Les enfants de la Ghouta

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Massacre, bombardement, bataille… ce sont les mots qui défilent lorsque l’on tape Ghouta Orientale sur un moteur de recherche. Entre 2013 et 2018 cette zone rurale syrienne située à l’est de Damas a été assiégée par le régime de Bachar El Assad. Proclamée  “zone de désescalade” en mai 2017, 367 000 civils, dont la moitié sont mineurs, vivaient dans l’enclave rebelle assiégée et isolée durant des mois (UOSSM, octobre 2017). Le quotidien britannique The Guardian du 21 Février 2018, parlait d’un des plus grands massacres du 21e siècles, là où chaque jour, aux portes de Damas, des civils mouraient, succombant aux frappes aériennes ou à la malnutrition. Le 21 mai 2018, la Ghouta Orientale est repassée sous le contrôle  effectif du régime syrien mettant fin au blocus et à 6 ans de combat. Humanium revient sur la situation des enfants dans la Ghouta Orientale.

 

Une escalade de violence qui n’a pas épargné les enfants

Principal fief de la rébellion dans la région de Damas, la Ghouta a rapidement été prise en étau entre le régime de Bachar El Assad et les différentes factions de l’opposition. Tout commence le 21 Août 2013, une attaque chimique au gaz sarin employé par l’armée fait 1429 morts dont 426 enfants (Le Figaro, avril 2017). Ensuite assiégée par les troupes armées, le quotidien des civiles est rythmé par les combats que se livrent les différentes milices religieuses et les violations de la trêve par le régime. Le 31 octobre 2017 six écoliers ont trouvé la mort dans la ville de Jisrine où un tir d’obus lancé par le régime a touché l’entrée d’une école alors que les enfants quittaient les lieux (RTBF, octobre 2017). Le même jour des tirs d’artilleries ont fait une dizaine de morts dont 5 enfants (Le Figaro, octobre 2017). Assiégée durant 4 ans par l’armée, la région, livrée à elle-même, s’est retrouvée privée de toutes aides extérieures ce qui rappelle la situation qu’a connu Alep en décembre 2016. Le 22 Février 2018, cinq jours de frappes aériennes et de tirs d’artillerie intenses ont tué 403 civils, dont 95 enfants indique l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). C’est sur les réseaux sociaux que les syriens trouvent le moyen de sortir de l’isolement pour livrer leurs témoignages. 

C’est le cas de Muhammad Nayem, un adolescent de 15 ans à peine qui à travers son compte twitter @muhammadnajem20 est devenu le symbole du martyr syrien. Devant un amoncellement de gravats le 15 janvier 2018 il nous questionne dans un anglais phonétique: « Quel est ce monde qui peut envoyer des machines aux martiens et ne rien faire pour arrêter les massacres ? « .

Sur Facebook c’est le docteur Housam Adnan qui dénonce des attaques systématiques du régime sur les hôpitaux. Des bombardements qui violent les Conventions de Genève, mondialement ratifiées, stipulant l’immunité des hôpitaux et du personnel médical en zone de conflit. Mais au milieu des morts et des blessés d’autres photos interpellent sur le profil Facebook du docteur : celles de jeunes enfants émaciés et décharnés.  Des mois durant le régime bloque l’accès aux aides humanitaires de premières nécessités laissant la population face à un grave danger de malnutrition dont les enfants en bas-âges sont les premières victimes.

 

La famine sous les bombes

Du blocus de la Ghouta reste l’image de la petite Sahar Dofdaa, un nourrisson squelettique qui succombera quelques jour plus tard de malnutrition. La faim tenaillant la région, coupée du monde, aucune ONG ne pouvait se rendre dans la Ghouta et les denrées de premières nécessités étaient envoyées au compte gouttes. Les mères souffrant d’anémie ne pouvaient allaiter ce qui impacte directement les jeunes enfants. (RFI, Octobre 2017) D’après Tamara Kummer, porte parole de l’Unicef Moyen-Orient, entre juillet et septembre 2017 plus de 1200 enfants souffraient de malnutrition aiguës dont un quart de malnutrition sévère. Privés de moyens, en manque de médicaments et de personnels, les dispositifs médicaux peinent à contrer le phénomène. Depuis 2013 la situation médicale ne cesse de se dégrader, 40 centres de santé et hôpitaux ont été détruits. Pour le Dr. Ana Abou Yassir directeur du bureau médical d’Al-Marj, la situation est catastrophique. La pénurie de vaccins menace la santé des plus jeunes et des malades souffrant de maladies chroniques. Des médecins syriens ont déjà tiré la sonnette d’alarmes en 2015 évoquant un désastre médicale où les populations blessées ne peuvent être soignées comme il le faut et où des maladies ont refait surface comme la polio, la tuberculose, la gale ou la typhoïde. (Tribune de Genève, janvier 2015).

