Enfants du Lesotho

Concrétiser les droits de l’enfant au Lesotho

La situation au Lesotho s’améliore constamment, non seulement en ce qui concerne la protection des enfants, mais aussi sur le plan économique. Néanmoins, la présence du SIDA / VIH et la diminution des ressources économiques ont profondément affecté le Lesotho et cette situation affecte également le développement des enfants.

Indice des Droits de l’Enfant: 5,93 / 10
Niveau noir : situation très grave

Population : 2,1 millions
Pop. de 0 à 14 ans : 32.47 %

Espérance de vie : 54.37 years
Mortalité des moins de 5 ans : 57.53 ‰

Un coup d’oeil sur le Lesotho

Le Lesotho est un petit pays du sud de 2 millions d’habitants. Le pays est enclavé en Afrique du Sud. L’économie du Lesotho s’améliore avec une croissance économique de 2,6% et sa population est jeune, 38% d’entre eux étant des enfants de moins de 18 ans (UNICEF, 2018).

Les principaux défis auxquels le pays est confronté sont la pauvreté et les problèmes de santé. Hormis une légère amélioration signalée concernant la diminution de la pauvreté au cours des 15 dernières années (World Bank, 2019), plus de la moitié de la population (environ 51%) vit dans la pauvreté, en dessous du seuil de la pauvreté national de 1,50 USD par jour. En matière de santé, le plus grand défi reste le niveau élevé de VIH / SIDA ainsi que la tuberculose. En effet, avec une prévalence de 25% dans la population adulte (15-49 ans), elle en fait la deuxième plus élevée au monde.

Un bref aperçu de ses débuts pourrait commencer au XIXe siècle, lorsque des agriculteurs néerlandais migrants sont arrivés à baSotho (aujourd’hui connu sous le nom de Lesotho) et ont obtenu des terres grâce à un règlement en vertu du droit coutumier. Malgré un «traité d’amitié», un groupe néerlandais appelé Voortrekkers a déclaré être une république distincte en 1843. Pour se défendre contre les Voortrekkers, le Roi Moshoeshoe avait besoin d’une association avec les Britanniques. Un protectorat a été confirmé et officialisé en 1868, après quoi le Basutoland a été annexé à la Colonie du Cap.

Tous ces événements ont abouti à la Guerre des Armes à feu de 1880, qui a commencé lorsque l’administration a tenté de désarmer la population locale. Puis, en 1884, le Basutoland est devenu une colonie britannique (SAHO, 2020). De nombreuses années de violence, de discrimination, et de profonde déception ont été le résultat de ces événements qui ont façonné l’histoire des débuts du pays. Bien que le pays soit devenu indépendant en 1966, ceci n’a pas apporté de stabilité. Jonathan Leabua est devenu le premier Premier ministre et des années de batailles politiques et de violence se sont poursuivies.

Statut des droits des enfants [1]

En 1992, le gouvernement du Lesotho a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) et, depuis les années 80, a formulé davantage de lois et de politiques sur les problèmes des enfants (Social Work and Society, 2018).  Par exemple, la loi de 2011 sur la protection et le bien-être des enfants énonce les droits de l’enfant étant reconnus comme fondamentaux, au moins dans la loi. Elle énonce les droits de l’enfant et les responsabilités des parents et de l’état comme étant: l‘identité de l’enfant, le droit à l’enregistrement (également pour les orphelins et les enfants vulnérables), de vivre avec les parents dans un environnement bienveillant, à l’éducation et à la santé, aux activités sociales, de l’enfant handicapé, du droit d’opinion, du droit d’être protégé contre l’exploitation du travail, et bien d’autres (Children’s Protection and Welfare Act, 2011).

Malgré de nombreux progrès, les enfants du Lesotho sont confrontés à de nombreux défis concernant leurs droits. Certaines violations graves des droits de l’enfant sont souvent signalées et elles prennent la forme de maltraitance des enfants ainsi que certaines pratiques traditionnelles néfastes (circoncision masculine, déshéritage de biens). En outre, il est rapporté que seuls 46% des enfants entre 12 et 18 ans avaient un certificat de naissance en 2017. Cela peut avoir un impact énorme sur leur accès aux services primordiaux tels que l’éducation et la santé, ainsi que plus tard dans leur vie (World Vision, 2017).

