Les enfants du Soudan

Concrétiser les droits de l’enfant au Soudan

L’histoire du Soudan a été marquée par les conflits, les guerres et la pauvreté, ce qui a gravement menacé les droits des enfants. En grandissant, les enfants soudanais n’ont pas un accès convenable à l’éducation, à la santé ou à l’alimentation. Malgré quelques progrès, le Soudan demeure un pays dangereux pour ses enfants, 2.6 millions d’entre eux ont besoin d’une assistance humanitaire.

Indice des Droits de l’Enfant : 5,04 / 10
Niveau noir : situation très grave

Population : 42,8 millions
Pop. de 0 à 14 ans :  40,16%

Espérance de vie :  65,31 ans
Mortalité des moins de 5 ans : 58,4‰

Le Soudan en un coup d’œil

Le Soudan est situé au Nord-est de l’Afrique. C’est le troisième plus grand pays d’Afrique, accueillant un nombre élevé de réfugiés venant de pays tels que l’Éthiopie, l’Érythrée, le Tchad, la République centrafricaine et le Soudan du Sud (1 million de réfugiés, 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du le pays) (Sikainga, 2021).

Ces mouvements migratoires provoquent des instabilités politiques à l’intérieur du pays, parmi d’autres problématiques liées au conflit, au changement climatique et à la pauvreté, des conditions qui affectent particulièrement les enfants. L’évaluation des droits des enfants au Soudan est cruciale et urgente car plus de 60% de la population a moins de 25 ans. Globalement, 64% des enfants de moins de 14 ans subissent des formes de violence (UNICEF Sudan, 2021, « Child Protection”).

En janvier 1956, le Soudan a obtenu son indépendance vis-à-vis des forces égyptiennes et britanniques, après que le premier président égyptien Muhammad Naguib a accordé la priorité à l’indépendance du Soudan au sein de son gouvernement révolutionnaire (Sikainga, 2021). Après son indépendance, le Soudan a souvent été dirigé par des gouvernements instables, marqués par la violence, la dictature et le terrorisme (Al-Shahi 2021).

Sous le mandat du Président Jaadar Nimery, le Soudan a instauré un régime islamiste, ce qui a créé des tensions entre le nord islamique et le sud chrétien et animiste, aboutissant à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011 (Sikainga, 2021). L’Islam était la religion d’État du Soudan de 1983 à 2020, avant de devenir un état laïque (Sikainga, 2021). Au Soudan, les enfants, en particulier les garçons, sont souvent impliqués dans des conflits armés (UNICEF Sudan, 2021, “Child Protection”).

Statut des droits de l’enfant[1]

Le Soudan a été parmi les premiers pays à signer et à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) en 1990, qui a incité à l’application de la « justice pour les enfants » afin de rendre justice aux enfants victimes (Cuninghame et al. 2016). Au cours de la décennie suivante, le Soudan a également signé d’importants traités internationaux tels que le Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés en 2000, le Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants en 2004, et la Charte africaine en 2008 (Cuninghame et al. 2016).

Le Soudan avait émis des réserves sur trois des articles de ladite charte concernant la vie privée des enfants, l’accès à l’éducation des filles enceintes et le mariage des enfants, mais celles-ci ont été levées en novembre 2020 (UNICEF Sudan, 2020, “Gender”). En 2021, le Soudan a réaffirmé ses objectifs de protéger les droits des enfants, et leur accès à l’éducation, à la santé et à la protection afin d’atteindre leur plein potentiel au sein de la société.

En 2005, le Soudan a signé l’Accord de paix global qui s’est avéré être un tournant dans l’histoire soudanaise, car il a autorisé et poussé les organisations de la société civile à se concentrer davantage sur les droits des enfants (al-Nagar et Tønnesen, 2011). En outre, la loi sur l’enfant de 2010 (fondée sur la loi de l’enfant de 2004) ainsi que la loi pénale de 1991 garantissent aux enfants le droit à la vie, à s’exprimer et à participer aux questions qui les concernent selon leur âge. Cette loi mentionne spécifiquement la prise en charge des enfants ayant besoin de soins particuliers, et elle garantit une représentation juridique pour les enfants victimes, inculpés ou témoins.

