Enfants de Malaisie

Enfants de Malaisie

Concrétiser les droits de l’enfant en Malaisie

Le gouvernement malaisien promeut l’image d’un pays où différents groupes ethniques vivent dans la paix et l’harmonie mais la réalité est bien différente. Outre les problèmes rencontrés par les enfants issus de minorités ethniques et religieuses, de manière générale, les droits des enfants ne sont pas bien respectés.

Carte du Respect des Droits de l'Enfant dans le monde  Carte_Malaisie

Indice de Concrétisation des Droits de l’Enfant7.73 / 10
Niveau orange : Problèmes sensibles

Population: 31,1 millions
Pop. de 0-14 ans : 29,6 %

Espérance de vie : 75 ans
Mortalité des – de 5 ans : 6 ‰

Principaux problèmes rencontrés par les enfants en Malaisie:

Pauvreté

Les enfants de Malaisie souffrent de la pauvreté. En effet, même si le pays fait des efforts afin d’améliorer la situation, l’UNICEF estime que plus de 72 000 enfants de moins de 15 ans doivent encore vivre dans des conditions difficiles car ils n’ont pas de quoi subvenir à leurs besoins essentiels.

L’organisation travaille d’ailleurs en partenariat avec le pays pour lutter contre la pauvreté et les effets qu’elle entraine sur la vie des enfants.

Droit à l’éducation

En Malaisie, l’éducation est obligatoire de 6 à 15 ans et les écoles publiques sont gratuites. Les cours sont principalement dispensés en malais et en anglais. Cependant, il est tout de même possible de suivre un enseignement en chinois ou en tamoul.

Environ 90% des enfants vont à l’école. Cependant, en raison des disparités existantes entre les régions rurales et urbaines, les enfants issus de régions reculées (souvent les populations indigènes) n’ont pas accès à l’éducation. D’autre part, sur les 90% des enfants allant à l’école, à peine un quart d’entre eux termine le collège.

Il est regrettable que les parents qui ne sont pas citoyens malaisiens aient à payer des frais supplémentaires afin de scolariser leurs enfants.

Enfin, les filles ont souvent été privées de leur droit à l’éducation pour des raisons culturelles, mais des politiques de scolarisation ont permis d’améliorer leur situation et de permettre l’égalité des sexes à ce niveau.

Droit à l’identité

Les autorités malaisiennes n’autorisent pas l’enregistrement d’un enfant né de parents immigrants ou demandeurs d’asile. D’ailleurs, en tentant d’enregistrer leurs enfants, les demandeurs d’asile prennent le risque d’être arrêtés en tant qu’immigrants illégaux.

D’autre part, les mariages entre musulmans et non-musulmans étant officiellement considérés comme nuls, les couples issus de tels mariages ont des difficultés à enregistrer les naissances.

Les enfants sans certificats de naissance sont apatrides et voient leurs droits à l’identité et à l’éducation bafoués puisque l’entrée dans les écoles publiques et privées leur est interdite.

Droit à la non discrimination

Discrimination envers les enfants issus des minorités ethniques

La Malaisie est principalement composée de 3 ethnies: les Malais (60%), les Chinois (25%) et les Indiens (10%).

Il y a plusieurs années, les autorités malaisiennes ont développé un programme de discrimination positive favorisant injustement les Malais. Craignant que les minorités ethniques ne soient un obstacle à l’unité du pays, l’État a alors cherché à favoriser la communauté malaise au détriment des communautés minoritaires.

Du fait de cette politique, les enfants issus des minorités chinoise, indienne ou autres n’ont donc pas accès aux mêmes avantages que les enfants malais, notamment au niveau de l’éducation.