Répondre aux besoins des enfants

Le droit à la santé

L’un des plus gros problèmes est de savoir comment assurer une santé de haute qualité dans un pays aussi petit et sans littoral. Ce type de situation géographique n’aide pas les autorités à assurer une prise en charge immédiate des enfants en cas d’urgence ou un contrôle médical régulier nécessaire à leur développement. Ceci explique la diminution constatée dans les vaccinations des enfants.

Le gouvernement du Lesotho a pris des initiatives pour améliorer la santé maternelle et infantile, et pour combattre le VIH / SIDA, le paludisme, la tuberculose, et d’autres maladies. En général, ces facteurs affectent négativement les enfants vivant dans la pauvreté. Cette pauvreté conduit à la malnutrition et aux maladies liées au manque d’eau potable, en particulier dans les zones rurales. Le Lesotho est considéré comme dangereux pour les femmes enceintes en raison de l’accès difficile à des soins de santé appropriés. Cela est encore plus vrai dans les zones rurales, où des facteurs géographiques, culturels, et économiques augmentent le manque d’accès aux installations. En effet, un grand nombre de femmes vivant en milieu urbain ont accès à de meilleurs services par rapport à celles vivant en milieu rural (James Lind Institute, 2019).

Les complications liées à la grossesse sont la principale cause de morbidité et de mortalité chez les enfants. Le gouvernement du Lesotho agit à plusieurs niveaux pour améliorer la situation de ses jeunes citoyens. Il a mis en oeuvre la Stratégie du programme étendu de vaccination et de gestion intégrée des maladies infantiles du Lesotho. Celle-ci est basée sur des directives d’immunisation pour vacciner complètement et pour prendre en charge les causes importantes de décès chez les enfants (diarrhée, infection respiratoire aigue (IRA), rougeole, malnutrition, et anémie).

En outre, le Lesotho est le deuxième pays le plus touché par le VIH. La transmission mère-enfant est aussi élevée. Une enquête révèle que 27,7% des femmes enceintes diagnostiquées ont découvert que leurs enfants étaient déjà infectés par le VIH. Selon le Ministère de la santé et des affaires sociales, sur 55 000 nourrissons nés chaque année, 15 225 sont infectés par le VIH. Des mesures préventives sont prises par le gouvernement du Lesotho pour réduire la transmission du VIH, mais étant donné l’énormité du problème, davantage devrait être fait.

Droit à la liberté d’opinion et d’expression

Selon l’article 13 du CIDE:

L’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir, et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant.”  

Les statistiques du Lesotho sur la liberté d’expression et d’opinion sont difficiles à appliquer aux enfants. Par exemple, l’Afrobaromètre (2018) indiquait que 74% des membres du Basotho, principal groupe ethnique du Lesotho, ont déclaré qu’ils se sentaient «un peu» ou «complètement» libres de dire ce qu’ils voulaient (Afrobaromètre, 2018). Ces statistiques ne s’appliquent pas spécifiquement aux enfants qui sont soumis au respect des coutumes et aux obligations traditionnelles et structurelles envers les personnes âgées. Certaines pratiques et coutumes peuvent restreindre l’application de la liberté d’opinion et d’expression des enfants. C’est est le cas des jeunes filles qui n’ont pas le droit de donner leur avis dans les prises de décision.

En outre, le système judiciaire ne prend pas très au sérieux les témoignages d’enfants. Il apparaît que les enfants ne sont pas respectés et que cette situation est aggravée par les lacunes dans la mise en oeuvre des droits des enfants affirmant que les enfants doivent être écoutés. Il est donc nécessaire d’encourager et de respecter la liberté d’opinion des enfants au Lesotho – en particulier des jeunes filles – dans les écoles, au sein des familles, dans le système sanitaire et judiciaire, et de promouvoir le droit des enfants à participer.

