Enfants de Sierra Leone

Concrétiser les droits de l’enfant en Sierra Leone

Les enfants de Sierra Leone sont confrontés à une série d’obstacles interconnectés qui entravent la réalisation de leurs droits fondamentaux. Plus grave encore, les enfants sont exposés au risque de mariage précoce et de grossesse chez les adolescentes, au travail des enfants, aux mutilations génitales féminines et à la violence sexiste. Ces risques, combinés à la pauvreté du système, aux mauvaises conditions de santé et aux problèmes d’éducation, mettent en danger tous les enfants du pays.

Indice des Droits de l’Enfant: 5,35 / 10
Niveau noir : situation très grave

Population : 8,1 millions
Pop. de 0 à 14 ans : 41 %

Espérance de vie : 55,92 ans
Mortalité des moins de 5 ans : 109.2

Coup d’œil sur la Sierra Leone

La Sierra Leone est un pays situé sur la côte sud-ouest de l’Afrique de l’Ouest. Elle partage des frontières terrestres avec le Libéria au sud-est et la Guinée au nord-est. La Sierra Leone a une histoire traumatisante liée à son implication dans la traite transatlantique des esclaves. Freetown, la capitale du pays, a été fondée par des philanthropes britanniques en 1787 dans le but de rapatrier d’anciens esclaves. Le pays a subi plus de 150 ans de domination coloniale britannique (1808 – 1961), l’esclavage ayant été aboli pendant les premières étapes du développement du pays en 1833 (PNUD).

Après l’indépendance, la croissance du pays a été marquée par des défis socio-économiques, notamment le conflit armé et la guerre civile qui ont dévasté la Sierra Leone pendant 11 ans, entre 1991 et 2002. Pendant les troubles, des crimes et des violations des droits de l’Homme ont été perpétrés en toute impunité par deux groupes rebelles connus sous le nom de Front révolutionnaire uni et de Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC). La guerre civile a déplacé plus de 2 millions de personnes (PNUD) et soumis des milliers d’enfants, de femmes et de filles à des violences sexuelles et physiques, tandis que les garçons étaient fréquemment recrutés et exploités comme enfants soldats (Human Rights Watch, 2012).

Au-delà des 50 000 morts provoquées par la guerre civile (PNUD), le pays continue d’être confronté à de sérieux obstacles en matière de développement. 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (PNUD) et, simultanément, les effets du changement climatique diminuent les rendements et les revenus des cultures.

Aux prises avec des activités minières non durables, la croissance démographique et la pollution, le pays fait toujours face à des obstacles importants pour assurer une croissance stable. De nombreuses crises – telles que la crise Ebola de 2014, les inondations de 2019 et la pandémie actuelle du COVID-19 – ont exacerbé les niveaux de malnutrition et réduit davantage l’accès généralisé à l’eau potable et à l’assainissement (Action contre la faim, 2019), ainsi que les possibilités d’emploi chez les jeunes (Banque mondiale, 2019).

Une industrie particulièrement préoccupante est le secteur minier de la Sierra Leone, qui tire parti des minéraux précieux et diamants du pays. Le développement historique de la Sierra Leone est souvent lié à ses « diamants de sang », qui ont joué un rôle lucratif dans le financement de la guerre civile (BBC, 2018). Depuis la fin de la guerre, de grands progrès économiques ont été réalisés et le gouvernement s’est efforcé de supprimer le commerce illicite de minéraux et de diamants (BBC, 2018).

Statut des droits de l’enfant[1]

Les effets persistants du colonialisme et de la guerre civile en Sierra Leone ont laissé les droits des enfants dans une position très précaire. En raison de divers problèmes à long terme tels que la fréquence des mariages d’enfants, l’inégalité entre les sexes, la pauvreté et l’accès limité à l’éducation, le pays a cherché à mettre en œuvre diverses politiques nationales conformes aux objectifs de développement durable (ODD). La Sierra Leone a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) en 1990 et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) en 1998, afin d’intégrer la protection des femmes et des enfants dans les cadres législatifs.

Le pays a aussi ratifié la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant en 2002. La Sierra Leone étant membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un groupe régional soutenant la coopération et l’intégration économique pour améliorer le niveau de vie de ses États membres, ensemble en 2017, ils se sont engagés à adopter le Cadre stratégique pour le renforcement des Systèmes nationaux de protection de l’enfant.

