Enfants du Honduras
Concrétiser les droits de l’enfant au Honduras
Le Honduras est un des pays les plus pauvres d’Amérique centrale. Bien que la situation des enfants s’y soit améliorée depuis quelques années, des problèmes découlent directement du très faible niveau de vie ainsi que du climat d’insécurité qui y persiste.
Population : 8,5 millions Espérance de vie : 73,8 ans |
Principaux problèmes rencontrés par les enfants au Honduras:
Diffusion des droits de l’enfant et mentalités
Les données concernant la situation des droits de l’enfant au Honduras sont insuffisantes en raison d’obstacles dans les enquêtes des défendeurs des droits et des journalistes, qui sont souvent arrêtés et parfois même tués, ainsi que de par l’absence de collecte d’informations par l’Etat hondurien lui-même.
D’autre part, les mentalités n’intègrent pas l’enfant comme une personne titulaire de droits et la notion d’intérêt supérieur de l’enfant, bien que légalement reconnue, n’est pas appliquée. Ces mentalités, en particulier concernant les sévices sexuels, les violences familiales et les violences envers les filles et les communautés autochtones, évoluent lentement.
La corruption est très présente et le manque de diffusion des droits de l’enfant, notamment en zone rurale, influencent la situation quotidienne des enfants.
Le personnel en contact avec les enfants n’est pas assez formé et il en résulte que les mauvais traitements sont courants et les opinions des enfants rarement prises en compte.
Pauvreté
La situation économique a des effets dévastateurs sur le niveau de vie des enfants en particulier dans les zones rurales. S’agissant des zones urbaines, les enfants les plus touchés sont ceux vivant dans les «barrios marginales », quartiers très défavorisés, avec peu ou pas d’équipements collectifs, qui se développent autour des villes.
Les prix de la nourriture et de l’eau sont trop élevés pour la majeure partie de la population qui ne peut subvenir à ses besoins ni avoir accès aux produits de base, aux services de santé et à l’éducation. Par nécessité, certaines familles préfèrent faire travailler leurs enfants afin que toute la famille puisse être nourrie plutôt que de les envoyer à l’école.
De plus, près de 50% des familles honduriennes sont monoparentales, et ne bénéficient d’aucune aide.
n raison de ces difficultés, beaucoup d’enfants se retrouvent sans protection familiale. Certains sont accueillis dans des centres de protection, mais les dépenses sociales sont insuffisantes pour qu’une action efficace soit mise en ouvre. En 2009, l’Unicef dénombrait plus de 150 000 orphelins.
L’accès à l’éducation est essentiellement lié à la pauvreté. Par exemple, en l’absence d’accès à l’eau potable, les enfants seront envoyés chercher de l’eau et ne pourront donc pas suivre les cours.
Beaucoup d’enfants, et surtout de filles, ne vont pas à l’école également par crainte des vols et violences dues au climat d’insécurité ambiant.
De plus, le niveau qualitatif et quantitatif de l’enseignement est bas, surtout en zone rurale : les heures de cours sont rares, l’année scolaire est courte, il a peu d’enseignants, peu de manuels, une surcharge dans les classes, pas de formation technique ni de structure préscolaire. En résulte des taux d’abandon et d’analphabétisme élevés.
D’autre part, les programmes scolaires, le matériel et les méthodes d’enseignement sont inadaptés au contexte culturel. Le Honduras comprend de nombreux groupes ethniques différents dont les populations parlent des dialectes locaux, tel le Garifuna ou le Créole.
Or le système national ne prévoit pas de système de traduction vers les deux langues d’apprentissage, l’anglais et l’espagnol. Cela entraîne de grosses difficultés de formation au sein de ces groupes et ainsi des taux d’analphabétisme nettement supérieurs à la moyenne nationale.
Assainissement de base
Tous les foyers n’ont pas accès à l’eau potable ou à l’assainissement de base, en particulier dans les zones reculées. Ainsi, en 2008, encore plus de 23% de la population n’utilisait pas de source d’eau potable améliorée en zone rurale.
Adolescents
On note chez les jeunes, et particulièrement chez les adolescents, un fort taux de suicide et un grand risque de mortalité maternelle de part le recours aux avortements clandestins. Il y a une également une forte consommation d’alcool et de tabac ainsi que de nombreux autres cas de toxicomanie.
Drogues
Les orphelinats n’accueillent pas beaucoup d’enfants des rues et ceux-ci s’enfuient souvent en raison de leur état de manque. En effet, plus de 90% d’entre eux oublient la faim en inhalant du « résistol »; c’est-à-dire de la colle à chaussure. Mais cette substance, moins chère que la nourriture, est cependant très toxique et de nombreux enfants meurent avant 18 ans.
Les enfants handicapés sont rarement pris en charge au Honduras du fait du manque d’infrastructures et de systèmes d’adaptation appropriés. Ainsi, beaucoup ne sont pas scolarisés dans l’enseignement primaire ou interrompent leurs études prématurément. Par la suite, l’insertion sociale est tout aussi limitée.
Le virus progresse à un rythme inquiétant. En 2009, seuls 28% des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans avaient une connaissance d’ensemble de la maladie. Le risque de transmission mère-enfant est ainsi très élevé compte tenu du nombre de femmes porteuses du virus dans le pays.
Cette maladie atteint triplement les enfant honduriens puisqu’en plus de devenir malades ou orphelins à cause du SIDA, ils sont également discriminés du fait de l’ignorance de la population.
