Enfants du Turkménistan

Enfants de Turkménistan

Concrétiser les droits de l’enfant au Turkménistan

 

Le Turkménistan est un des pays les plus fermés au monde. Depuis la chute de l’ex-URSS en 1991, il est devenu un régime dictatorial très strict. Le président Niazov était à la tête du pays jusqu’à sa mort. Dès son arrivée au pouvoir en 1985, il s’est donné le titre de «Turkmenbachi» (père des turkmènes) et s’est proclamé président à vie, instaurant le culte de sa personnalité aux frais de l’État et restreignant la plupart des droits et libertés de ses propres citoyens. Concernant la situation des enfants, elle est assez préoccupante.

Carte du Respect des Droits de l'Enfant dans le monde  Carte-turkmenistan

Indice de Concrétisation des Droits de l’Enfant6.97 / 10
Niveau rouge : Situation difficile

Population : 5,4 millions
Pop. de 0-14 ans : 27,5 %

Espérance de vie : 65,5 ans
Mortalité des – de 5 ans : 44 ‰

Principaux problèmes rencontrés par les enfants au Turkménistan:

Pauvreté

Au Turkménistan, environ 50% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté. Depuis l’indépendance du pays, les conditions de vie des turkmènes n’ont fait que se dégrader.

L’économie du Turkménistan dépend principalement de l’exploitation de son gaz naturel (5eme réserve la plus importante au monde) ainsi que de son pétrole. Au niveau agricole, le Turkménistan est le 10ème pays le plus important en ce qui concerne la production de coton.

Cependant, il est clair que les bénéfices retirés ne sont pas utilisés au profit de la population puisque seuls les fonctionnaires haut placés en ont le monopole.

Éducation

Réorganisation du système éducatif

Depuis que le Turkménistan est devenu indépendant, le niveau d’éducation de la population s’est considérablement détérioré.

Au Turkménistan, l’accès à l’éducation est gratuit pour tous les enfants. Cependant, les enfants venant de villages reculés n’ont souvent pas la possibilité d’aller à l’école.

Aujourd’hui, même si le système éducatif turkmène ressemble au système qui avait été instauré par l’Union Soviétique, le gouvernement a décidé d’y apporter des changements afin que les enfants puissent accéder à un meilleur niveau d’éducation. Les systèmes primaire et secondaire sont en train d’être restructurés selon les modèles occidentaux. L’alphabet arabe n’est plus le seul alphabet à être enseigné puisque l’alphabet latin a été réintroduit. Les cours sont enseignés en turkmène, en russe et en anglais.

Grâce à ces changements, le gouvernement espère que, par la suite, ces enfants deviendront des travailleurs qualifiés et donneront au pays la possibilité de se développer sur la scène internationale.

 Le ‘Rukhnama’

Dans sa réorganisation du système éducatif, l’ancien président Saparmourad Niazov, décédé en 2006, a imposé la lecture de son livre dénommé le ‘Rukhnama’ qui est, au Turkménistan, l’unique manuel scolaire. Le président considère ce livre comme étant «né dans son cœur par la volonté du Tout-Puissant». Selon lui, le peuple turkmène doit en suivre tous les principes à la lettre. Il aurait d’ailleurs été reconnu par les imams turkmènes comme l’égal du Coran, de la Bible et de la Torah.

Ce livre est devenu l’élément principal du système d’éducation du pays. Au collège comme à l’université, les élèves et étudiants doivent connaitre des passages du Rukhnama par cœur.

Le système d’éducation turkmène a tellement été modifié depuis qu’il est fondé sur l’apprentissage du Rukhnama que les experts craignent grandement pour la qualité de l’enseignement et pour l’avenir de la nation turkmène elle-même. En effet, le système actuel est en train de créer une génération dont les connaissances seront limitées à la biographie du président Niazov.

Travail des enfants

L’ONG International Crisis Group a publié un rapport en 2005 dénonçant l’impact du secteur cotonnier sur les droits des enfants. Le rapport a en effet mis en lumière les conditions drastiques dans lesquelles travaillent les enfants dans les champs de coton.

