Enfants de Chypre
Concrétiser les droits de l’enfant à Chypre
L’île de Chypre est située dans le bassin Levantin, c’est à dire au sein de la partie la plus à l’est de la mer méditerranée. Après la Sardaigne et la Sicile, c’est la troisième plus grande île du bassin. Elle est peuplée d’environ 1,2 millions d’habitants qui sont essentiellement divisés en deux communautés : les chypriotes grecs et les chypriotes turcs.
La République de Chypre est membre de l’ONU depuis 1960, de l’Union européenne depuis 2004 et a officiellement pour territoire toute l’île. Quand en 1974, la Grèce tente un coup d’Etat afin d’annexer l’île, la Turquie intervient militairement et occupe la partie nord. Depuis cette intervention, Chypre est divisée en deux entités séparées par la ligne de démarcation nommée « ligne verte » qui traverse entièrement la péninsule. En 1983, la partie nord proclame son indépendance en tant que République turque de Chypre du Nord. Même si seule la Turquie reconnaît cet État, la communauté internationale considérant la partie nord de l’île comme occupée, il est nécessaire pour analyser les droits des enfants de faire une distinction entre ces territoires puisque l’île est de facto divisée en deux états.
D’après des statistiques publiées par le Parlement européen en 2015, 1 enfant sur 4 risque la pauvreté à Chypre, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne européenne.
Indice de Concrétisation des Droits de l’Enfant: 8,96 / 10 Population: 1,2 millions Espérance de vie: 79,8 ans |
LA SITUATION DES DROITS DES ENFANTS
Travail des enfants
La République de Chypre a ratifié la convention numéro 138 portant sur l’âge minimum d’admission au travail. Ainsi, selon ce texte à partir de 15 ans un enfant peut travailler mais il n‘a pas le droit d’exercer un travail potentiellement nuisible pour sa santé. Or, des enfants de 11 ans travaillent après l’école et durant les vacances scolaires au sein des entreprises familiales.
L’Etat ne pouvant pas éradiquer le travail des enfants, il est nécessaire de l’encadrer afin qu’ils puissent travailler dans des conditions respectables, avec des temps de pauses, un salaire. Ainsi, le Comité des droits de l’enfant recommande au pays de ratifier la convention numéro 189 concernant la protection des travailleurs domestiques et d’accorder plus d’attention aux besoins des enfants travailleurs.
Le pays n’a toujours pas instauré de système de justice adapté aux mineurs alors que le Comité des droits de l’enfant l’exhorte à l’instituer depuis plusieurs années.
Au sein de la République chypriote du sud, l’âge minimum de la responsabilité pénale est de 14 ans. Cependant, à partir de cet âge un enfant commettant un acte grave est jugé de la même manière qu’un adulte.
La scolarisation ne débute pas au même âge dans les deux zones de l’île. Les enfants de la République de Chypre ont accès gratuitement à l’école à partir de 3 ou 4 ans alors que, pour ceux de la République turque du nord l’accès à l’éducation ne peut se faire qu’à partir de 6 à 15 ans.
Enfants réfugiés
La zone grecque prévoit la possibilité de donner le statut de réfugié. Cependant, durant la phase d’examen de la demande d’asile, les enfants sont considérés automatiquement comme des migrants illégaux. Ce statut ne leur permet pas de bénéficier de l’assistance et des soins légaux ce qui les rend plus vulnérables à la détention ou au renvoi vers le pays d’origine.
En zone turque l’acquisition du statut de réfugié n’est pas possible car le pays n’accorde pas cette possibilité.
De manière générale la santé des enfants chypriotes est très satisfaisante. Cependant la consommation de tabac et d’alcool par les jeunes est un fait préoccupant. En effet, le pays est l’un des plus gros consommateurs de cigarettes au monde dont les jeunes sont les plus grands fumeurs. La consommation d’alcool est fortement ancrée dans la culture chypriote grecque et compte les jeunes parmi ces plus importants buveurs.
Depuis 1994 la République chypriote a proscrit les châtiments corporels mais cette pratique reste socialement tolérée. Ainsi, la violence domestique, et notamment envers les jeunes filles, attire l’attention du Comité des droits de l’enfant. En effet, malgré les campagnes de sensibilisation, le taux de violence à l’encontre des enfants reste élevé. Le Comité constate également que de nombreuses victimes ne reçoivent pas de soutien spécialisé.
L’ONU ne reconnaissant pas la République turque de Chypre du nord il n’existe pas de données concernant la maltraitance des enfants uniquement dans cette zone de l’île.
Circulation routière
En République Chypriote la loi exige qu’en voiture les enfants aient un siège adapté à leur âge et soient attachés. Cependant les statistiques de la police révèlent que 60% des parents, lors des déplacements en voiture, n’attachent pas la ceinture de leur enfant. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant que Chypre a un taux d’accidents de la route élevé.