Enfants de Vanuatu

Enfants de Vanuatu

Concrétiser les droits de l’enfant en Vanuatu

 

Face à des difficultés socio-économiques, géographiques et politiques, le Vanuatu a du mal à appliquer la Convention internationale des droits de l’enfant. De gros efforts restent donc encore à faire, notamment en matière de santé, d’éducation et de maltraitance.

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orangeIndice de Concrétisation des Droits de l’Enfant : 7.7/10
Niveau orange : Problèmes sensibles

Population : 260,3 mille
Pop. de 0-14 ans : 29,6 %

Espérance de vie : 71,6 ans
Mortalité des – de 5 ans : 23 ‰

Principaux problèmes rencontrés par les enfants à Vanuatu:

Application des droits de l’enfant

De nombreuses pratiques coutumières guident encore la vie des habitants des îles du Vanuatu, entrant parfois en contradiction avec les principes internationaux des droits de l’Homme. Certains dirigeants de l’archipel tendent donc parfois à privilégier la tradition au détriment des droits des enfants et rechignent à les faire respecter.

Malgré quelques améliorations récentes, la législation nationale et le droit coutumier ne sont pas pleinement conformes aux dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant. Par conséquent, les programmes et services destinés aux enfants ne répondent pas non plus à ces exigences.

Santé

L’accès aux soins est l’un des plus gros soucis du pays en ce qui concerne les enfants. Le découpage du territoire en une multitude de petites îles sujettes aux catastrophes naturelles est un obstacle à la bonne mise en place des programmes nationaux.

De plus, le manque d’infrastructures, la rareté du personnel de santé, la mauvaise qualité des réseaux d’assainissement et l’accès restreint à l’eau potable de nombreux villages compliquent le fonctionnement des services de santé. Par ailleurs, le manque général de connaissances quant à la façon d’élever un enfant en bonne santé est également très prononcé en zones rurales.

Le taux de mortalité infantile est donc encore relativement élevé (16‰). Le Vanuatu est l’un des Etats du Pacifique où l’action de lutte contre la malaria menée par l’Organisation Mondiale de la Santé est la plus difficile.

Cette maladie est à l’origine de près de 20% des décès d’enfants de moins de 5 ans. De plus, la survie et le développement des enfants sont encore menacés par le paludisme, les infections aiguës des voies respiratoires et les maladies diarrhéiques.

De même, les politiques de santé en faveur des adolescents ne sont pas suffisantes, en particulier en ce qui concerne les accidents, le suicide, la violence et la consommation d’alcool et de tabac. La propagation des maladies sexuellement transmissibles chez les jeunes et le nombre élevé de grossesses chez les adolescentes (estimé à 92‰) sont également très préoccupants.

Education

L’isolement et la pauvreté des villages posent également un gros problème d’accès à l’éducation.

Malgré les engagements du Vanuatu d’offrir un enseignement primaire obligatoire, gratuit et de qualité à tous les enfants d’ici 2015, la situation est peu encourageante : faible taux d’alphabétisation, frais d’étude trop élevés, mauvaise qualité de l’enseignement, manque général de manuels scolaires et nombre encore insuffisant d’enseignants qualifiés.

De plus, le grand nombre de langues (80 à 100 langues locales, 2 langues officielles et 1 langue nationale, le bislama) ne facilite pas les choses. L’éducation n’est en effet proposée que dans les deux langues officielles, le français et l’anglais, qui sont les langues maternelles de seulement 4% de la population.

L’abandon scolaire est relativement élevé et en 2008 seuls 38% des enfants en âge d’être inscrits en cycle secondaire l’étaient réellement.

Selon l’UNESCO, ces jeunes se retrouvent dans une situation très difficile : sans formation professionnelle, ils n’ont pas d’emploi et pas appris les codes nécessaires à la vie moderne, mais comme le système scolaire les a éloignés du mode de vie de leurs parents ils ne savent pas non plus s’adapter à la vie d’un village traditionnel.

Discriminations

Fortement influencée par une société traditionnellement dominée par les hommes et malgré les améliorations récentes, la législation vanuatuane est encore très discriminatoire à l’égard des filles et des femmes.

Par exemple, une femme étrangère demandant la nationalité vanuatuane ne peut pas la demander pour ses enfants en même temps, alors qu’un homme le peut.