Chaque année, pendant le temps des récoltes (de septembre à décembre), les écoles se trouvant en milieu rural sont fermées. Les enfants comme les étudiants sont ensuite forcés de travailler dans les champs de coton et ce, sans être rémunérés.

Enfants des minorités

Le Turkménistan est composé à 85% de turkmènes. Le reste de la population appartient à des ethnies minoritaires (Ouzbeks, Kazakhs, Arméniens, Ukrainiens, Tatars, Azéris). A cause du phénomène de «turkménisation» durant le règne du président Niazov, les minorités ont vu leurs droits bafoués.

Afin de donner au pays un «visage turkmène» et d’effacer les liens historiques avec l’ex-URSS, l’ancien président a imposé le turkmène comme langue officielle du pays. alors que la Constitution prévoit une égalité entre toutes les langues de l’ex-URSS.

Les enfants des minorités, comme les adultes d’ailleurs, sont donc obligés d’apprendre le turkmène et de le pratiquer en dépit de leurs langues maternelles. Les écoles enseignant dans la langue des minorités ethniques ont presque toutes été fermées. L’enseignement de ces langues revient souvent aux frais des parents.

Pire encore, les membres appartenant à des minorités ethniques sont considérés comme des citoyens de second plan. Ils sont socialement exclus et font l’objet de discriminations constantes. N’ayant pas accès au même niveau d’instruction que les turkmènes, leurs chances d’entrer à l’université sont minces et de ce fait, ils se retrouvent nécessairement exclus du marché du travail.

Droit à la non-discrimination

Au niveau de la religion, 89% de la population turkmène est musulmane. Les religions minoritaires ne sont d’ailleurs pas reconnues par le gouvernement. Selon Amnesty International, de nombreuses personnes d’ethnie turkmène ayant exprimé une croyance religieuse différente de celles officiellement reconnues ont été forcées à l’exil ou transférées contre leur gré dans une autre région du pays, voire torturées ou maltraitées par la police.

Mariages d’enfants

Au Turkménistan, les mariages arrangés d’enfants sont couramment pratiqués et ce afin d’assurer une compatibilité entre les familles. Le père de famille reçoit une dote (soit de l’argent, des chameaux ou des moutons). Il arrive aussi que le père épouse ses propres filles par ordre d’âge.

Une fois mariées, les jeunes filles doivent totalement s’identifier à leur nouvelle famille et on attend d’elles qu’elles conçoivent un enfant dans l’année suivant leur mariage.

Ces mariages forcés constituent bien évidemment une violation des droits des enfants, d’une part, car les enfants n’ont même pas l’âge légal pour se marier, d’autre part, car cette pratique les empêche de décider librement de leur avenir.

Malheureusement, au Turkménistan comme dans de nombreux autres pays, les mariages arrangés sont ancrés dans les traditions et il est difficile d’y échapper.

Droit à la santé

Même si le système de santé turkmène permet à tous ses citoyens un accès gratuit aux soins, il n’est pas pour autant efficace dans la pratique.

Les enfants semblent être les plus affectés par l’inefficacité des services de santé. Le taux élevé de mortalité infantile (45‰) est notamment dû à la malnutrition, au mauvais système de santé, à la violence familiale et au manque d’hygiène.

Les médecins ne sont pas qualifiés et ne disposent d’aucun équipement médical adéquat, ni même de médicaments de base. Les infrastructures sanitaires sont défectueuses et prouvent l’inefficacité des services de santé. De plus, les personnes vivant en milieu rural n’ont pas accès à la santé.

En raison de la mauvaise qualité des services de santé, beaucoup de turkmènes ont donc décidés de se tourner vers la médecine traditionnelle (traitements à base d’herbes, prières).

Prostitution infantile

Le Turkménistan fait face à un nombre croissant de jeunes filles qui se prostituent afin de subvenir à leurs besoins. Dans la rue ou dans les régions de production de coton, il est courant de voir des écolières vendre leurs services à des hommes.

Certains parents vont même jusqu’à établir des maisons closes au sein de leurs résidences et y proposent les services de leurs propres filles.