclusion de l’école, de la communauté et parfois de leurs propres familles. La Human Right Watch a conduit beaucoup d’entretiens et rencontré des enfants vivant avec l’albinisme ainsi que des fonctionnaires sur place, pour rappeler les politiques et la législation nationale et internationale en place en 2019.

La menace pour ces enfants a été particulièrement élevée en 2014, avec une montée des violences mais aussi des enlèvements et du trafic, dont les raisons prennent racine dans une croyance à la sorcellerie : on croit que certaines parties du corps des personnes albinos peuvent apporter richesse et chance. À cause de la peur installée par leurs pairs, certains enfants souffrant d’albinisme ne vont pas à l’école et travaillent souvent dans les champs, ce qui est souvent une terrible alternative puisqu’ils sont particulièrement sensibles à la lumière du soleil.

Les enfants albinos peuvent aussi souffrir d’une une mauvaise vision, ce qui rend difficile pour eux de suivre les cours ; ils sont parfois harcelés, notamment dans les écoles. Le gouvernement ne fait pas grand-chose pour améliorer la situation ; or, il y a urgence pour dissiper les mythes mortels autours de l’albinisme et pour garantir que tous les enseignants du système éducatif public soient sensibilisés aux besoins de ces enfants. Certaines actions pour éradiquer la violence contre les personnes vivant avec l’albinisme, suivant les recommandations exposées par le Plan d’Action Régional sur l’Albinisme en Afrique (puisque c’est un problème commun à tout le continent), ont bien été adoptées, mais la société dans son ensemble n’est pas assez informée et le gouvernement doit pouvoir garantir la protection, la sécurité et la non-discrimination pour chacun.

Disparités entre l’environnement urbain et rural

Une étude de l’UNICEF de 2019 sur la pauvreté au Mozambique montre que 81% des enfants y sont démunis d’au moins deux des catégories suivantes : la famille, la nutrition, l’éducation, le travail d’enfant, la santé, l’hygiène, la vie sociale et le logement. L’étude constate plus spécifiquement que les taux de privation sont particulièrement hauts dans les zones rurales et dans les provinces de Niassa, Zambezia et Cabo Delgado.

Les enfants qui vivent dans des zones rurales habitent dans des maisons où les parents ou les tuteurs sont plus souvent peu instruits et dont l’activité principale est l’agriculture. Les enfants seront ainsi probablement moins scolarisés, et échoueront dans le cycle sans fin de la pauvreté. D’autres facteurs désavantageant les enfants ruraux sont la présence de sources d’eau peu ou pas sûres, un système sanitaire défaillant, un manque d’information générale et de moyens de communication, l’absence d’électricité, la diffusion du travail des enfants et la malnutrition. L’environnement urbain permet ainsi un meilleur accès à la santé, les filles s’y marient plus tard que les filles des zones rurales et, dans une moindre mesure, les grossesses des mères adolescentes y sont moins fréquentes.

Catastrophes naturelles

Au Mozambique, la population doit également faire face à des catastrophes naturelles qui aggravent leur contexte de pauvreté : les inondations (fluviales, urbaines, côtières), la chaleur extrême et les feux de forêt, les tremblements de terre et la rareté d’eau font que les gens soient soumis à une grande détresse, à la destruction de leurs maisons, un perte d’eau potable, une pauvreté accentuée au niveau individuel et un risque d’épidémie pour tous, aux menaces causées par une nourriture de mauvaise qualité voire par la famine. La malaria, répandue par l’eau, s’étend plus facilement lors de ces événements.

Le pays a été récemment touché par les cyclones Idai et Kenneth, en 2019, et par des inondations en 2000 qui ont largement aggravé les conditions sanitaires sur place. L’UNICEF a travaillé dans la région afin de pallier aux problèmes des enfants et de fournir des vaccins, mais l’absence d’un réseau de distribution d’eau fiable est un problème de fond, encore plus dramatique dans les zones rurales. Les catastrophes naturelles ont ainsi ajouté à la difficulté d’accès aux droits de l’homme de plusieurs Mozambicains ; certains survivants du cyclone Idai ont été forcés à avoir des rapports sexuels avec les chefs des communautés en échange de nourriture, comme le souligne la Human Right Watch, et le gouvernement n’est pas suffisamment intervenu pour punir ces abus.

