Les règles : un tabou non sans conséquences

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Si la nageuse Fu Yuanhui a fait autant sensation lors des Jeux Olympiques de Rio en évoquant ses règles en direct à la télévision, c’est bien parce que ce thème est encore très tabou dans de nombreux endroits du monde. En France, le débat sur la taxe des tampons et serviettes hygiéniques pointe un problème plus important : toutes les femmes ne peuvent s’acheter des protections afin de conserver une bonne hygiène pendant leur période de menstruation. Ainsi, alors qu’elles font partie du processus naturel du corps des femmes, les règles sont souvent synonymes de honte, ou pire, d’impureté, et peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie sociale, la santé et l’éducation des jeunes filles.

48% des jeunes filles en Iran pensent que les règles sont une maladie selon l’UNICEF

Face au tabou des règles, des jeunes filles dans le monde entier, comme par exemple en Iran, ne savent pas que les règles font partie d’un processus naturel chez toutes les femmes ; et certaines cultures et traditions accentuent la vision négative des menstruations.

Au Népal, par exemple, un rituel hindou (chhaupadi) interdit par le gouvernement (mais qui semble tout de même subsister) obligent les femmes et jeunes filles à vivre recluses et à subir de nombreuses interdictions telles qu’utiliser les sources publiques d’eau courante pendant la semaine des règles. D’autres exemples moins extrêmes existent comme celui du Malawi où les règles doivent être tenues secrètes. Les parents évitent donc intentionnellement d’aborder le sujet avec leurs filles. En Bolivie, certaines croyances interdisent aux femmes de se laver ou de jeter leurs serviettes hygiéniques à la poubelle. Enfin, en Inde certaines croyances interdisent aux femmes de toucher de la nourriture pendant cette période, car elles pourraient la « contaminer ».

Ces croyances ont de nombreuses conséquences néfastes sur les femmes et jeunes filles, la première étant la mise en danger de leur santé. En effet, une mauvaise hygiène pendant la période de menstruation augmente le risque d’infection. En plus de ces croyances, le manque d’accès à des tampons et serviettes obligent certaines femmes à utiliser d’autres matériaux plus ou moins hygiénique, comme des bouts de matelas, des feuilles, des torchons ou encore des papiers journaux.

D’après l’UNESCO, 1 femme sur 10 ne va pas à l’école pendant ses règles en Afrique

L’autre problème majeur lié aux menstruations est qu’elles favorisent la déscolarisation. UNICEF estime que c’est l’un des premiers facteurs de déscolarisation des jeunes filles dans de nombreux pays (Inde, Bénin, Kenya). Les manques d’accès aux sanitaires, de toilettes séparés ou encore d’accès à des protections adéquates à l’école s’ajoutent à la honte et la douleur des jeunes filles très souvent mal informées.

Éduquer pour briser le tabou

Les Nations unies ont décrété le 28 mai comme journée mondiale de la menstruation rappelant ainsi l’importance de la gestion de l’hygiène menstruelle. Des ONG offrent des kits avec des coupes menstruelles ou des tampons, comme l’organisation Femme International qui agit en Afrique de l’ouest. Mais la meilleure façon de réellement briser le tabou est d’apprendre aux jeunes filles à ne pas avoir honte de leurs règles. Ainsi, au Burkina Faso, le ministère de l’éducation nationale et l’UNICEF ont mis en place un projet permettant aux jeunes filles d’assister à une journée de sensibilisation à l’école, journée à laquelle les garçons ne sont pas convier afin d’éviter toute gêne.

D’autres formes d’initiatives existent, comme le jeu pour téléphone mobile pakistanais « MoHim » qui consiste à guider une petite culotte rose vers les serviettes hygiéniques en évitant les autres matériaux inadaptés comme les feuilles de journal ou d’arbre, chiffons etc. Lorsqu’un niveau est remporté une petite fenêtre dément certains mythes comme le fait qu’il ne faille pas se laver lors de la semaine de règle ou que toucher un aliment peut le rendre impropre à la consommation : une façon ludique de briser le tabou !

Ecrit par : Nolwenn Le Sayec                    Relu par: Petra Friedmann

Sources
Fonds des Nations Unies pour l’enfance, Stratégies de l’UNICEF en matière d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène pour 2006-2015, consulté le 15/11/2016

Fonds des Nations Unies pour l’enfance, WASH in Schools Empowers Girls’ Education in Rural Cochabamba, Bolivia An Assessment of Menstrual Hygiene Management in Schools, consulté le 15/11/2016

Clara Chindime pour UNICEF, 2012, Menstrual Hygiene Management in Malawian Schools, consulté en ligne le 16/11/2016
Matteo Maillard pour Le Monde, Les écolières burkinabées apprennent à ne plus avoir honte de leur règles, 2016, (consulté en ligne), consulté le 15/11/2016, disponible à : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/08/22/au-burkina-faso-les-ecolieres-apprennent-a-ne-plus-avoir-honte-de-leurs-regles_4986116_3212.html
La Dépêche, 2016, Un jeu vidéo pakistanais à l’assaut des tabous sur les règles, consulté en ligne le 16/11/2016, disponible à : http://www.ladepeche.fr/article/2016/08/31/2409612-jeu-video-pakistanais-assaut-tabous-regles.html

Charlie Vandekerkhove pour RTL, 2015, Ce que subissent les femmes à travers le monde quand elles ont leurs règles, consulté en ligne le 14/11/2016, disponible à :http://www.rtl.fr/actu/bien-etre/ce-que-subissent-les-femmes-a-travers-le-monde-quand-elles-ont-leurs-regles-7779744802