Enfants d’Oman

Enfants d’Oman

Concrétiser les droits de l’enfant à Oman

    

Le Sultanat d’Oman, qui a célébré 2012 comme « l’année de l’enfance », est un des pays ayant fait le plus de progrès en matière d’espérance et de niveau de vie ces 40 dernières années. Une Commission nationale des droits de l’Homme y a été mise en place et les enfants ont pu en bénéficier dans les domaines de la santé et de l’enseignement. Cependant, et malgré d’autres améliorations et projets de lois toujours plus protecteurs des enfants, de nombreux problèmes subsistent dans les faits.

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Indice de Concrétisation des Droits de l’Enfant7,77 / 10
Niveau orange : Problèmes sensibles

Population : 3,6  millions
Pop. de 0 à 14 ans: 31,2%

Espérance de vie : 76,6 ans
Mortalité des moins de 5 ans : 10‰

Principaux problèmes rencontrés par les enfants à Oman

Un véritable problème de diffusion des droits de l’enfant

La législation du Sultanat prend de plus en plus en compte l’intérêt de l’enfant et améliore sa protection dans divers domaines.

Cela ne suffit pourtant pas à faire évoluer les traditions ni à concrétiser suffisamment les droits de l’enfant. Le Sultanat n’a pas encore permis l’effectivité de nombreux droits pourtant proclamés, telle l’interdiction du travail des enfants.

De plus, les lacunes en matière de diffusion des informations concernant les droits de l’enfant, notamment en zone rurale, influencent encore considérablement la situation quotidienne des enfants.

Enfin, il n’y a pas de véritable contrôle par le Sultanat du respect de ces droits et très peu d’ONG ou d’associations sont présentes sur le terrain ou communiquent sur ce thème. Le manque de collectes de données sur de nombreux sujets touchant les enfants des groupes les plus vulnérables reste très préoccupant.

Violation des droits des jeunes filles

Même si de nombreuses restrictions et quotas ont été supprimés, les discriminations envers les filles demeurent une réalité.

Droit de la famille

Il semblerait qu’il y ait encore beaucoup d’inégalités entre garçons et filles en droit de la famille, notamment en matière de successions.

Des inquiétudes avaient été  soulevées, notamment par le Comité des droits de l’enfant, concernant le fait qu’aucun héritage ne reviendrait  aux filles en cas de divorce des parents.

Mutilations génitales féminines

L’excision serait également pratiquée dans certaines familles, en vertu des traditions, malgré la tendance du gouvernement à ignorer ce genre de pratiques.

Mariage des enfants et exploitation sexuelle

En 2005, 17% des jeunes femmes omanaises âgées de 15 à 19 ans étaient mariées. Bien que l’âge légal soit aujourd’hui de 18 ans, les coutumes et traditions font que dans la réalité, les jeunes filles omanaises se marient avant cet âge.

Oman serait également un pays de destination et de transit à des fins de trafic, d’exploitation sexuelle et de travail domestique. Des cas de faux mariages ou de mariages forcés y sont en effet recensés.

Par exemple, des jeunes filles, en provenance d’Asie du Sud-Est, sont temporairement mariées puis vendues comme servantes et poussées à la prostitution en Oman.

Abandons d’enfants

Le Sultanat d’Oman n’offre pas la même protection aux enfants nés hors mariage qu’aux autres. Ils sont mis à l’écart de la société.

Donner naissance hors mariage est d’ailleurs un crime et amène les mères d’enfants non désirés à ne pas entrer en contact avec les autorités compétentes par peur d’une sanction légale. Ces enfants sont donc souvent abandonnés.

De plus, l’adoption des enfants est contraire aux principes de la loi islamique du Sultanat. Ainsi, ce sont souvent les institutions étatiques qui prennent en charge ces enfants qui ne pourront pas grandir ni être complètement intégrés au sein de la société.

Apatridie et droit à l’identité

Les enfants nés de mère omanaise mais de père étranger ne peuvent pas acquérir la nationalité omanaise. cette pratiques est discriminatoire à l’égard de la femme et de l’enfant. De plus, si l’enfant n’obtient pas la nationalité de son père, il devient alors apatride et ne sera pas protégé comme tout enfant omanais.