Par ailleurs, la loi interdit l’enlèvement d’enfants à des fins de prostitution et de travail forcé, mais ne décrit pas d’autres formes d’enlèvement d’enfants (Cuninghame et al. 2016). La loi/l’accord interdit les châtiments corporels dans les écoles, mais les autorise à la maison. Néanmoins en 2020, le Soudan a assisté à une intervention du gouvernement pour l’amélioration de la santé des femmes et des enfants, avec la criminalisation des mutilations/excisions génitales féminines (M/EGF), la mise en place d’une définition de l’enfant à travers des lois, et l’interdiction de châtiments corporels (UNICEF Sudan, 2021, “Child Protection”).

Le gouvernement a prévu, à l’avenir, une stratégie nationale et un plan d’action 2020-2030 pour mettre fin au mariage des enfants, approuvés par la ministre du Travail et du Développement social (UNICEF Sudan, 2020, “Gender”). Bien que la ratification de ces traités et la planification de stratégies futures indiquent des progrès pour les enfants, les droits des enfants soudanais sont toujours gravement bafoués.

Répondre aux besoins des enfants

Droit à l’éducation

Dans la région du Moyen-Orient/Afrique du Nord, le Soudan compte le plus grand nombre d’enfants non scolarisés. Actuellement au Soudan, plus de 3,6 millions d’enfants, soit un tiers de la population en âge d’être scolarisée, ne vont pas à l’école. Il existe des disparités parmi ce chiffre : les filles, les enfants touchés par les conflits, les réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI), les enfants des zones rurales et les enfants issus de foyers pauvres sont les plus vulnérables au manque de scolarisation.

Le taux d’alphabétisation est particulièrement faible : 45,2 % des filles et des femmes âgés de 15 à 24 ans ne savent ni lire ni écrire. De plus, le COVID-19 a réduit les possibilités de scolarisation : « seulement 30 577 enfants auparavant non scolarisés (dont 47 % étaient des filles), y compris des enfants et des réfugiés touchés par l’urgence, étaient inscrits dans des écoles, des centres avec un programme d’enseignement alternatif et à des cours en ligne soutenus par l’UNICEF avant que les écoles et les autres structures d’enseignement ne ferment en mars 2020. » (UNICEF Sudan, 2021, “Education”)

Cependant, avant l’épidémie de COVID-19, l’amélioration de la vie dans les écoles résultaient des espaces d’apprentissage sensibles au genre, de l’approvisionnement en fournitures scolaires, des campagnes de sensibilisation communautaire et de la formation des enseignants. Plus de 50 % des enfants auparavant déscolarisés étaient inscrits dans des centres de programme d’apprentissage alternatif (ALP).

Le manque d’accès à l’école est également un problème majeur au Soudan, ce qui contribue au faible taux de scolarisation. De plus, la qualité de l’éducation est souvent médiocre, avec peu d’enseignants disponibles, les infrastructures des écoles sont insuffisamment développées et, de ce fait, l’environnement scolaire est souvent dangereux (seulement 45,5% des écoles ont accès à l’eau potable). Le fait de ne pas aller à l’école peut avoir des conséquences très néfastes sur la santé physique et mentale de l’enfant : les enfants sont alors plus susceptibles de souffrir du travail des enfants, d’une mauvaise santé mentale et de violences sexuelles. (UNICEF Sudan, 2021, “Education”)

Les écoles au Soudan sont également très exposées aux attaques violentes, qui touchent particulièrement les filles. Après la sécession du Soudan du Sud en 2011, des conflits dans la région du Darfour et dans l’État du Kordofan méridional ont éclaté tout au long de la décennie. En particulier, en 2013 et 2014, les attaques gouvernementales et les bombardements aériens contre les écoles se sont multipliés. De plus, les gouvernements ont commencé à utiliser les écoles comme bases d’opérations militaires.

De ce fait, de nombreux enfants et enseignants ont été pris entre deux feux et touchés, blessés ou déplacés, des conséquences qui ont de graves répercussions sur l’accès des enfants à l’éducation et à la santé. En effet, les insécurités liées aux conflits conduisent de nombreux enfants à abandonner l’école. Des violences et des agressions sexuelles ont également été signalées : des femmes et des filles du Darfour ont dénoncé leurs agressions alors qu’elles allaient à l’école. Ces attaques contre les écoles ont diminué en 2017, peut-être en raison du cessez-le-feu du gouvernement en 2016 et de la décision des États-Unis de lever les sanctions économiques contre le Soudan (Global Coalition to Protect Education from Attack, 2018).