Malgré ces engagements positifs, des organes internationaux d’experts tels que le Comité des droits de l’enfant ont critiqué l’incapacité persistante du pays à protéger et à valoriser les jeunes filles ainsi que les enfants handicapés (Comité des droits de l’enfant, 2016). Il est également nécessaire d’accroître la collecte de données (Comité des droits de l’enfant, 2016) pour suivre avec précision les questions relatives aux droits de l’enfant et suivre leurs progrès. D’une manière générale, les mesures prises par le pays en matière de droits de l’enfant sont englobées par sa loi de 2007 sur les droits de l’enfant. Décomposé en huit « parties » distinctes, le corpus législatif constitue l’épine dorsale de toutes les initiatives de protection de l’enfance en cours dans le pays.

Répondre aux besoins des enfants

Droit à l’éducation

Pour la majorité des enfants de la Sierra Leone, l’accès à une éducation de qualité reste un défi. Les principaux obstacles à l’éducation peuvent être divisés en deux catégories interdépendantes : les normes culturelles et les obstacles physiques. Sur le plan culturel, la marginalisation continue des femmes a permis la discrimination  fondée sur le sexe et la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) qui obligent souvent les filles à quitter l’école. De même, le manque d’environnements éducatifs inclusifs, discriminant et stigmatisant les enfants défavorisés et handicapés, empêche les enfants défavorisés de survivre aux environnements éducatifs (Street Child, 2018).

La violence physique perpétuelle infligée aux filles – sous la forme de violence sexuelle et sexiste – combinée à la violence psychologique dans les environnements éducatifs, entrave sérieusement leurs possibilités d’éducation. En outre, les taux élevés de mariages précoces forcés et de grossesses d’adolescentes, ainsi que le manque de priorité accordée à l’éducation des filles, signifient souvent que les filles sont forcées de quitter l’éducation permanente à un très jeune âge.

La crise Ebola de 2015 est une étude de cas phare des défis auxquels les filles sont confrontées pour accéder à l’éducation en Sierra Leone. Pendant la pandémie, une interdiction formelle a été mise en œuvre par le gouvernement de la Sierra Leone pour empêcher les jeunes filles enceintes d’accéder à l’éducation. Cette politique a été mise en place en réponse à l’augmentation du nombre de grossesses d’adolescentes qui ont accompagné la pandémie (Amnesty International, 2020).

Le refus du gouvernement d’autoriser la présence des filles enceintes à l’école a encore renforcé la discrimination et les inégalités entre les sexes (Amnesty International, 2019). En décembre 2019, cette interdiction a été déclarée illégale par la CEDEAO puis radiée au niveau national. Depuis la levée de l’interdiction, les filles enceintes peuvent désormais passer les examens du secondaire.

Malgré cela, des obstacles subsistent, tels que le manque d’écoles ou d’enseignants, les abus sexuels commis par les enseignants ou encore l’accès et le transport limités aux écoles à travers le pays (Département du Travail des États-Unis, 2019). En ce qui concerne les abus sexuels perpétrés par des enseignants, le gouvernement a promulgué en 2019 la Sexual Offenses Amendment Act, qui visait à sanctionner plus sévèrement les coupables (Département du Travail des États-Unis, 2019).

Hormis les difficultés auxquelles sont confrontées les filles en particulier (en raison des pratiques culturelles), d’autres obstacles physiques limitent le droit de tous les enfants à l’éducation. Les principaux facteurs de ce type sont la pauvreté et l’incapacité d’accéder physiquement aux écoles depuis des endroits éloignés. En conséquence directe des difficultés énumérées ci-dessus, les enfants sont souvent dans l’incapacité de terminer l’école primaire ou de faire la transition vers l’école secondaire (UNICEF). Les statistiques les plus récentes de l’UNESCO de 2017 montrent que moins de 50% des enfants terminent leurs études secondaires, ce qui conduit à un taux national d’alphabétisation de moins de 60% pour la population des moins de 15 ans (UNESCO, 2017).

En réponse à ces défis, le gouvernement de la Sierra Leone a lancé, en 2018, une initiative d’Éducation Scolaire Gratuite de Qualité (FQSE) visant à offrir des cours gratuits à tous les enfants qui fréquentaient une école approuvée par le gouvernement. Bien que l’initiative ait été bien accueillie, une grande majorité d’enfants n’ont pas pu aller à l’école, car ils vivaient dans des villages reculés, rendant l’accès aux écoles difficile (UNICEF). En résumé, alors que l’initiative FQSE devrait porter ses fruits dans les années à venir, la Sierra Leone doit simultanément mettre en place des mécanismes pour mieux soutenir les filles et les enfants handicapés afin de leur garantir un accès fiable à une éducation de qualité.