Le droit à la santé

Les enfants du Mozambique sont exposés à la malnutrition, à la malaria, au choléra et à la dysenterie. La malaria, ou paludisme, est mortelle et affecte beaucoup d’enfants : 30% des morts chez les enfants de 7 ans sont attribuées à la malaria. Le VIH/SIDA affecte lui aussi beaucoup de personnes, avec 1,5 millions d’infectés déclarés. Cette situation est elle-aussi plus grave encore dans les zones rurales, où l’accès aux hôpitaux et aux centres de santé est plus difficile.

Environ 30% de la population n’a pas les moyens de se faire soigner et seulement 50% des habitants ruraux ont accès à un niveau « acceptable » de soins. Au niveau national, le taux de soignants est de 3 médecins pour 100 000 personnes, et les dispositifs mis en place pour y avoir accès sont inefficaces. Bien évidemment, le système de santé privée offre des meilleures alternatives de soin, mais n’est accessible qu’à la portion la plus riche de la société, et les hôpitaux privés ne sont présents que dans certaines villes. Le gouvernement du Mozambique ne fournit pas les services nécessaires à la population, et le pays doit souvent faire appel à une aide externe venue d’autres pays.

Le droit à l’eau

Seulement la moitié des Mozambicains a accès à un réseau de distribution d’eau potable. Même si la situation s’est améliorée depuis les années 1990, ce réseau est encore bien trop inefficace et l’est surtout dans les zones rurales, avec seulement 1 personne sur 5 utilisant l’eau de surface pour source d’eau potable majeure : 76% de la population n’a pas ou n’utilise pas d’équipement sanitaire convenable.

Les différences entre l’univers rural et l’univers urbain existent également à plus large échelle, et notamment entre les provinces du nord et du sud du pays, ce dernier étant le plus affecté ; le changement climatique et les catastrophes naturelles aggravent souvent la dangerosité et la rareté de l’eau, infligeant des risques sanitaires accrus notamment aux enfants, qui sont à plus haut risque pour les maladies diarrhéiques, l’une des principales causes de mortalité infantile.

Les enfants touchés par le handicap sont eux-aussi fortement dépourvus d’une distribution d’eau adéquate. Un autre groupe fortement affecté par ce problème est celui des femmes et des jeunes filles, menacées d’agression sexuelle en raison du manque de toilettes. L’UNICEF qui travaille dans la région essaye d’améliorer les systèmes de distribution d’eau et leur accessibilité, mais sans pouvoir répondre à tous les besoins sur place : le gouvernement mozambicain doit agir. Les communautés devraient le faire aussi, afin de contribuer à apporter l’eau à ceux qui en ont besoin.

Le droit à l’alimentation

Le Mozambique est aussi touché par la malnutrition chronique, qui a un impact sur les performances scolaires, les revenus des ménages et la possibilité de sortir de la spirale infernale de la pauvreté. Là aussi, cela est surtout dramatiques dans certaines régions : Nampula, Cabo Delgado, Niassa, Zambézia. Il y a beaucoup de raisons qui l’explique, la première étant que beaucoup de Mozambicains dépendent de l’agriculture pour leur alimentation et que sécheresses et inondations nuisent à cet équilibre.

Un autre problème est celui de l’alimentation des jeunes enfants, puisque seulement 13% des bébés âgés entre 6 et 23 mois reçoivent la quantité minimale de nourriture nécessaire à leur développement ; beaucoup de mères étant extrêmement anémiées, cela condamne beaucoup d’enfants avant même qu’ils ne soient nés.