 

“Dieu, la Syrie, la Liberté et c’est tout” – Un regard vers l’avenir

Si aujourd’hui concernant la question syrienne on ne parle plus que de groupes terroristes et de tactique de guerre il est bon de se souvenir que le soulèvement des civiles en 2011 était pacifiste et aspirait aux droits et à la liberté. Quand on tape Ghouta orientale sur un moteur de recherche au milieu des batailles et des déclarations politiques il y a une page wikipédia où l’on apprend que Ghouta en arabe signifie aussi Oasis. “Et pour quelques triomphantes oasis, quels immenses déserts à traverser” disait André Gide.

 

 

L’équipe d’Humanium s’engage tous les jours corps et âme pour mettre fin aux violences et maltraitances physiques et psychiques faites aux enfants dans le monde entier. Nous luttons pour faire respecter les droits de chaque enfant dans le monde, en sensibilisant adultes et enfants à notre cause, en changeant les mentalités et en travaillant directement sur le terrain.

Visitez notre site internet https://www.humanium.org/fr/ pour apprendre plus sur les droits de l’enfant et nos projets, pour contacter l’équipe d’Humanium et pour vous engager à nos côtés pour améliorer la vie de milliers d’enfants dans le mode !

 

Écrit par:  Florine Tirole

Relecture par : Anja Finke

 

Sources :

RFI, 26/10/2017, Syrie: les enfants de la Ghouta-orientale victimes de malnutrition, consulté le 01/11/2017 disponible à http://www.rfi.fr/moyen-orient/20171026-malnutrition-enfants-syrie-ghouta-orientale-unicef-guerre-damas

RFI, 24/07/2017, «Zones de désescalade en Syrie»: une trêve tactique explique Fabrice Balanche, consulté le 01/11/2017 disponible à http://www.rfi.fr/moyen-orient/20170724-zones-desescalade-syrie-treve-tactique-hayat-tahrir-cham-balanche

Paris Match, 23/10/2017, En Syrie, dans la Ghouta assiégée, la mort rôde autour d’enfants malnutris,  consulté le 01/11/2017 disponible à

http://www.parismatch.com/Actu/International/En-Syrie-dans-la-Ghouta-assiegee-la-mort-rode-autour-d-enfants-malnutris-1376852

Le Monde, 25/10/2017, Enfants malnutris dans la Ghouta, près de Damas : « Nous réclamons un accès humanitaire », consulté le 01/11/2017 disponible à

http://www.lemonde.fr/syrie/article/2017/10/25/enfants-malnutris-dans-la-ghouta-pres-de-damas-nous-reclamons-un-acces-humanitaire_5205815_1618247.html

UOSSM, 24/10/2017, AU CŒUR DE L’ENFER À GHOUTA : LES ENFANTS, PREMIÈRES VICTIMES DU SIÈGE QUI ISOLE LA VILLE DEPUIS 2013, consulté le 01/11/2017 disponible à http://www.uossm.fr/au_coeur_de_l_enfer_a_ghouta_les_enfants_premieres_victimes_du_siege_qui_isole_la_ville_depuis_2013

Le Figaro, 27/10/2017, Syrie : « Ghouta orientale, la situation humanitaire est une « honte » selon le commissaire de l’ONU consulté le 01/11/2017 disponible à http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/10/27/97001-20171027FILWWW00149-syrie-ghouta-orientale-la-situation-humanitaire-est-une-honte-selon-le-commissaire-de-l-onu.php

La tribune de Genève, 07/01/2015,La Syrie est en plein «désastre médical», consulté le 01/11/2017 disponible à https://www.tdg.ch/monde/syrie-plein-desastre-medical/story/25584106

Le Figaro, 05/04/2017, Attaques chimiques en Syrie : histoire d’un massacre de masse consulté le 01/11/2017 disponible à http://www.lefigaro.fr/international/2017/04/05/01003-20170405ARTFIG00266-attaques-chimiques-en-syrie-histoire-d-un-massacre-de-masse.php

RTBF, 31/10/2017, En Syrie, des écoliers fauchés par un tir d’obus du régime, consulté le 01/11/2017 disponible à https://www.rtbf.be/info/monde/detail_en-syrie-des-ecoliers-fauches-par-un-tir-d-obus-du-regime?id=9751473

AFP, 31/10/2017, Syrie: un convoi d’aide entre dans la Ghouta orientale assiégée, consulté le 01/11/2017 disponible à https://www.youtube.com/watch?v=nvTmGuo-EI4

Le Figaro, 32/10/2017, Tirs d’artillerie dans la Ghouta orientale, près de Damas,  consulté le 01/11/2016 disponible à http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/10/31/97001-20171031FILWWW00218-tirs-d-artillerie-dans-la-ghouta-orientale-pres-de-damas.php

 

Bibliographie :

Samar Yazbek, La cosmopolite, Stock, Paris, 2016, Les portes du Néant

Collectif, La lenteur, 2017, Sur la révolution syrienne

François Burgat, Bruno Paoli, La découverte, Paris, 2013, Pas de printemps pour la Syrie