Droit à la santé

Le taux de mortalité infantile en Sierra Leone pour les enfants de moins de cinq ans est de 96,3 pour 1 000 naissances vivantes. Cette statistique inquiétante est le résultat à la fois du manque généralisé d’hôpitaux et d’installations de soins adéquats, ainsi que de niveaux de malnutrition toujours élevés. Aggravée par la crise Ebola de 2015 – qui a déclenché une inflation à l’échelle nationale – la malnutrition chronique reste un défi majeur pour la Sierra Leone. 31,3% des enfants souffrent d’un retard de croissance (Action contre la Faim, 2019).

La Sierra Leone est également l’un des pays les plus touchés par le paludisme au monde, les enfants de moins de cinq ans étant particulièrement sensibles aux infections, à la maladie et à la mort (OMS, 2016). On estime que le paludisme représente jusqu’à 20% de l’ensemble de la mortalité infantile (OMS, 2016). De plus, le pays reste vulnérable au changement climatique et à la pollution, qui détruit les terres fertiles (PNUD) et élimine les possibilités d’emploi agricole.

Droit à l’eau potable et à l’assainissement

32,2% de la population de la Sierra Leone souffre d’un manque d’accès à l’eau potable (Action contre la Faim, 2019). Il s’agit d’un problème ancré dans l’instabilité causée par la guerre civile et aggravé par les impacts financiers de la crise d’Ebola – durant laquelle seul un ménage sur quatre avait un endroit pour se laver les mains et un sur 14 avait accès au savon (WaterAid). D’une manière générale, seulement 16% de la population ont accès aux services d’assainissement de base, et 28% défèquent à l’air libre (UNICEF, 2018). Ces conditions de vie inadéquates rendent le pays plus vulnérable aux maladies, aux épidémies et aux pandémies.

Droit à l’identité

Le Comité des droits de l’enfant, dans son cinquième rapport périodique sur la mise en œuvre par la Sierra Leone de la Convention des droits de l’enfant (CDE), a cité l’enregistrement des naissances comme un défi important (Comité des droits de l’enfant, 2016). Malgré la mise en œuvre de programmes d’enregistrement des naissances – et le fait que l’enregistrement des naissances soit gratuit pour tous dans le pays – plus de 20% des naissances se sont révélées non enregistrées lors d’une enquête de 2010 (Comité des droits de l’enfant, 2016). Les enfants sans-papiers sont plus vulnérables, car l’absence d’identification empêche souvent les enfants d’accéder à l’éducation, aux soins de santé et à d’autres nécessités de base. Si elle n’est pas corrigée, une absence d’enregistrement de naissance peut avoir des effets désastreux qui perdurent jusqu’à l’âge adulte, comme une réduction des possibilités d’emploi.

Facteurs de risque → Les défis spécifiques au pays

La pauvreté

Plus de 60% de la population du pays vit avec moins de 1,25 dollar par jour, ce qui la place sous le seuil de pauvreté national (Bigelow, 2018). Bien que l’agriculture devrait catalyser la croissance du PIB dans les années à venir (Banque mondiale, 2019), le pays reste vulnérable. Au lendemain d’une nouvelle crise de santé publique due au COVID-19 – qui s’ajoute à d’autres crises antérieures telles que l’épidémie d’Ebola et la guerre civile – la population la plus pauvre du pays est exposée à des circonstances particulières.

Cette pauvreté existe malgré la présence de ressources naturelles rares telles que les diamants et les minéraux, mettant en évidence la disparité de richesse et l’absence d’un marché économique fonctionnel. Renforcée par la corruption institutionnelle généralisée et la faiblesse des infrastructures nationales (Ravichandran, 2011), les plus vulnérables du pays sont en danger – y compris les enfants.

Le travail des enfants

La Sierra Leone a ratifié toutes les principales conventions internationales relatives au travail des enfants telles que la Convention sur l’âge minimum de l’Organisation internationale du travail (OIT), 1973 (n°138) ; la Convention sur les pires formes de travail des enfants, 1999 (n°182) ; la Convention des droits de l’enfant (CDE), le Protocole de Palerme sur la traite des personnes, le Protocole facultatif de la CDE sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants ainsi que le Protocole facultatif de la CDE sur les conflits armés.

Bien que des lois et réglementations aient été établies pour éradiquer le travail des enfants, des lacunes existent encore dans le cadre juridique pour protéger les enfants convenablement. Par exemple, la définition du « travail léger » dans la loi sur les droits de l’enfant n’est pas suffisamment précise pour empêcher les enfants de travailler, car elle ne limite pas le nombre d’heures de travail ou ce qui constitue un « travail léger » (Département du Travail des États-Unis, 2019).