Le mariage des enfants, les grossesses chez les adolescentes, et la stigmatisation

Le mariage des enfants touche beaucoup de filles au Mozambique : 48% d’entre elles sont mariées avant leur 18ème anniversaire, et 14% avant l’âge de 15 ans. Le Mozambique a le plus haut taux de mariage d’enfants d’Afrique et le 15ème plus haut taux d’enfant mariées du monde, soit 649 000 jeunes filles selon l’association Girls Not Brides. Le mariage d’une enfant l’éloigne de l’école, la condamnant à une vie de pauvreté et l’expose aux abus physique et sexuel. Il est surtout causé par l’inégalité entre les genres, la pauvreté, les normes de genre et les grossesses précoces, comme le reporte toujours Girls Not Brides.

Dans les zones urbaines 5,9% des filles ont des grossesses avant 15 ans, alors que dans les zones rurales elles sont 9% ; avant leurs 18 ans, 33,2% des filles auront eu une ou plusieurs grossesses en zone urbaine, alors qu’elles seront 44,4% dans les zones rurales. Beaucoup de ces grossesses sont associées au mariage des enfants, bien qu’il y ait eu une augmentation des grossesses se produisant hors mariage. Ces données sont alarmantes, mais le Mozambique est l’un des 20 pays engagés pour la fin du mariage des enfants d’ici la fin de 2020, et les progrès sont déjà visibles puisqu’une loi l’interdisant pour les mineurs de 18 ans a été votée à l’unanimité.

Cette loi n’attend plus que la signature du Président Filipe Nyusi, qui devrait intervenir très prochainement. Cette proposition d’abolition a été initiée par la Révision Périodique Universelle de 2016, dans laquelle le Mozambique a soutenu la recommandation d’établir l’âge minimal du mariage à 18 ans. En plus des lois au sujet du mariage des enfants, le gouvernement doit également prendre des mesures pour faire respecter un nouveau programme d’éducation du Mozambique qui prenne en compte tous les besoins éducatifs de toutes les filles, y compris enceintes, mariées et jeunes mères.

Il y a toujours beaucoup de travail à faire dans cette région. Il y a aussi beaucoup de préjugés à combattre au sujet du mariage des enfants et des grossesses chez les adolescentes, notamment dus aux cultures locales et aux traditions transmises et soutenues par les institutions communautaires, les chefs religieux et les chefs d’opinion. Il est alors encore plus difficile de garantir le respect des droits de l’homme à ces femmes.

Il faut aussi prendre en compte la stigmatisation liée au VIH et au SIDA : comme le montrent les rapports, beaucoup de femmes sont mises à la porte de leurs maisons et répudiées par leurs maris parce que séropositives. Le gouvernement doit mettre en œuvre des campagnes d’information qui puissent éradiquer l’idée de sorcellerie associée au VIH, idée qui induirait celle que les femmes séropositives auraient pour but de tuer leurs maris.

Les droits des LGBTQ

Le Mozambique est l’un des rares pays du continent africain qui rejette les lois condamnant l’homosexualité, et il est donc pris en exemple pour la défense des droits des LGBT. L’expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, mandaté par les Nations Unies, a mis en valeur la manière dont le Mozambique a relativement protégé les personnes LGBT de la violence qu’elles peuvent connaître dans d’autres pays africains.

Cependant, l’acceptation de cette différence est dans les faits assez limitée : la communauté LGBT est appelée à « cacher sa vraie nature ». Le Mozambique ne possède donc pas dans les faits de lois sur les droits des LGBT acceptables au niveau international. Leur exclusion a mené à leur marginalisation ; il est important de rappeler que l’absence de violence et de discrimination officielles n’implique pas l’absence d’autres formes de marginalisation. L’État se doit de mettre en place des lois spécifiques pour protéger les droits des personnes LGBT sur tout le territoire national.

Le travail des enfants et le trafic sexuel

La question du travail des enfants au Mozambique avance à petits pas ; le gouvernement a accompli certains efforts pour abolir les pires formes de travail des enfants, à savoir le trafic sexuel, et l’amendement de la Loi sur le Système National d’Éducation a établi la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans, définissant également cet âge comme le seuil minimal pour pouvoir travailler et abolissant ainsi le travail des enfants dès 12 ans comme précédemment. Il y a également eu des améliorations concernant la formation des forces de l’ordre, y compris avec des rencontres menées par des journalistes, afin d’améliorer la capacité du gouvernement à poursuivre les cas de trafic d’êtres humains.