Néanmoins, d’autres types d’abus dans les écoles demeurent. En 2018, par exemple, le journaliste de la BBC Fateh Al-Rahman Al-Hamdani a mené une enquête de deux ans dans 23 écoles islamiques du Soudan, les khalwas. (Al-Hamdani, 2020, « Soudan khalwas »). Les rapports étaient terribles : les garçons étaient souvent battus et enchaînés, fouettés et agressés sexuellement. Les religieux en charge de ces écoles, des cheikhs, agressaient violemment les enfants.

En conséquence, le Soudan a commencé une enquête sur tous les khalwas au Soudan (plus de 30 000) (Al-Hamdani, 2020, “Revealed: chaining, beatings and torture”). Au moment de l’enquête, les enfants étaient obligés de mémoriser le Coran. Mais les enfants devraient pouvoir pratiquer la religion de manière sûre, respectueuse et saine. Malheureusement, avec ce traitement, les droits des enfants font cruellement défaut au sein des écoles.

Droit à la santé

La dévaluation de la livre soudanaise a entraîné une instabilité économique dans le pays et de nouvelles crises sanitaires, dont les effets ont été exacerbés par le début de la pandémie de COVID-19. En effet, la pandémie a mis en évidence les défaillances du système de santé soudanais, notamment avec des pénuries de médicaments au sein des hôpitaux et des dispensaires de soins primaires.

Le manque d’accès à l’eau entrave également les possibilités de soin : « 12 millions de personnes (soit environ un tiers de la population) n’ont pas accès à l’eau potable et sont exposées au risque de maladie », et ainsi 12 millions de personnes n’ont pas accès aux toilettes, rendant la situation particulièrement vulnérable aux agressions sexuelles pour les filles et les femmes qui doivent se soulager dans le noir. (UNICEF Sudan, 2020, “Health”)

Les principales préoccupations concernant le système de santé soudanais sont le manque d’accès aux soins, la faible qualité des traitements, les décès consécutifs à des affections évitables et une mortalité infantile et maternelle globalement élevée. De plus, la vaccination n’est pas accessible à tous les enfants et des épidémies (telles que le COVID-19) se produisent souvent, plaçant la santé des Soudanais constamment dans un flux d’instabilité (UNICEF Sudan, 2020, “Health”). En raison d’une mauvaise gestion de la santé, les filles et les garçons sont souvent trop maigres pour leur taille.

L’épidémie de rougeole en 2018 et 2019, par ailleurs, a encore repoussé les objectifs d’amélioration de la santé des enfants. La diarrhée, la pneumonie et le paludisme menacent également l’amélioration de la santé des enfants, causant plus de 30 % de la mortalité des moins de cinq ans au Soudan (UNICEF Sudan, 2020, “Nutrition”). Ces problèmes de santé sont évitables. Mais sans un accès adéquat aux soins et aux traitements, le taux de mortalité infantile restera élevé. De plus, la mortalité maternelle est élevée : 295 pour 100 000 naissances vivantes (UNICEF Sudan, 2020, “Health”).

Droit à l’alimentation

L’aperçu des besoins humanitaires du Soudan 2021 (HNO) dénombrait 12,7 millions de personnes (ou 28% de la population) requérant une aide humanitaire. En particulier, le Soudan souffre d’insécurité alimentaire, d’un accès limité à l’eau et à l’assainissement, d’une prévalence élevée de maladies et d’une pauvreté globale élevée. A ce titre, les enfants soudanais sont susceptibles de souffrir de malnutrition. Malgré les efforts déployés pour améliorer cette situation au cours des 30 dernières années, les taux de malnutrition ont augmenté, en particulier en 1987 dans la région de conflit du Darfour.

À l’échelle mondiale, le Soudan a le taux le plus élevé d’enfants en malnutrition : « Le taux de prévalence nationale de la malnutrition aiguë globale (MAG) est de 13,6% et place le Soudan au-dessus du seuil de l’OMS dans sept des dix-huit États. » (UNICEF Sudan, 2021, “Malnutrition”). En particulier — « trois millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, dont plus d’un demi-million de malnutrition aiguë sévère. » (UNICEF Sudan, 2021, “Malnutrition”). En outre, une bonne nutrition doit être complétée par un allaitement exclusif et seulement 62,3% de tous les bébés au Soudan sont exclusivement allaités.