En 2010, 16% des enfants travaillaient. Le phénomène touche à la fois le secteur agricole pour la récolte des légumes, mais également les mines, la pêche en haute mer, la main d’oeuvre féminine dans les grosses usines, etc. Les enfants travaillent dans des conditions très risquées pour leur santé. Les enfants des zones rurales et des populations autochtones sont particulièrement touchés.
Les enfants employés domestiques oeuvrent souvent dans des conditions difficiles (longs trajets et longues journées, faibles salaires…). Privés de sécurité sociale et d’autres prestations prévues par le droit du travail hondurien, ces enfants, et plus particulièrement les filles, sont aussi exposés aux violences, notamment sexuelles, de la part de leurs employeurs.
Environnement et climat
Le Honduras est régulièrement touché par des tempêtes et des ouragans d’une forte violence qui endommagent et détruisent des infrastructures (écoles, maisons construites en matériaux de récupération, routes, récoltes, assainissement…). Ces évènements empêchent l’accès aux école, aux soins et contribuent ainsi à la pauvreté générale et à la dégradation de la situation des enfants.
Exploitation sexuelle, traite et mariages d’enfants
Malgré la ratification par le Honduras du Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, aucun organe gouvernemental n’a la responsabilité d’appliquer des mesures en vue de sa mise en œuvre et peu d’efforts ont été déployés pour faire prendre conscience de ce problème.
Toutes les formes d’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales demeurent répandues au Honduras. Les petites filles et les enfants de migrants sont particulièrement exposés à ces risques.
Les mariages d’enfants constituent également un problème puisqu’en 2010, 11% des enfants étaient mariés dès l’âge de 15 ans, et 39% à l’âge de 18 ans.
Les enfants des rues sont surtout présents dans les deux plus grosses villes du Honduras: Tegucigalpa et San Pedro Sula. La plupart sont des garçons et ont quitté la maison aux alentours de 12 ans.
Ils sont livrés à la violence quotidienne, aux maladies, à la faim, au risque de faire l’objet d’une exploitation dans le cadre de la prostitution… Pour survivre, ils doivent voler, faire les poubelles, ou encore nettoyer des chaussures.
Beaucoup choisissent la violence comme voie de survie. Ce sont les plus pauvres et les plus marginalisés. Ils sont perçus comme de la vermine et souvent accusés de tous les crimes possibles, dont le premier est celui de faire fuir les investisseurs et les touristes.
Des enfants sont en effet enrôlés dans les “Maras”, bandes semant la terreur, dans lesquelles les jeunes retrouvent une sorte de cadre familial. Dès lors, certains sont assassinés, d’autres deviennent des tueurs et, s’ils décident de quitter le groupe, ils risquent une exclusion totale, le mépris, les insultes et les coups,voire même la mort.
Maltraitances
Il parait urgent de promouvoir des techniques non violentes de discipline et d’éducation au Honduras. En effet, le code de la famille autorise les châtiments corporels, et les violences ainsi que les sévices sexuels sont répandus au sein des familles, à l’école et dans les institutions. Les poursuites restent rares et peu d’enquêtes débouchent sur une condamnation.
D’autre part, il existe peu de services de soutien psychologique ou d’aide à la réinsertion pour les enfants victimes de violences, plus souvent perçus comme criminels que comme victimes.
Justice pour mineurs
Exécutions extrajudiciaires et disparitions
Le Honduras est l’un des pays les plus violents au monde. On y recense beaucoup de disparitions et d’exécutions extrajudiciaires d’enfants. Ces actes seraient commis par les forces de police, par les gangs entre eux ou encore par la population anti-maras: On note en effet de plus en plus de groupes extramilitaires comme « Sombra Negra» qui se charge de ce type d’actes.
En 2012, 78 exécutions arbitraires et morts violentes de jeunes de moins de 23 ans ont été signalées, dont 64 par arme à feu.
La plupart de ces actes se produisent dans les quartiers défavorisés et il n’y a souvent ni enquête ni condamnation.
Responsabilité pénale
La responsabilité pénale des enfants peut être reconnue dès 12 ans, bien qu’en dessous de 18 ans les délits commis par l’enfant relèvent d’un code de l’enfance spécifique.
Le gouvernement a mis en place des lois anti-maras qui permettent la condamnation d’un membre de gang sur la base de preuves peu tangibles. L’article 332 du Code pénal institue par exemple le délit d’«association illicite» et de nombreux enfants sont arrêtés et détenus en raison de la simple présomption qu’ils font partie d’une bande à cause de leur apparence.
Le recours à la détention provisoire est quasi systématique et il existe peu de mesure de substitution efficace à la privation de liberté pour les enfants.
Les conditions de détention sont mauvaises : surpopulation,manque de services médicaux et psychologiques, hygiène insuffisante, violations systématiques du droit à la vie privée, décisions de placements sans réexamen périodique, et détentions d’enfants non séparés des adultes.
Torture
Beaucoup d’enfants sont frappés pendant ou après leur arrestation. Certains sont torturés avant d’être tués. Les forces de police sont souvent impliquées mais là encore, peu d’enquêtes sont entreprises pour identifier et sanctionner les responsables. Une idée générale répandue est que ces acte sont perpétrés par les gangs d’enfants rivaux. Mais certaines Organisations démentent cette perception puisque, selon elles, ces actes se feraient avec la complicité du gouvernement dans le but de “nettoyer les rues”.