Le Ministère de l’information et de la radiodiffusion a participé à un sommet de la CDAA où les états membres ont été encouragés à adopter des politiques et des programmes pour le développement du droit de l’enfant à la liberté d’expression. La Journée de l’enfant africain est également un moment où les droits de l’enfant sont vivement célébrés.  Les enfants peuvent jouir de leur liberté d’expression à travers la musique, les jeux, la poésie, et ils participent également à un faux parlement, devant de vrais parlementaires (United Nations, 1998).

Droit à l’éducation

Le projet de loi de 2009 sur l’éducation inscrit en loi la participation scolaire obligatoire au niveau primaire. Le projet de loi énonce les rôles et les responsabilités des personnes et des institutions. En outre, il assure le bien-être des enfants et, plus important encore, abolit (dans la loi) les châtiments corporels dans les écoles (LCN, 2009). L’enseignement primaire est gratuit depuis que le gouvernement du Lesotho a mis en place un système permettant à tous les enfants de fréquenter l’école.  Le taux de scolarisation du Lesotho est élevé, avec un taux net de scolarisation dans l’enseignement primaire passant de 82% à 95% entre 2000 et 2010.

En 2014, le taux brut de scolarisation en première année était de 98% (Global Partnership, 2020). Le gouvernement investit environ 23% du budget récurrent dans le secteur de l’éducation, soit 9,2% du PIB national. Selon certaines études sur l’éducation réalisées en 2015, de nombreux défis n’ont pas été relevés.  Il existe toujours de faibles taux de rétention aux niveaux primaire et secondaire, de faibles résultats d’apprentissage chez les élèves, plusieurs sont diplômés avec des compétences inadéquates pour le marché du travail, il y a une inefficacité élevée du système, le VIH et le SIDA, et une mauvaise gouvernance scolaire.

Malheureusement, les zones rurales sont plus touchées, avec au moins 20% des enfants ruraux semblant ne pas aller à l’école. Cela est également dû aux mariages précoces, au travail des enfants, et aux enfants chefs de famille (à cause de la pandémie du VIH / SIDA). L’une des raisons est également le fait que l’extrême pauvreté oblige de nombreux parents à envoyer leurs enfants travailler afin d’aider leur famille au lieu de les envoyer à l’école.

En ce qui concerne l’état général de l’éducation, il y a une pénurie d’enseignants qualifiés, des infrastructures déficientes, et un manque de manuels. De plus, les écoles sont surpeuplées ; une situation qui n’encourage pas une bonne éducation et qui conduit à de nombreux abandons et redoublements. En réalité, les jeunes filles qui tombent enceintes pendant les trimestres sont généralement exclues de leur école. Une telle mesure est non seulement discriminatoire à l’égard des jeunes filles, mais aussi en violation de leur droit à l’éducation.

Droit à la non-discrimination

Le droit coutumier joue un rôle important dans la prévention de la discrimination. En effet, certaines croyances ou traditions peuvent limiter l’accès des femmes à des domaines sociaux spécifiques. D’autres formes de discrimination peuvent affecter les femmes et les filles, telles que la violence fondée sur le sexe (VFS), la forte prévalence du VIH / SIDA chez les femmes et les filles ainsi que la participation inégale des femmes au processus de prise de décision. 

Depuis 2000, un certain nombre de lois ont été adoptées pour améliorer cette situation: la loi de 2003 sur les délits sexuels, la loi de 2006 sur la capacité juridique des personnes mariées (qui promeut les droits économiques des femmes), la politique genre et développement de 2003 faisant de la VFS un domaine prioritaire, le plan d’action national contre la VFS de 2008 et, entre 2013 et 2017, le plan d’action national sur les femmes, les filles, et le VIH qui donne un cadre pour la protection des femmes et des filles séropositives dans le contexte de la violence fondée sur le sexe (Universal Periodic Review, 2013).