Les effets de la malnutrition sur le développement des enfants sont énormes. En particulier, le COVID-19 a exacerbé les problèmes au sein du système de santé soudanais, déclenchant une pénurie de soins médicaux disponibles et augmentant la malnutrition chez les enfants. L’UNICEF, parmi d’autres organisations, a travaillé au Soudan pour fournir de la nourriture, des soins et des suppléments en micronutriments dans les régions où cela était nécessaire (comme dans l’État de Kassala). Ils prévoient de poursuivre ce travail en 2021 dans l’espoir d’accroître la prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë.

À l’échelle nationale, il y a un espoir d’améliorer cette situation, comme l’a souligné l’UNICEF : en 2020, le nouveau gouvernement de transition a signé un accord de paix afin de mettre fin à la crise économique, et offrant des opportunités «de travailler sur le maintien de la paix, le renforcement des capacités et l’autonomisation des communautés.» (UNICEF Sudan, 2021, “Malnutrition”).

Au-delà de la malnutrition, mais en travaillant principalement à la réduire, le Premier ministre du gouvernement de transition du Soudan, Abdalla Hamdok, cherche à se concentrer sur les « opportunités de renforcer les capacités des prestataires de services, des systèmes et des communautés » (UNICEF Sudan, 2021, “Malnutrition”). Ces mesures s’avéreront cruciales pour l’amélioration de l’avenir du Soudan, sa population étant majoritairement jeune (UNICEF Sudan, 2021, “Malnutrition”).

Droit à l’identité

Au Soudan, il existe une obligation légale d’enregistrer la naissance d’un enfant. Pourtant, malgré cette loi, de nombreux enfants soudanais restent absents des données démographiques. Les chiffres se sont considérablement améliorés du début des années 2000 à 2010 : le taux d’enregistrement des naissances était de 33% en 2006 et de 59,3% en 2010. Malgré des progrès, en 2014, le taux était estimé à 67,3%, ce qui reste un chiffre faible.

Ces taux sont également significativement plus élevés dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Les raisons des faibles taux d’enregistrement des naissances sont nombreuses. Dans l’ensemble, le nombre de centres d’enregistrement est faible et la qualité de ces institutions est médiocre. De plus, les frais et l’éloignement des centres sont souvent un obstacle pour les familles au Soudan. (Cuninghame et al. 2016)

Facteurs de risque —> Défis spécifiques au pays

Le trafic d’enfants

En 2020, le gouvernement des États-Unis a signalé que le Soudan ne répondait pas de manière adéquate aux exigences de lutte contre la traite des enfants, bien que des efforts soient déployés par le gouvernement soudanais (Office to Monitor and Combat Trafficking in Persons, 2020). En effet, l’histoire du pays en termes de conflits violents expose facilement les enfants à un risque d’implication militaire, de meurtres, de blessures et de violences sexuelles (UNICEF, 2020 “Child Protection”).

Dans ce contexte, en 2019, les Forces armées soudanaises ont notamment soutenu un plan visant à diriger les efforts de protection de l’enfance dans les zones de conflit, en sensibilisant son armée au métier d’enfant soldat et au trafic d’enfants. Néanmoins, ces mesures n’ont pas été efficaces, car les Forces de soutien rapide auraient utilisé des enfants soldats en mai 2019 et les autorités n’ont pas enquêté sur cet incident. En outre, le gouvernement américain a souligné l’amalgame par le Soudan des définitions du trafic, de la contrebande et de l’enlèvement, ce qui entrave les efforts du Soudan pour éliminer la traite des enfants. (Office to Monitor and Combat Trafficking in Persons, 2020)

Le travail des enfants

Le travail des enfants est une forme répandue de maltraitance des enfants au Soudan. Selon le rapport intitulé La Situation des enfants dans le monde 2019, 18% des enfants soudanais sont soumis au travail des enfants. Ces conditions de vie ont un impact sur l’accès des enfants à l’éducation (le travail des enfants résulte souvent d’abandons scolaires) et les exposent à d’autres vulnérabilités économiques. L’exploitation minière est une industrie particulièrement dangereuse, répandue dans la région du Kordofan.

