Engagement historique pour mettre fin aux pires formes de travail des enfants

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Début août 2020, les 187 pays membres de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ont ratifié la Convention N° 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, un événement que des organisations internationales telles que Human Rights Watch (ici HRW) ont acclamé comme une « étape décisive »[1]. (Wurth, 2020)

Dans un mouvement sans précédent, tous les pays membres ont ratifié universellement une convention du travail. Cette ratification de l’OIT est essentielle car elle permet aux États d’organiser des réformes nationales concernant le travail des enfants, qui s’avèrent particulièrement cruciales dans le cadre de la COVID-19, une crise sanitaire qui menace la présence des enfants dans les écoles.

HRW fait des rapports sur les formes de travail des enfants dans le monde, notamment aux Philippines, aux États-Unis, en Indonésie et au Zimbabwe, et il en conclut que la pauvreté incite souvent les enfants à quitter l’école et à se livrer à des formes de travail. L’UNICEF et Save the Children ont fait des rapports similaires sur la possibilité que 672 millions d’enfants vivent dans la pauvreté d’ici décembre 2020. Il est évident que les gouvernements du monde entier doivent saisir l’occasion offerte par la ratification de l’OIT pour agir en investissant dans « des programmes de protection sociale pour soutenir les familles qui vivent dans la pauvreté, supprimer les obstacles à l’éducation pour tous les enfants, et créer des lois et des politiques fortes pour identifier et éradiquer les pires formes de travail des enfants »[2].  (Wurth, 2020)

Dans cet article, Humanium analyse la situation du travail des enfants en Inde, où la question du travail des enfants est omniprésente – plus de 8 millions d’enfants travaillent dans les secteurs de l’agriculture, de la production industrielle, de l’extraction minière et des services domestiques. En collaboration avec d’autres ONG, Humanium souhaite combattre le problème du travail des enfants. Avec la ratification de la Convention N° 182 de l’OIT, Humanium exhorte le gouvernement indien, entre autres, à adopter une position radicale contre le travail des enfants et à organiser des actions nationales concrètes afin de protéger les enfants, pendant et après la pandémie COVID.

Introduction rédigée par Leah Benque

Traduite par Kyle Estment-Shah

Corrigé par Dominique Jaensch


Le travail infantile en Inde

What is the first thing you think about when someone mentions India? The beauty of Indian culture, food, history, environment? Or do you perhaps think of air pollution, overpopulation and poverty faced by many Indians? India is definitely a place that produces mixed images for a large number of people.

While there are, without any doubt, numerous important issues that need to be addressed, news outlets often overlook one of the most significant issues in India – child labor. You might be surprised to know that in India there are over 8.3 million child laborers who are between the ages of 5 and 14. (Save the Children, 2016)

Quelle est la signification du travail infantile ?

L’Organisation Internationale du Travail (OIT), une filiale des Nations Unies, définit le travail des enfants comme « un travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et qui nuit à leur développement physique et mental ». (Organisation Internationale du Travail, non daté).

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Le travail des enfants s’étend à de nombreuses activités différentes telles que l’agriculture, l’industrie, les mines et les services domestiques (telle que la prostitution). Les enfants sont contraints au travail en raison de facteurs bien distincts; la migration, les urgences, le manque de travail décent disponible et la pauvreté reconnue comme le facteur le plus influent. (UNICEF, 2017)

Quelles sont les effets du travail sur les enfants ?

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L’éducation est un aspect important du développement d’un enfant, car elle lui permet d’acquérir les compétences nécessaires pour évoluer dans le monde moderne. Cependant, le travail à un stade précoce empêche les enfants d’aller à l’école et d’acquérir de telles compétences. Dans la plupart des cas, une énorme pression est exercée sur ces enfants pour subvenir aux besoins de leur famille, d’autant plus qu’il n’existe généralement aucune autre source de revenu au sein du ménage. (ILO, 2017)

Par ailleurs, les conséquences psychologiques du travail des enfants sont souvent aussi sévères que les effets physiques, ce qui peut engendrer des traumatismes à long terme. Les enfants qui ont subi d’horribles actes de violence peuvent grandir et développer des maladies mentales telles que la dépression, la culpabilité, l’anxiété, la perte de confiance et le désespoir. (Khan, 2016)

Que se passe-t’il en Inde ?

Le travail des enfants n’est pas l’apanage de l’Inde uniquement mais est prévalent dans de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et même d’Europe. Des entreprises occidentales telles que GAP ont été fortement critiquées pour avoir exploité des enfants dans leur processus de fabrication. Beaucoup de ces établissements qui exploitent les enfants pour un travail gratuit sont situés en Inde.

Les principaux états en Inde où l’exploitation des enfants est présente sont le Bihar, l’Uttar Pradesh, le Rajasthan, le Madhva Pradesh et le Maharashtra. C’est là où se regroupe plus de la moitié de la population globale des enfants qui travaillent. L’Uttar Pradesh compte le plus grand nombre d’enfants travailleurs avec plus de 20% de ces enfants résidant dans cet état seul. (Save the Children, 2016) La plupart de ces enfants travailleurs sont recrutés par l’industrie de la soie qui est très répandue dans la région.