Des cas de discrimination persistent contre les femmes mosothos (femmes du Lesotho) lorsqu’elles transmettent leur citoyenneté à leur conjoint. L’Ordre de la citoyenneté, par exemple, discrimine les femmes mosothos en ne leur accordant pas les mêmes droits que les hommes mosothos de transmettre leur nationalité à leur conjoint. Cela viole les obligations constitutionnelles du Lesotho ainsi que ses obligations internationales concernant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW en anglais). En outre, elle augmente la probabilité de créer une situation d’apatridie pour l’enfant si la mère de l’enfant décède et que le père est apatride, de nationalité inconnue, ou un étranger qui ne peut pas transmettre sa nationalité à son enfant (Committee on the Rights of the Child, 2017). 

Selon le Comité des droits de l’enfant, le Lesotho doit également répondre aux préoccupations concernant la réglementation des naissances, afin de garantir l’enregistrement immédiat des nouveau-nés. La réglementation sur l’enregistrement est essentielle en particulier pour les enfants nés dans les zones rurales, y compris pour les populations autochtones, mais aussi pour les enfants qui ne sont pas nés dans les hôpitaux. Il est ainsi important de fournir un enregistrement gratuit des naissances à ceux qui ne peuvent pas payer.

Bien que le principe de non-discrimination soit inscrit dans la Constitution du Lesotho, la discrimination continue d’affecter les droits des enfants, en particulier des jeunes filles. D’autres victimes de discrimination sont les enfants nés hors mariage, ce qui pose des problèmes au sein des familles. La plupart de ces enfants – en particulier ceux issus de familles pauvres – n’ont pas accès à l’éducation ou aux soins de santé. Cela peut s’expliquer par les humiliations subies par leur mère quand elles essaient d’obtenir des papiers pour leurs enfants.

Facteurs de risque → Défis spécifiques au pays

Travail des enfants et esclavage moderne

Au Lesotho, l’âge de la scolarité obligatoire est inférieur à l’âge minimum pour travailler et c’est pourquoi les enfants entre ces âges sont vulnérables au travail des enfants. Des efforts modérés ont été faits pour lutter contre le travail des enfants et les pires formes de travail des enfants. Par exemple, le Ministère du travail et de l’emploi a employé des inspecteurs pour gérer un bureau du travail des enfants au sein du ministère. Malgré ces efforts, les enfants sont engagés dans toutes sortes de travaux terribles, parfois le résultat de la traite des êtres humains, tels que : élevage d’animaux, travail domestique, et exploitation sexuelle commerciale (U.S Department of Labor, 2018)

L’OIT a estimé en 1999 que 21% des enfants âgés de 10 à 14 ans travaillaient. Une enquête de 1997 a montré que les garçons étaient plus susceptibles de travailler que les filles et que le travail des enfants était principalement observé dans les zones rurales. L’Université nationale du Lesotho et UNICEF ont déclaré que les filles des zones rurales travaillaient comme domestiques ou dans l’industrie du sexe. Les enfants des villes travaillaient généralement dans les lave-autos, vendaient des journaux, portaient des bagages, entre autres (Refworld, 2001)

En raison du niveau élevé de VIH parmi les adultes, de nombreux enfants deviennent souvent orphelins. Cette situation peut les forcer à commencer à travailler dès leur plus jeune âge. De nombreux enfants orphelins séropositifs deviennent pauvres et migrent vers le sud, des zones rurales aux zones urbaines pour se livrer à l’exploitation sexuelle commerciale. En outre, les enfants handicapés sont également très vulnérables car ils ont de grandes difficultés à accéder à l’éducation en raison d’installations mal équipées et d’enseignants non formés (Government of Lesotho, 2019) .

Pauvreté

Les plus grandes menaces identifiées pour la protection et le développement des enfants au Lesotho sont la pauvreté et l’insécurité alimentaire, ainsi que le VIH. La raison en est que ces trois éléments limitent la capacité des ménages à prendre soin d’eux-mêmes (USAID, 2013).

Bien que la pauvreté ait diminué au cours des 15 dernières années, la pauvreté et les inégalités sont restées persistantes et élevées. Un rapport intitulé L’évaluation de la pauvreté au Lesotho : progrès et défis dans la réduction de la pauvreté a indiqué que la pauvreté est passée de 56,6% à 49,7% entre 2002 et 2017. La vulnérabilité économique est toujours très présente et plus de 75% de la population est soit pauvre ou soit vulnérable à la pauvreté (World Bank, 2019). Comme nous l’avons noté précédemment, les zones rurales sont plus vulnérables et la pauvreté y a légèrement diminué, passant de 61,3% à 60,7%.