Les enfants travaillent également avec le bétail et dans la production de gomme arabique. Le travail des enfants affecte aussi l’environnement de l’enfant, dont seulement 82% des mineurs vivent en milieu familial, et 3,5% vivent sans famille. Les enfants sont souvent abandonnés s’ils sont nés hors mariage en raison de pratiques culturelles dans le pays (UNICEF Sudan, 2021, “Child Protection”).

La discrimination des enfants LGBTQ

En 2020, le Soudan a abrogé la peine de mort pour homosexualité (Lavers, 2020).Bien que les relations homosexuelles consensuelles restent criminalisées, cela s’est avéré être une étape importante pour les droits des homosexuels dans le pays. En effet, Noor Sultan, le directeur exécutif de l’Organisation Bedayaa, un groupe de défense des LGBTQ qui travaille au Soudan et en Égypte, s’est entretenu avec le Washington Blade et a déclaré que l’abrogation de la peine de mort «est un grand pas vers le changement et reflète la volonté du gouvernement, la loi est toujours là et la peine de prison est toujours là, mais nous sommes optimistes (Lavers, 2020).

Une organisation LGBTQI+ en particulier (fondée par des militantes), Freedom Sudan, cherche à atteindre des groupes de jeunes et des étudiants dans l’espoir de diffuser des informations sur la santé sexuelle (El-Abubkr, 2015). L’avocat responsable de l’organisation a cependant reçu de multiples menaces de mort et est souvent exposé à des risques de violence (El-Abubkr, 2015).

En effet, les efforts organisationnels pour soutenir les droits LGBTQI+ au Soudan sont souvent infructueux (El-Abubkr, 2015). Parmi les succès, le groupe de jeunes Rainbow Sudan a réussi à utiliser Internet pour défendre les droits LGBTQI+, ce qui est particulièrement crucial car le gouvernement soudanais a pour objectif de réprimer les informations en ligne sur le sexe et les droits sexuels. (El-Abubkr, 2015)

En 2011, le Soudan a même créé une unité (« Cyber ​​Jihad Unit ») pour enquêter sur les activités des groupes de jeunes en ligne, ce qui a entraîné le blocage de sites Web (El-Abubkr, 2015). L’accès à l’information, y compris aux détails sur la santé sexuelle et LGBTQI+, est crucial pour un enfant. Les jeunes gays doivent sentir qu’ils disposent d’un espace confortable pour exprimer leur sexualité; ce n’est malheureusement pas encore le cas au Soudan.

Le mariage d’enfants

Bien que le mariage des enfants soit une violation des droits humains fondamentaux, il est très répandu au Soudan. Le mariage des enfants au Soudan et ailleurs affecte considérablement les filles mineures. Plus que le mariage, il conduit souvent à une grossesse précoce et à un isolement social, provoquant une incapacité à poursuivre des opportunités d’éducation et de formation professionnelle.

Par ailleurs, le mariage des enfants peut entraîner une mauvaise santé, la maltraitance des enfants et la perpétuation du cycle de la pauvreté. Au Soudan, 26,6% des filles âgées de 20 à 24 ans ont été mariées ou en union pour la première fois avant l’âge de 15 ans, et 60,2% des filles âgées de 20 à 24 ans ont été mariées ou en union pour la première fois avant l’âge de 18 ans.

Afin de mettre fin à cette pratique néfaste, l’UNICEF fait appel à «l’engagement politique, un leadership résilient et visionnaire et un soutien technique aux organisations et groupes de la société civile qui s’efforcent de faire face au changement culturel et comportemental». (UNICEF Sudan, 2021, “Child Marriage in Sudan”)

En outre, les efforts visant à aider les filles nécessiteront des opportunités éducatives et professionnelles. Actuellement, le ministre du Travail et du Développement social a approuvé la Stratégie nationale et le Plan d’action pour mettre fin au mariage des enfants (2020-2030), qui offre un « cadre opérationnel pour la coordination et la mobilisation nationales dans les domaines juridique, politique et du développement et qui apporte des directives claires sur les prestations de services, accélérant ainsi les efforts nationaux vers une tolérance zéro concernant le mariage des enfants. (UNICEF Sudan, 2021, “Child Marriage in Sudan”)

La mutilation génitale féminine

Bien que le Soudan ait été félicité pour ses efforts visant à abandonner la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) en Afrique, 27,2% des filles de moins de 14 ans ont subi des MGF, et 68,8% de ce chiffre sont des filles de 14 ans. Cette pratique est la plus répandue dans l’est du pays. En juillet 2020, une loi criminalisant les MGF a été adoptée. Néanmoins, la nécessité d’un engagement renforcé pour réduire le taux de MGF à zéro demeure.