Discrimination envers les enfants des minorités religieuses

En Malaisie, l’Islam est religion d’État. 60% des malaisiens sont musulmans et même si les minorités religieuses ne subissent pas de persécution, elles font l’objet de discriminations. En effet, si en théorie la liberté de religion est respectée, dans la pratique, du fait de la radicalisation de la Malaisie, elle ne l’est pas. Par exemple, les autorités malaisiennes ont confisqué des livres chrétiens pour enfants en faisant valoir que les illustrations de prophètes tels que Moïse et Abraham violaient la loi islamique (charia).

Les hindous, chrétiens, bouddhistes et autres groupes religieux présents en Malaisie se sentent de plus en plus ciblés et privés de leur droit de pratiquer librement leur religion.

Discrimination envers les filles

L’égalité des sexes n’est pas toujours respectée et les filles ne bénéficient pas de la même attention que celle portée aux garçons. Cependant, des efforts ont été accomplis notamment au niveau de leur scolarisation.

Mutilations génitales féminines

Les mutilations génitales féminines (MGF), aussi appelée circoncision féminine, sont couramment pratiquées chez les Malais musulmans. La plupart du temps, elles sont réalisées sur des nourrissons âgés de quelques mois par des docteurs ou des sages-femmes.

Même si les conditions dans lesquelles ces MGF sont exécutées se trouvent être plus hygiéniques que dans certains pays d’Afrique, elles représentent de gros risques pour la santé et la vie des filles. Malgré la cruauté de cet acte et l’intense douleur qu’il entraîne, la circoncision féminine continue de se perpétrer de génération en génération en raison des traditions culturelles.

Mariages d’enfants

Dans la religion islamique, l’âge minimum pour se marier est de 18 ans pour un garçon et de 16 pour une fille. Ainsi, les musulmanes de moins de 16 ans souhaitant se marier doivent obtenir une permission d’un tribunal religieux.

Un examen pré-marital de dépistage du VIH/SIDA est obligatoire pour toute musulmane souhaitant se marier. C’est ainsi que le gouvernement a recensé qu’un grand nombre d’enfants avaient l’intention de se marier. Cependant, le tribunal religieux semble être de plus en plus strict pour donner son accord et les mariages d’enfants sont donc moins fréquents qu’avant.

Suite à la célébration publique d’un mariage entre une jeune fille de 14 ans et un enseignant de 23 ans en décembre 2010, un débat s’est ouvert dans le pays sur le mariage des mineurs. La ministre des femmes, de la famille et du développement avait alors estimé que le mariage des mineurs était moralement et socialement inacceptable.

SIDA

Malgré les efforts faits par le pays en terme de prévention, le VIH/SIDA est en hausse en Malaisie et les ressources existantes ne sont pas suffisantes pour faire face aux problèmes.

Le comité des droits de l’enfant s’inquiète du nombre grandissant d’orphelins du SIDA et espère que des programmes de protection et de soutien seront instaurés afin de les aider.

Il serait également judicieux de mettre en place des programmes nationaux afin de sensibiliser la population aux moyens existants pour se protéger de ce virus. En effet, le SIDA est encore un sujet culturellement et religieusement sensible en Malaisie, ce qui empêche la mise en place d’une bonne communication sur la prévention, autant pour les adultes que pour les enfants.

Enfants victimes de violences

En Malaisie, la torture n’est pas interdite. En tant que punition complémentaire à l’emprisonnement, le droit pénal prévoit d’ailleurs le cannage (fait d’être fouetté). Cette punition est pratiquée aussi bien sur des hommes adultes que sur des petits garçons âgés de 10 ans au minimum, et ce, même lorsque les crimes commis étaient des crimes non-violents. Pour les garçons, la punition s’élève à 10 coups donnés à l’aide d’un léger rotin. En revanche, dans certains états, les femmes et les filles sont dispensées de ces pratiques.