En milieu urbain, les changements sont plus importants, de 41,5% à 28,5%. En effet, les zones urbaines ont connu une plus grande réduction de la pauvreté. De plus, l’agriculture est au coeur des problèmes de développement du Lesotho. Cette industrie ne contribue qu’à 17% du PIB total.

Dans les zones rurales, l’agriculture est le principal moyen de gagner sa vie mais les terres arables sont difficiles d’accès pour la majorité de la population. On estime que 10% des terres du Lesotho sont propices à l’agriculture (Borgen Magazine, 2019). Les taux de chômage étant élevés, la migration vers les zones urbaines est très courante tandis que d’autres partent également en Afrique du Sud pour trouver un emploi. On estime que 50% de la population est actuellement au chômage.

Justice pour les enfants

Le Lesotho est un état dualiste, ce qui signifie que les traités internationaux ne font partie des lois nationales jusqu’à ce qu’ils aient été domestiqués par une loi du Parlement. Pour cette raison, la CIDE ne peut pas être appliquée directement ; par conséquent, les enfants ne seraient protégés que par les lois inspirées de la Convention telles que la Loi sur la protection et le bien-être des enfants.

En 2014, il y avait au moins un cas faisant référence à la CIDE. La Haute Cour du Lesotho a déclaré:

«[le] contenu et la forme de la Loi sur la protection et le bien-être des enfants devraient être perçus dans le contexte de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) des Nations Unies de 1989, de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE) de 1990, et d’autres instruments internationaux, protocoles, normes et règles sur la protection et le bien-être des enfants dont le Lesotho est signataire »

(White and Case, 2014).

Sur la base de la CIDE, il serait recommandé que le Lesotho traite les enfants de moins de 18 ans comme des enfants et non comme des adultes. La CIDE stipule que les enfants doivent être traités en tenant compte de leur bien-être et de leur âge. Par conséquent, une personne de moins de 18 ans devrait être traitée par le système juvénile. En 2001, en vertu de la loi du Lesotho, l’âge de la responsabilité pénale était très bas, sept ans pour être précis (Lydia Ntlatlapa Makhahliso, 2009).

Mariage des enfants

Selon la loi sur le mariage de 1974, le mariage n’est possible qu’à l’âge de 21 ans, tant pour les hommes que pour les femmes. Malheureusement, avec l’autorisation du ministre, les filles peuvent se marier à 16 ans et les garçons à 18 ans. Un rapport des Nations Unies de 2015 indique qu’une fille sur cinq au Lesotho est mariée avant d’avoir 18 ans. Ce rapport montre également qu’au moins 2% des garçons se marient à 15 ans et 19% avant d’avoir 18 ans (World Vision, 2016).

Deux facteurs principaux seraient à l’origine de la pratique du mariage des enfants. Les coutumes traditionnelles, qui découlent des pratiques culturelles, priment sur la législation formelle. La deuxième raison est la connaissance limitée de cette question. En effet, en raison de leur manque de connaissances sur ce qui est juste, les enfants sont forcés de se marier. Pour s’attaquer au moins légèrement à ce problème, les parents devraient avoir des voies de communication ouvertes avec leurs enfants (Girls not Brides, 2017).

Au Lesotho, Sa Majesté Masenate Mohato Seeiso, Reine du Lesotho, est considérée comme un défenseur des droits de l’enfant. Par exemple, elle a déclaré :

« Protégeons tous les enfants contre toutes les formes d’abus, y compris le mariage précoce, et veillons à ce que des poursuites judiciaires soient engagées contre les auteurs de mariages précoces. Nous avons tous la responsabilité de veiller à ce que les lois protégeant les enfants soient appliquées. »

Dans le cadre de l’Engagement ministériel pour une éducation sexuelle complète et des services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents et les jeunes d’Afrique orientale et australe, le Lesotho est l’un des 20 pays qui se sont engagés à mettre fin au mariage des enfants d’ici la fin de 2020.