Ces efforts nécessiteront des initiatives communautaires de la part des ministères, des dirigeants communautaires, des journalistes, des médias influenceurs , des ONG et des agences des Nations Unies. L’UNICEF désigne en particulier « les mères qui s’occupent de leurs filles » pour aider à résoudre ce problème. (UNICEF Sudan, 2021, “Female Genital Mutilation”)

Les défis environnementaux

Particulièrement touché par le réchauffement climatique, le Soudan souffre d’inondations, de sécheresse et de désertification, des conditions qui s’avèrent très pénibles pour les communautés qui dépendent du pastoralisme et de l’agriculture. Dans l’ensemble, la température de l’air au Soudan a augmenté d’un degré Celsius depuis 1970. Il y a également peu d’eau disponible, ce qui affecte profondément le développement biologique, la croissance physique et les besoins mentaux des enfants : «Les enfants ont besoin d’un environnement sûr et propre pour survivre, grandir et s’épanouir» (UNICEF Sudan, 2021, “Environment”).

Écrit par Leah Benque

Traduit par Karen Castillo

Relu par Ania Beznia

Dernière mise à jour le 6 mai 2021

Références:

Al-Hamdani, Fateh Al-Rahman. (19 October 2020). “Revealed: chaining, beatings and torture inside Sudan’s Islamic schools,” The Guardian Global Development.

Al-Hamdani, Fateh Al-Rahman. (19 October 2020). “Sudan khalwas: Undercover in the schools that chain boys,” BBC News.

al-Nagar, Samia, and Tønnesen, Liv. (2011). “Sudan Country Case Study: Child Rights.” Norad and Sida. UTV Working Paper 3.

Cuninghame, Chris, Mubarak, Abdelrahman, Ismail, Husam Eldin, Farah, Hosen Mohamed. (2016). “Child Notice Sudan.” UNICEF.

El-Abubkr, Liemia, (2015), “Staying online: Restrictions and challenges for sexual rights activists in Sudan,” Global Information Society Watch.

Frah, Ehab. (2015). “Reasons for low birth registration in Sudan.” Journal of African Studies and Development. 7. 64-71.

Global Coalition to Protect Education from Attack. (11 May 2018). “Education Under Attack 2018 – Sudan”.

Global Initiative to End All Corporal Punishment of Children. (February 2021). “Corporal punishment of children in Sudan,”.

Lavers, Michael K., (2020, July 16), “Sudan repeals death penalty for homosexuality,” Washington Blade.

Office to Monitor and Combat Trafficking in Persons. (2020). “2020 Trafficking in Persons Report: Sudan,” United States Department of State.

Sikainga, Ahmad Alawad (last updated 2021, March 10), “Sudan,” Britannica Geography & Travel.

The World Bank — Sudan (2019).

UNICEF Sudan, (March 2021) “Nutrition — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Health — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Gender — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Environment — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “COVID-19 Response — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Child Protection — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Water, Sanitation and Hygiene (WASH) — Annual Report 2020,” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Child marriage in Sudan — A snapshot from the Simple Spatial Survey Method (S3M II)” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “Female Genital Mutilation (FGM) among girls in Sudan — A snapshot from the Simple Spatial Survey Method (S3M II)” UNICEF.

UNICEF Sudan, (March 2021) “UNICEF Sudan Flood Situation Report — UNICEF Sudan’s response and needs for Sudan’s Flash Floods 2020,” UNICEF.


[1] Cet article ne prétend en aucun cas donner un compte rendu complet ou représentatif des droits des enfants au Soudan; en effet, l’un des nombreux défis est le peu d’informations mises à jour sur les enfants soudanais, dont la plupart sont peu fiables, non représentatives, obsolètes ou tout simplement inexistantes.