Peine de mort envers les enfants

Regrettablement, la peine de mort envers les enfants est légale dans le pays, ce qui va évidemment à l’encontre de leur droit à la vie. Cependant, la Constitution ne la prévoit que pour certains types de crimes: un enfant peut en effet être condamné à la peine de mort s’il commet un acte allant à l’encontre de la sécurité. Ces actes incluent l’utilisation d’armes à feu, de munitions ou d’explosifs et la perturbation de la sécurité interne, de l’ordre public et le terrorisme. La peine de mort n’est cependant plus appliquée sur les mineurs depuis quelques années.

Emprisonnement à vie

Pour tous les crimes pour lesquels la peine de mort n’est pas applicable envers les enfants, l’emprisonnement à vie devient la solution alternative.

En principe, les enfants de moins de 14 ans ne peuvent être emprisonnés à vie. Cependant, si ils se retrouvent associés à des personnes qui possèdent des armes à feu ou des explosifs, qui auraient perturbé la sécurité interne, l’ordre public ou seraient liés à des actes de terrorisme, ils peuvent être mis en prison jusqu’à la fin de leur vie.

Exploitation sexuelle

Prostitution infantile

Dans les régions rurales, l’exploitation sexuelle des enfants n’est pas rare. Les enfants qui vivent ou travaillent dans la rue en sont souvent victimes. La Malaisie est un pays de destination pour beaucoup de femmes et de filles venant d’Indonésie, de Thaïlande, des Philippines, du Cambodge, du Vietnam, du Myanmar, de la Mongolie ou de la Chine. Alors qu’elles pensaient pouvoir trouver un travail correct ou accéder à une vie meilleure, la plupart d’entre elles se retrouvent forcées de se prostituer.

Le trafic d’enfants est donc très courant dans le pays et alimente l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales.

Les enfants qui se prostituent sont de plus souvent considérés comme des délinquants ou des immigrants illégaux et non comme ce qu’ils sont réellement, des victimes.

Abus sexuels

En Malaisie,il est fréquent qu’au sein de leur propre familles, les enfants soient victimes d’abus sexuels perpétués par un membre de la famille. Cela s’appelle l’inceste.

La loi prévoit une peine de 6 à 20 ans d’emprisonnement et des coups de canne pour une personne condamnée pour inceste. Cependant, le témoignage des enfants n’est accepté que s’il existe des preuves concordantes. Or, la plupart du temps, l’enfant est le seul témoin de l’acte qu’il a subi.

Travail des enfants

La loi interdit aux enfants âgés de moins de 14 ans de travailler, mais elle les autorise à participer au sein des entreprises familiales. Il est également légal pour les enfants de travailler pour ce qui a trait au divertissement public, pour le gouvernement au sein d’écoles ou encore en tant qu’apprentis.

Un enfant ne doit en aucun cas travailler plus de 6 heures par jour, plus de 6 jours par semaine ou pendant la nuit. Mais ces limites sont déjà bien trop élevées et vont à l’encontre de l’intérêt de l’enfant.

Enfants des rues

Au sein de l’état de Sabah, environ 15000 enfants sont nés de parents immigrants illégaux et vivent dans la rue. Ces enfants n’ont pas de citoyenneté car, selon la loi, ils ne peuvent être enregistrés sur les registres de naissance.

Ils n’ont pas non plus accès à un quelconque soutien de la part du gouvernement et sont souvent victimes de trafics. Ils sont forcés de se prostituer, de participer à des activités criminelles ou de travailler afin de subvenir à leurs besoins.

Les enfants réfugiés et leurs familles se retrouvent dans une situation plus ou moins similaire que celle des enfants des rues. En effet, ils ne sont pas bien accueillis, encore moins protégés et n’ont pas accès à l’éducation. Ils sont souvent l’objet de trafics et soumis à l’esclavage.

La Malaisie n’a pas ratifié la Convention relative au statut des réfugiés, ni son protocole, et elle ne dispose pas d’un système légal de protection. De ce fait, les réfugiés peuvent être expulsés et renvoyés d’où ils viennent alors même que leurs vies sont en danger.