Maltraitances infantile

Malgré l’interdiction formelle des châtiments corporels à l’école, ceux-ci sont autorisés par décret lorsqu’ils sont utiles pour « élever » l’enfant.

Les enfants se voient donc encore souvent infliger de mauvais traitements physiques et psychologiques pouvant aller jusqu’aux sévices sexuels, aussi bien au sein des institutions qu’au sein de leur famille.

Ces violences sont le fait de comportements traditionnels et de l’absence de dialogue entre adultes et enfants. La population n’est pas informée de l’impact négatif de tels traitements sur les enfants et leur développement, ni sensibilisée aux formes non violentes de discipline et d’éducation.

Malnutrition

Malgré les efforts fournis par le Sultanat ces dernières années, les problèmes de malnutritions et de déficiences en fer restent présents. Avec un  PIB  de pourtant 18000 dollars par habitant en 2010, 9% des enfants de moins de 5 ans souffraient d’une insuffisance pondérale modérée et grave et 10% d’un retard de croissance modéré ou grave sur la période 2006-2010.

Droit à la santé et à l’éducation

Les enfants vivant dans les zones rurales et les enfants des ressortissants étrangers subissent des discriminations en matière d’accès aux soins et d’éducation et ce malgré les efforts du Sultanat pour permettre un accès à l’éducation dans les zones reculées, y compris pour les peuples nomades.

La question des enfants handicapés reste également préoccupante. Le pays a en effet tenté de les intégrer dans les écoles ordinaires et dispose également d’institutions spécialisées. Toutefois, ces établissements sont situés dans la capitale ou à proximité, ce qui les rend difficile d’accès et ne permet donc pas de réelle intégration des enfants handicapés.

Enfin,  la population n’est pas suffisamment informée sur le virus du VIH/SIDA. Les enfants qui sont atteints, dont la plupart se retrouvent déjà orphelins à cause de la maladie, sont dès lors très souvent marginalisés et exclus des familles.

Travail des enfants

Malgré l’adhésion du Sultanat aux instruments de protection des enfants contre le travail,le travail des enfants persiste, de manière informelle, dans certains secteurs tels que l’agriculture, la pêche ou des entreprises familiales.

Les enfants occupent souvent des emplois dangereux pour leur santé et leur sécurité.

Ils subissent généralement, en parallèle, des entraves à leur liberté de circulation et des journées de travail excessivement longues. Ils peuvent ne pas être suffisamment nourris et faire l’objet d’abus physiques et sexuels. Les jeunes filles employées comme domestiques constituent la catégorie de travailleurs la plus vulnérable.

Un cas typique du travail des enfants en Oman est celui des courses de chameaux pour lesquelles les enfants étaient souvent employés. Le Sultanat prétend aujourd’hui avoir éradiqué ces pratiques, mais le peu d’inspections menées permet de douter de ces dires. Les enfants étrangers notamment, seraient encore utilisés comme jockeys en raison de leur poids léger plus rentable.

Protection de l’enfant face aux dangers de la circulation

En Oman, un enfant meurt tous les quatre jours sur les routes. Beaucoup sont également gravement blessés, voire handicapés à vie en raison du taux d’accidents de la route très élevé pour la densité de population, et du nombre d’enfants roulant sans permis.

Justice des mineurs

Bien que des projets de lois soient apparemment en cours d’élaboration afin, non seulement de créer des tribunaux spéciaux pour juger les enfants mais aussi de réhausser l’âge minimal de leur responsabilité pénale, de nombreux enfants ont été condamnés à des peines de prison.

Les plaintes concernant des violences physiques et sexuelles ne sont pas assez enregistrées ni souvent poursuivies par les services de police. Le personnel n’est pas encore bien formé à la gestion de ce genre de situation et la population n’est pas assez encouragée à signaler les agressions.

Environnement

Malgré l’intérêt certain porté à la protection de l’environnement par le Sultanat, la pollution de l’eau (principalement due aux rejets liés aux exploitations de pétrole), le problème de la gestion des déchets et la pollution de l’air constituent des limites aux perspectives d’avenir des enfants omanais.