Bien que ces changements puissent sembler idéaux sur le papier, les enfants du Mozambique restent enrôlés dans des formes de travail infantil abusives, comme le travail domestique forcé ou les activités dangereuses dans la production de tabac. Les inspecteurs chargés du contrôle ne sont pas suffisamment formés et le gouvernement n’a pas les ressources pour améliorer la situation ; ainsi, 22,5% des enfants entre 5 et 14 ans travaillent, 69,5% d’entre eux vont à l’école et 22,4% combinent les deux activités à la fois.

Les enfants qui travaillent au Mozambique se retrouvent essentiellement dans les secteurs agricoles, industriels, tertiaires, mais aussi dans les pires des situations, à savoir l’exploitation commerciale du sexe (parfois à la suite d’un trafic d’êtres humains), le travail forcé dans l’agriculture, l’exploitation minière, le commerce (là aussi parfois suite à du trafic) et les activités illicites telles que le trafic de drogue.

Le gouvernement, conscient de ces statistiques, a proposé des actions politiques pour combattre le travail des enfants, et notamment un Plan d’Action National pour Combattre les Pires Formes de Travail des Enfants (2017-2022) dont l’objectif est d’éradiquer 70% de ces abus par région et par activité, et d’en sortir ainsi 20 000 enfants pour les inscrire au programme Basic Social Subsidy – un dispositif gouvernemental et financé par des donateurs, qui soutient financièrement les enfants orphelins et œuvre à une plus grande assiduité à l’école secondaire.

Il existe aussi des programmes, pour certains financés par des ONG, qui visent à éradiquer la maltraitance des enfants liée au travail forcé et à l’exploitation sexuelle. Il reste beaucoup à faire, et une coopération plus grande est nécessaire entre les différents organismes chargés de l’application de la loi sur le travail.

Le trafic d’enfants pour l’exploitation sexuelle et pour le travail forcé est donc un problème grave au Mozambique ; beaucoup des victimes traversent le Zimbabwe et atterrissent en Afrique du Sud, devenue l’une des grandes destinations du trafic. Beaucoup d’enfants réfugiés mozambicains ont travaillé dans des fermes avec une petite rétribution en retour, certains autres, et particulièrement des jeunes filles, ont été victimes du trafic uniquement en vue d’une prostitution forcée voire de trafic d’organes. C’est un phénomène majeur au Mozambique, l’UNESCO ayant répertorié des nombreux cas de trafic d’enfants sur le territoire. Le gouvernement doit agir.

Le droit à la non-discrimination

La Constitution mozambicaine, rédigée en 1990 après le Jour de l’Indépendance Nationale du 25 juin 1975, met en avant le droit des citoyens à « la liberté, l’unité, la justice et le progrès ». Le gouvernement affirme que « les Mozambicains ont retrouvé leurs droits et leurs libertés fondamentaux » grâce à l’Indépendance ; il est aujourd’hui une démocratie parlementaire multipartite avec un gouvernement républicain librement élu. Pourtant, le Mozambique a commis beaucoup de violations des droits de l’homme et n’a pas les ressources nécessaires pour les éradiquer.

Les enfants n’y sont pas en sécurité, exposés comme ils le sont à beaucoup de situations dangereuses ; on constate une grande pauvreté, un accès limité à la santé et aux soins, un accès réduit à l’éducation, des nombreux cas de travail des enfants et à une grande disparité entre les milieux urbain et rural. Plusieurs rapports contredisent la Constitution, en révélant l’usage de la torture et d’autre punitions considérées cruelles, des conditions de rétention en prison ou centres de détention particulièrement difficiles, et des plaintes dénonçant le manque de liberté d’expression de la presse et des médias, la violence, le harcèlement et la censure. Le gouvernement n’applique pas ses lois de manière efficace, ce qui mène à la corruption.