En raison de la faiblesse des politiques nationales et des programmes sociaux, une étude de 2019 montre que 35% des enfants en Sierra Leone sont soumis au travail des enfants (Département du Travail des États-Unis, 2019). Ces enfants se livrent aux pires formes de travail, en particulier dans le secteur minier et à travers l’exploitation sexuelle à des fins commerciales. Le travail des enfants est également très répandu dans le secteur agricole pour la culture du manioc, du café, du cacao, de l’huile de palme, du riz et des arachides. Dans le secteur industriel, les enfants travaillent dans les mines de diamants et de minéraux, dans les carrières ainsi que dans la construction et la production (Département du Travail des États-Unis, 2019).

La Sierra Leone est également un pays d’origine, de transit et de destination connu pour le trafic d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle commerciale et de travail forcé. À l’échelle nationale, le « men pikin », qui se traduit par « placement en famille d’accueil » en krio, est la forme interne de traite des enfants, par laquelle les membres de la famille envoient des enfants dans des zones urbaines et développées en leur promettant de meilleures opportunités d’éducation. Au lieu de cela, ces enfants sont soumis et forcés au travail, notamment comme domestiques, dans l’exploitation minière, dans l’agriculture, comme vendeurs à la sauvette ou comme ferrailleurs (Département du Travail des États-Unis, 2019).

Les enfants-soldats

Près de 11 ans de guerre civile et de conflit armé en Sierra Leone ont dévasté la vie de milliers d’enfants. Pendant le conflit, des enfants très jeunes de cinq ans ont été forcés à rejoindre le Front révolutionnaire uni (FRU) avant de commettre diverses atrocités sous la contrainte militaire (Borgen, 2019). Ces enfants ont été exploités comme boucliers humains et travailleurs assidus parmi d’autres rôles, et ont souvent perdu leur famille et tout sentiment de normalité, car ils ont été privés d’éducation (Borgen, 2019). 20 ans après la guerre, des organisations en Sierra Leone s’emploient à réintégrer les jeunes traumatisés dans la société, en leur offrant un soutien à la réadaptation et des opportunités d’exercer des emplois normaux.

Les violences sexuelles et sexistes

Selon une enquête nationale de 2019, 62% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déjà été victimes de violence sexuelle ou sexiste en Sierra Leone, tandis que 61% des femmes mariées de la même catégorie d’âge ont également été victimes de ces abus (FNUAP). Les cas incessants de violence sexuelle et sexiste ont déclenché un état d’urgence national en 2019, qui a été suivi par une série de mesures conçues pour éradiquer cette pratique (Mitchell, 2020).

La pandémie en cours est particulièrement préoccupante, car, à l’instar de la guerre civile et de la crise du virus Ebola, elle risque d’exposer davantage de femmes et de filles aux abus. Plus de 200 000 femmes ont subi des abus pendant la guerre civile, un problème qui se reflète dans l’augmentation des grossesses chez les adolescentes et des agressions contre les filles pendant la crise d’Ebola (Plan International, 2014). Pour remédier à ce défi, le gouvernement a mis en œuvre la Stratégie nationale d’implication des hommes pour la prévention de la violence sexuelle et sexiste, a mis en place une ligne d’assistance téléphonique en matière de violence sexiste et s’est efforcé d’améliorer les centres d’aide aux victimes de violences sexistes (FNUAP).

Mariage d’enfants

En Sierra Leone, le mariage des enfants est un problème répandu et critique. 30% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, tandis que 13% d’entre elles sont mariées avant l’âge de 15 ans. En parallèle, 7% des garçons sont mariés avant l’âge de 18 ans. La Sierra Leone a l’un des taux de mariage d’enfants les plus élevés (top 20 dans le monde) parmi les garçons. Les régions les plus communes du pays où les mariages d’enfants ont lieu sont Port Loko, Kambia, Tonkolili et Koinadugu (Girls Not Brides, 2020). Le mariage d’enfants est de plus aggravé par des phénomènes tels que : les mutilations génitales féminines et l’excision (MGF/E), la pauvreté, le niveau d’éducation et la grossesse chez les adolescentes.