Maltraitance des enfants

Selon UNICEF, la violence contre les enfants peut être définie comme: «toutes formes de violence physique ou psychologique, de blessure, de négligence ou de traitement négligent, de maltraitance ou d’exploitation, y compris l’abus sexuel». Une étude de 2011 a révélé qu’au Lesotho, un total de 5,8% de tous les ménages avec enfants avaient au moins un enfant qui avait été victime de violence au cours de l’année 2010. Ces données comprenaient : 4,6% de violence physique, 1,1% de violence sexuelle, et 0,1% de violence physique et sexuelle.

Dans la même étude, il a été déclaré qu’il y avait un taux élevé d’abus sexuels sur les enfants, environ 10 000 cas ou 2-3% de tous les ménages (USAID, 2013). Les principaux types de violence signalés étaient les abus physiques et sexuels, les châtiments corporels, les maltraitances émotionnelles et psychologiques ainsi que la discrimination contre les orphelins vivant avec le VIH. En 2005, l’Unité de protection de l’enfance et du genre a noté que sur 668 cas signalés, 340 (51%) étaient des délits sexuels et que, parmi eux, 166 cas concernaient des enfants de moins de 18 ans.

Cette violence se retrouve également dans les écoles où la violence sexuelle est présente, entre élèves et de la part des enseignants contre les apprenants. En outre, la violence physique contre les enfants, comme les coups, est très courante, parfois à cause des coutumes et parfois motivée par la pauvreté et la faim. Les mutilations féminines et masculines sont également présentes dans le pays, mais peu de statistiques cohérentes sont faciles à trouver pour illustrer ces pratiques en chiffres. Cependant, de nombreux articles et rapports des médias mentionnent le Lesotho comme un pays où les mutilations génitales sont malheureusement pratiquées.

Écrit par by Adrian Lakrichi

Traduit par Denis Gingras

Dernière mise à jour le 8 août, 2020

Bibliographie :

WORLD VISION, (2019), Child Protection.

SOCIAL WORK AND SOCIETY, (2018), Child Rights-Based Analysis of Children without Parental Care in Lesotho.

STATE OF LESOTHO, (2011), Children Protection and Welfare Act.

FRANCO, Frescura, (2020), Lesotho, South African History Online.

UNICEF, (2018), Country Office Annual Report 2018.

WORLD BANK, (2020), The World Bank in Lesotho.

HAMILTON COBBE, James, (2020), Lesotho, Encyclopedia Britannica.

JAMES LIND INSTITUTE, (2014) Maternal and Child Health in Lesotho.

AFROBAROMETER, (2018), Rights in Lesotho: Citizen views on police abuse, media and personal freedom, gender equality.

LESOTHO COUNCIL OF NON-GOVERNMENTAL ORGANISATIONS (LCN), (2009), Joint UPR submission.

GLOBAL PARTNERSHIP FOR EDUCATION, (2020), Lesotho.

THE COMMITTEE ON THE RIGHTS OF THE CHILD, (2017), Civil Society Submission on the right of every child to acquire a nationality under Article 7 CRC.

U.S DEPARTMENT OF LABOUR, (2018), Child Labor and Forced Labor Reports.

GOVERNMENT OF LESOTHO, (2019), FAO urges all to address child labour.

WHITE AND CASE LLP, (2014), Access to justice for children: Lesotho.

LYDIA NTLATLAPA, Makhahliso, (2009), Transformation of the Lesotho juvenile justice system since ratification of the convention on the rights of the child 1989: legislation and practice.

WORLD VISION, (2016), Queen Masenate of Lesotho campaigns with World Vision against early child marriage.

GIRLS NOT BRIDES, (2017), Lesotho.

USAID, (2013), National response efforts to address sexual violence and exploitation against children in Lesotho.


[1] Cet article ne prétend nullement donner un compte rendu complet ou représentatif des droits de l’enfant au Lesotho; en fait, l’un des nombreux défis est le peu d’informations actualisées sur les enfants du Lesotho, dont la plupart sont peu fiables, non représentatives, dépassées, ou tout simplement inexistantes.