« Des enfants à peine âgés de 5 ans travaillent dans des usines plus de douze heures par jour, sept jours par semaine. Ils se tiennent en position accroupie dans des espaces exigus à peine éclairés, exposés aux émanations des machines sans la moindre ventilation. Pour produire la soie, ils doivent prendre des mesures qui leur sont nuisibles, par exemple immerger leurs mains dans de l’eau extrêmement chaude – ce qui provoque des cloques. » (Travail des Enfants dans le Monde, non daté)

Quelle est la cause du travail des enfants en Inde ?

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Malgré l’essor économique de l’Inde, le pays est confronté à une problématique importante de précarité, avec plus d’un tiers de la population indienne vivant sous le seuil de pauvreté. En raison des conditions difficiles de vie, du faible taux des revenus et du manque de diversité des emplois, les familles démunies n’ont d’autre choix que de mettre leurs enfants au travail plutôt que de les instruire. Souvent, ces enfants sont vendus à des trafiquants par leurs parents pour alléger leur fardeau économique et gagner de l’argent supplémentaire. (SOS children villages, non daté)

Que fait le gouvernement indien pour remédier à ce problème ?

Le gouvernement indien a adopté plusieurs lois au cours des dernières décennies pour lutter contre le travail des enfants. Ces lois incluent la loi sur le système de travail forcé de 1976 (Abolition) et le projet d’amendement sur le travail des enfants de 2016 (Interdiction et Réglementation). Le gouvernement indien a également mis en place des comités et des institutions tels que le Comité Gurupadswarmy qui enquêtent sur l’exploitation des enfants.

Le Ministère du Travail et de l’Emploi a également mis en œuvre de nombreux projets de réhabilitation des enfants travailleurs depuis la fin des années 1980. Des organisations non gouvernementales (ONG) telles que Care India, Child Rights and You and Hand in Hand India ont été mises en place pour soutenir le gouvernement dans sa lutte contre le travail des enfants. (Wikipédia, non daté)

Le travail d’Humanium et son partenariat avec Hand in Hand India

Chez Humanium, nous nous engageons à mettre un terme aux violations des droits de l’enfant dans le monde entier en mettant en œuvre des projets pour les enfants à l’échelle mondiale en coopération avec des partenaires locaux. En Inde, Humanium a collaboré avec succès avec « Hand In Hand India » dans le cadre de plusieurs projets visant à améliorer de façon durable la vie et les conditions de vie de nombreux enfants et de leurs communautés.

C’est précisément par ce partenariat avec « Hand in Hand India » que nous sommes en première ligne pour reléguer le travail des enfants à l’histoire en Inde – Tamil Nadu et Madhya Pradesh. Dans le Madhya Pradesh (district de Dhar), Humanium a ouvert un Centre Résidentiel de Formation Spécialisée pour 50 filles afin de mettre un terme au travail des enfants par l’éducation, en leur offrant un soutien éducatif, physique, mental et émotionnel adapté, et pour finalement réintégrer les filles dans des écoles publiques.

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Il y a quelques années, le Dr Kalpana Sankar, fondatrice de Hand in Hand India, a reçu une distinction précisément pour son combat en faveur de l’éradication du travail des enfants en Inde, ayant remis à l’école plus de 300 000 enfants (anciens enfants travailleurs), dont au moins 50 000 avec le soutien d’Humanium.

En tant que membre de Child Rights Connect (CRC), une organisation qui a rédigé la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant il y a de nombreuses années, Humanium est fermement convaincu que les enfants instruits ont un rôle important à jouer dans la mise en place d’un changement durable, lorsqu’ils sont capables de faire face et d’aider à surmonter les défis du changement climatique dans les années à venir. Vous pouvez également contribuer à la sensibilisation du problème des enfants dans le monde en soutenant Humanium – soit en parrainant un enfant, en faisant un don, en devenant un membre ou un bénévole.

Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les droits des enfants deviennent une réalité.

Écrit par Ambika Ria Ramachandra

Traduit par Sunny Katharina Kaup

Corrigé par Dominique Jaensch

Bibliographie:

Child Labour in the World. (n.d, n.d n.d). Indian Silk Industry And Child Labour, accessed on 22 March 2020.

Hand In Hand India. (n.d, n.d n.d). Child Labour Elimination Programme, accessed on 22 March 2020.

ILO. (2017, June 08 ). Fact Sheet: Child Labour in India, accessed on 22 March 2020.

International Labor Organisation. (n.d, n.d n.d). What is child labor?, accessed on 22 March 2020.

Khan, T. (2016, June 13). Child labour and its Dismal Psychological Implications, accessed on 22 March 2020.

Save the Children. (2016, May 04). Statistics of Child Labour in India State Wise, accessed on 22 March 2020.

SOS children’s villages. (n.d, n.d n.d). Child Labour in India, accessed on 22 March 2020.

UNICEF. (2017, May 22). Child protection from Violence, exploitation and abuse, accessed on 22 March 2020.

Wikipedia. (n.d, n.d n.d). Child labour in India, accessed on 22 March 2020.


[1] Wurth, Margaret. (2020, August 5), “Historic Commitment to End Worst Forms of Child Labor,” Human Rights Watch. Retrieved from HRW News.

[2] Wurth, Margaret. (2020, August 5), “Historic Commitment to End Worst Forms of Child Labor,” Human Rights Watch. Retrieved from HRW News.