En 2018, dans le cadre du Programme mondial UNICEF-FNUAP visant à accélérer les actions pour mettre fin au mariage d’enfants, 225 plans d’action ont été mis en place dans 9 districts de la Sierra Leone pour empêcher le mariage d’enfants, les MGF et les grossesses chez les adolescentes. Sur cette base, le gouvernement national a collaboré avec diverses agences des Nations Unies pour lancer la Stratégie nationale sur la prévention de la grossesse chez les adolescentes et la fin du mariage d’enfants en Sierra Leone (Girls Not Brides, 2020). Jusqu’en mars 2020, les jeunes filles enceintes en Sierra Leone n’avaient pas le droit d’aller à l’école ni de passer des examens. À la suite d’une décision de la CEDEAO en décembre 2019, cette interdiction a été condamnée à être levée avec effet immédiat.

Pour soutenir d’autres initiatives, la Sierra Leone a mis en place une politique visant à garantir la scolarisation des filles enceintes. Cette mesure s’est avérée importante, car elle cherchait à améliorer l’éducation des filles, étant donné que la grossesse chez les adolescentes est l’un des principaux facteurs du mariage précoce des enfants (Girls Not Brides). La loi de 2007 sur les droits de l’enfant fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans. Cependant, la loi de 2009 sur le mariage et le divorce coutumiers permet aux enfants de se marier avec le consentement de leurs parents et ne stipule pas d’âge minimum pour le mariage (Girls Not Brides, 2020). Cette zone d’ombre exige une plus grande attention.

Conformément à l’objectif 5.3 des ODD, la Sierra Leone s’est récemment engagée à éliminer le mariage précoce et forcé des enfants d’ici 2030. De plus, en 2013 et 2014, la Sierra Leone a coparrainé la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies (AG) sur les mariages précoces et forcés des enfants (Girls Not Brides, 2020). Plus généralement, la ratification par la Sierra Leone de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1990 et de la CEDEF en 1998, impose l’obligation de consentir librement et pleinement au mariage (Girls Not Brides, 2020).

Au-delà des obligations internationales, la Sierra Leone s’est également engagée à mettre fin au mariage d’enfants au niveau continental. En 2016, le gouvernement a lancé la Campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique. Simultanément, ils se sont engagés à adopter le Cadre stratégique pour le renforcement des systèmes nationaux de protection de l’enfance. Dans ce cadre, l’une des principales priorités est de protéger les enfants contre les mariages précoces et forcés (Girls Not Brides, 2020)

Grossesse chez les adolescentes

En plus des taux alarmants de mariages d’enfants, les grossesses chez les adolescentes sont aussi exceptionnellement courantes en Sierra Leone. En 2018, la Banque mondiale a classé la Sierra Leone parmi les 20 premiers pays au monde pour les grossesses chez les adolescentes (15 à 19 ans), avec 110 naissances pour mille (Banque mondiale, 2018). La grossesse chez les adolescentes restreint les opportunités des filles au cours de leur vie, interférant régulièrement avec l’accès à l’éducation et à l’emploi. Cela augmente également le risque que les jeunes filles soient exposées au mariage d’enfants, à la violence domestique, aux abus sexuels et aux infections par le VIH (Mason, 2017).

Mutilation Génitale Féminine ou Excision (MGF/E)

Les mutilations génitales féminines/excisions (MGF/E) sont une pratique courante en Sierra Leone. La région nord du pays a le taux de prévalence le plus élevé à 96,3% suivi par la région de l’ouest à 75,6%. Les procédures sont souvent effectuées par des personnes sans formation médicale, sans anesthésie, en utilisant du matériel mal désinfecté (Amnesty International UK, 2020). Cela comporte des risques majeurs pour les jeunes filles, notamment des saignements graves, des infections et des maladies à long terme qui peuvent entraîner l’infertilité ou des complications à l’accouchement  (DW, 2002).

Malgré une reconnaissance mondiale comme une violation extrême des droits humains, les MGF sont régulièrement pratiquées en Sierra Leone avec des restrictions limitées. Le seul cas dans lequel la pratique a été réduite était lors de la crise Ebola de 2014-2015, au cours de laquelle le gouvernement a interdit les MGF indéfiniment – avec des amendes à payer pour ceux qui ne respectaient pas la décision – pour empêcher la propagation de la maladie (Equality Now). De façon alarmante, après le passage de la pandémie, les MGF ont été autorisées à reprendre.

Écrit par Vanessa Cezarita Cordeiro

Traduit par Clément Collin

Relu par Ania Beznia

Dernière mise à jour le 18 mars 2021

Références :

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[1] Cet article ne prétend en aucun cas donner un compte rendu complet ou représentatif des droits des enfants en Sierra Leone; en effet, l’un des nombreux défis est le peu d’informations actualisées sur les enfants sierra-léonais, dont la plupart sont peu fiables, non représentatives, obsolètes ou simplement inexistantes.