Mais même quand la loi est équitable, les pratiques culturelles discriminatoires continuent de défavoriser les filles, qui sont moins scolarisées que les garçons et plus souvent victimes de violences. Ceci vient en partie des croyances selon lesquelles les menstruations féminines auraient des effets polluants et nocifs.

Enfants handicapés

Les droits des enfants handicapés ne sont pas assez protégés au Vanuatu. Les programmes (notamment de diagnostic précoce) et les services destinés à ces enfants n’ont pas suffisamment de moyens pour fonctionner correctement. Ils souffrent par conséquent d’un manque d’intégration dans la société.

Mariage d’enfant

L’âge légal de mariage des filles est de 16 ans, contre 18 pour les garçons. Dans certaines îles isolées, des enfants sont parfois mariés plus jeunes. Ainsi, 13% des filles de moins de 19 ans sont mariées ou vivent en union. Ceci favorise l’abandon scolaire et les grossesses précoces, au détriment de leur santé et de leur éducation.

Maltraitance

Si la maltraitance d’enfant n’est pas un phénomène particulièrement répandu au Vanuatu, le gouvernement ne fait pas assez pour lutter contre. Bien qu’ils soient interdits dans les écoles, l’utilisation des châtiments corporels comme punition n’est pas proscrite à la maison.

Certaines pratiques traditionnelles et culturelles l’encouragent même de façon générale dans la société, y compris au sein des organes judiciaires.

Les femmes et les filles sont particulièrement touchées par la violence. La coutume selon laquelle l’époux apporte une dot à la famille de sa femme en échange du mariage encourage une vision de la femme-objet qui serait achetée.Cela justifie souvent ces violences aux yeux de la société, alors même que la loi ne la considère pas comme une excuse acceptable.

Les violences au sein de la famille et les cas de maltraitances et d’abus, y compris sexuels, contre les femmes et les enfants ne font donc pas l’objet d’enquêtes appropriées et ne sont pas suffisamment punis. Les enfants victimes de violences ne sont pas non plus correctement soutenus lors des procédures judiciaires et lors de leur réinsertion sociale.

Exploitation sexuelle

Au Vanuatu, l’inceste est encore considéré comme une infraction pour les filles âgées de 15 ans ou plus. Cela signifie qu’une jeune fille sexuellement abusée par un proche parent sera traitée comme une coupable par la justice, et non comme une victime. Ce traitement peut dissuader les enfants de rapporter l’agression et empêche toute réparation des torts.

Travail des enfants

Les enfants du Vanuatu commencent généralement à travailler très jeunes en raison notamment d’un accès limité à l’éducation.

La loi interdit de faire travailler des enfants avant 12 ans, sauf dans les productions agricoles familiales où beaucoup d’entre eux aident leurs parents. A cause de cette limite basse et de cette exception, beaucoup d’enfants travaillent dans des conditions inappropriées pour leur jeune âge.

Justice

L’âge minimum légal de la responsabilité pénale est fixé à 10 ans, une limite beaucoup trop basse par rapport aux 15 ans recommandés par les textes internationaux.

Par ailleurs, la procédure judiciaire applicable aux mineurs n’est pas non plus conforme aux normes internationales pertinentes. Les professionnels de la justice et les forces de l’ordre manquent de moyens et ne sont pas suffisamment formés pour pouvoir prendre correctement en compte les besoins spécifiques des enfants.

De plus, de nombreux villages privilégient la résolution des crimes et conflits de manière traditionnelle (kastom faen).

Il n’est ainsi pas rare que des plaintes déposées auprès de la police soient plus tard retirées à la suite, parfois, de l’intervention d’un chef de village. Ces jugements coutumiers ne sont pas toujours équitables et ne prennent pas correctement en compte les besoins spécifiques des enfants.

Les lois coutumières encore en vigueur dans les îles de l’archipel de Vanuatu permettent même parfois d’échanger ou de donner des enfants comme réparation ou règlement des conflits.

Cet échange est perçu comme un atout pour l’enfant, qui n’est souvent pas coupé de sa famille naturelle, car il se retrouve ainsi avec une large famille étendue et donc une grande protection. Cependant, cette coutume favorise la vision de l’enfant comme un objet et peut perturber son bon développement.