Enfants de la Jamaïque
Concrétiser les droits de l’enfant en Jamaïque
La Jamaïque, tristement célèbre pour les violences qui y règnent au quotidien, fait régulièrement l’objet de critiques en matière de droits de l’homme. Le pays a cependant fait de belles avancées en matière de protection des droits humains en adoptant notamment la CIDE mais également la loi sur la prise en charge et la protection des enfants.
Population : 2,8 millions Espérance de vie : 73,5 ans |
Principaux problèmes rencontrés par les enfants en Jamaïque :
L’économie jamaïcaine repose principalement sur l’activité tertiaire, puisqu’elle représente 60% du PIB. Avec environ deux millions de visiteurs par an, le tourisme reste le secteur qui rapporte le plus au pays.
Cependant, le luxe des complexes touristiques qu’offre l’île représente une réalité bien différente par rapport aux 2,8 millions de Jamaïcains qui vivent dans la pauvreté. En effet, il existe un fort taux de chômage en Jamaïque, ce qui accentue la précarité de la population mais également les problèmes liés au crime et aux gangs, notamment ceux des réseaux de drogue.
Bien qu’ayant fait des progrès, la Jamaïque doit encore faire face à de nombreux défis pour offrir à tous les enfants les mêmes opportunités en matière d’accès à l’éducation. Les enfants issus des zones rurales et des banlieues urbaines défavorisées ont un accès restreint au système éducatif.
Le problème réside principalement dans le fait qu’en Jamaïque, seule l’école primaire est gratuite. Avec des frais de scolarité souvent trop élevés pour les plus défavorisés, certains jeunes jamaïcains, obtenant de bons résultats, n’auront pas l’opportunité de poursuivre leurs études au niveau supérieur. A cela s’ajoute un manque cruel d’équipement dans les salles de classe.
Le système éducatif jamaïcain a encore des progrès à faire afin d’offrir à ses enfants des opportunités égales d’étudier voire d’exceller.
Si les jeunes jamaïcains se retrouvent contraints à vivre dans la rue, c’est principalement à cause du VIH/Sida (orphelins touchés par ce virus), de la pauvreté, de la violence ou encore des migrations. La négligence qui touche ces enfants et la faiblesse du système social en font des proies faciles pour les gangs qui sévissent dans le pays.
De plus, ces enfants n’ont pas accès à l’école et doivent travailler pour subvenir à leurs besoins, ce qui met en péril leur santé et viole leurs droits fondamentaux.
Exploitation sexuelle des enfants
Les enquêtes ont démontré que les abus sexuels restent très fréquents en Jamaïque. Ainsi une jeune fille sur deux déclare avoir été forcée lors de sa première relation sexuelle. Des ONG ont d’ailleurs rapporté que dans certains gangs, les leaders et parfois même les pères de jeunes filles, considéraient comme un « droit » le premier rapport sexuel avec celles-ci.
Par ailleurs, la pauvreté contraint certaines jeunes filles à se prostituer, notamment dans les zones très touristiques de l’île. Des études ont en effet mis en évidence le nombre élevé de mineur(e)s offrant leurs services en échange d’argent ou voire même de nourriture. Une enquête du Bureau International du Travail note que les plus jeunes enfants se prostituant avaient à peine dix ans.
Ces mineurs se distinguent sur différents points : enfants des rues, enfants prostitués de façon formelle, enfants prostitués occasionnels, jeunes gens recrutés comme danseurs ou masseurs (-euses)…
Les risques encourus par ces enfants sont grands et l’absence d’utilisation du préservatif augmente les risques de grossesses et de maladies sexuellement transmissibles. Ceci bien sûr, sans compter le traumatisme psychologique que subissent les enfants.
La Jamaïque doit également faire face au VIH/Sida. En effet, malgré de nombreux efforts entrepris au niveau national, force est de constater que l’épidémie continue de s’étendre. 10% des personnes atteintes de la maladie sont des enfants de moins de 18 ans (soit environ 20 000 enfants atteints dont 5 000 orphelins). Dans la plupart des cas, la transmission se fait de la mère à l’enfant.
Les risques d’exclusion et de marginalisation de ces enfants sont très grands. La plupart ne seront jamais intégrés au sein de la société.
Pour remédier à cela, de nombreuses actions ont été mises en place telles que la prise en charge de plus en plus systématique des enfants qui peuvent dès lors bénéficier d’un traitement ou encore la multiplication des interventions de sensibilisation auprès des jeunes afin de réduire les pratiques sexuelles à risque.
Enfants et violences
Avec un des taux de criminalité et d’homicide le plus élevé d’Amérique, les violences quotidiennes en Jamaïque ont un effet dévastateur sur les enfants.
Ces derniers ne peuvent pas s’épanouir librement puisque l’école et les activités extra-scolaires sont bien souvent interrompues pour cause de troubles civils. Témoins d’agressions, de braquages et des guerres de gang, les petits jamaïcains sont traumatisés et subissent de gros troubles psychologiques, pire même, certains sont recrutés de force par les gangs.
Il reste beaucoup à faire pour protéger ces enfants qui doivent subir les conséquences d’une impunité et d’une corruption devenues que trop banales.
Selon les Nations-Unies, en Jamaïque, les enfants détenus seraient enfermés dans les mêmes cellules que les adultes dans les centres de détention. De plus, les enfants qui nécessiteraient une aide ou une protection particulière ne sont pas pris en charge de façon adéquate. En effet, les enfants nécessitant des soins psychiatriques ou médicaux n’y ont quasiment pas accès, on relève de nombreux cas de jeunes filles atteintes du VIH/Sida qui ne peuvent même pas consulter un médecin.
En Jamaïque, 10% des naissances ne sont pas enregistrées avant l’âge d’un an. Cela pose de nombreux problèmes, ces enfants qui sont considérés comme invisibles aux yeux de la société ne peuvent pas faire valoir leurs droits même les plus essentiels.