Le droit à l’identité et à la nationalité

La citoyenneté au Mozambique s’obtient par la naissance sur le territoire, et il existe une obligation légale d’enregistrer la naissance d’un enfant, mais ces enregistrements ne sont pas toujours réalisés ni possibles. Les organismes qui en sont en charge sont décentralisés, et les déclarations de naissance sont retardées dans les zones rurales ; par ailleurs, certaines pratiques culturelles empêchent souvent les femmes d’exercer leur droit d’enregistrer leurs enfants sans la présence du père de ces derniers. Cela est problématique puisque les femmes, notamment dans des contextes familiaux pauvres, peuvent se retrouver à élever leurs enfants seules.

Dans les zones rurales, elles doivent parcourir des longues distances pour atteindre les bureaux de l’État Civil. Or, le manque d’enregistrement à la naissance mène à beaucoup de problématiques, telles que l’impossibilité d’être scolarisé, un accès encore plus réduit aux soins de santé et à l’enseignement secondaire, et l’impossibilité d’obtenir une carte d’identité. Un acte de naissance est une preuve d’identité et une nécessité pour l’accès à l’éducation, le vote et l’héritage. Or, les enfants sont souvent non enregistrés et donc non reconnus comme citoyens dans leur propre pays.

Certaines familles rurales ne savent même pas qu’ils doivent enregistrer leurs enfants, sans compter qu’il y a des frais liés à l’obtention d’un acte de naissance, bien qu’il n’y en ait pas pour l’enregistrement des naissances. Le fait que des gouvernements comme ceux du Canada et de Norvège aient proposé leur aide pour les enregistrements prouve une fois de plus que le Mozambique ne fait pas assez de son côté.

La protection sociale appliqué à l’enfant

Au Mozambique, le gouvernement a mis en place des programmes de protection sociale pour les enfants avec l’aide de l’UNICEF. Ceux-ci incluent la Stratégie Nationale de Protection Sociale pour l’Enfant, la Stratégie Nationale pour la Prévention et l’Abolition du Mariage des Enfants, les Règles pour les Soins Alternatifs. L’UNICEF a également apporté son soutien vie un Plan pour l’Enregistrement Civil et la Statistique de Vie. Le but de tous ces dispositifs est, pour le gouvernement, de rectifier les multiples violations des droits de l’homme, en espérant créer une approche holistique.

Beaucoup d’autres programmes sont nécessaires pour répondre aux besoins des enfants, mais le fait d’avoir une Protection Sociale spécifique pour ces derniers garantit une attention particulière du gouvernement portée aux droits de l’enfant, et l’espoir d’agir sur la pauvreté et la difficulté d’accès aux soins de santé.

Problématiques actuelles

Au Mozambique, des groupes armés de terroristes islamistes se sont développés et ont perpétré des nombreuses attaques dans la province septentrionale de Cabo Delgado. Les terroristes islamiques visent les villages et en brûlent les habitations, en forçant la population à se déplacer. Ces mouvements sont encore plus massifs lors des saisons des cyclones tropicaux. Les forces de l’ordre du Mozambique procèdent souvent à des arrestations arbitraires en réponse aux attaques, violant les droits de l’homme par ces réponses inadaptées à la menace terroriste.

Les enfants soldats

Des milliers d’enfants soldats ont été enrôlés au Mozambique pendant la Guerre Civile, entre 1977 et 1992. Le pays avait toutefois interdit tout recrutement militaire en dessous de 18 ans, moins strictement pendant les périodes de guerre ; en raison de l’absence de conflit armé actuel, il n’y a aucune preuve de l’enrôlement des mineurs, mais les enfants soldats de cette époque souffrent encore aujourd’hui des traumatismes provoqués par leur vécu militaire, ce que le gouvernement ne sait pas véritablement gérer.

Rédigé par : Leah Benque

Traduit par : Julien Bonnemayre

Relu par : Rita Di Lorenzo

Dernière mise à jour le 9 février 2020

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