Alors que la technologie évolue de manière progressive, les réseaux sociaux sont devenus une partie intégrante de la vie des enfants et des adolescents en Suisse. Des applications comme Instagram, Snapchat et TikTok sont essentielles chez les jeunes pour sociabiliser, explorer leurs intérêts, s’exprimer, et consulter les informations. Bien que ce changement vers un environnement numérique offre de nombreux avantages, il suscite aussi des préoccupations sur la santé mentale des jeunes suisses.
Les effets positifs des réseaux sociaux
En Suisse, les réseaux sociaux sont devenus une partie intégrante du quotidien des jeunes, qui passent en moyenne quatre heures par jour en ligne (SWI swissinfo.ch, 2019). D’après la dernière étude de l’entreprise JAMES (2022), presque tous les adolescents suisses (97%) utilisent WhatsApp pour communiquer (Hubacher, 2022).
Dans ces univers digitaux privés, de nouveaux centres d’intérêts, de nouvelles identités et de nouvelles sources d’aide sociale peuvent apparaître. Pour les jeunes personnes qui se sentent seules dans leur école actuelle ou dans leur environnement familial, des communautés numériques peuvent offrir un sentiment précieux d’appartenance.
En plus d’offrir des opportunités à la connectivité sociale, les réseaux sociaux sont devenus une source importante d’information et d’apprentissage. Plus de la moitié de jeunes suisses qui sont abonnés aux médias obtiennent principalement leurs informations en ligne ou à partir des plateformes de réseaux sociaux (Meyer, 2017).
Ces plateformes font office d’espaces de divertissement et aident les jeunes à accéder à des questions d’actualité, à la politique et aux problèmes sociaux qui ont un lien avec leurs vies. Les réseaux sociaux offrent un accès rapide à une large gamme de connaissances, ce qui permet aux jeunes de découvrir de nombreux sujets et découvrir de nouvelles perspectives.
Les réseaux sociaux permettent également des opportunités uniques pour les enfants et les adolescents de s’exprimer de manière créative (Meyer, 2017). Les outils et plateformes numériques leur permettent de découvrir l’expression artistique en créant, en éditant et en partageant des photos, des vidéos et de la musique (Bichsel, 2023). Ce processus les aide à développer leurs compétences artistiques, à l’expérimenter à l’aide de différentes techniques créatives, et recevoir éventuellement des retours sur leurs créations.
L’augmentation des incidents de cyberharcèlement et d’harcèlement sexuel en ligne
Malgré ses avantages, l’usage des réseaux sociaux provoque des conséquences néfastes sur la santé mentale. En Suisse, près d’un jeune sur trois déclarent se sentir stressé par les réseaux sociaux (SWI swissinfo.ch, 2022). Des preuves récentes indiquent que les cas de cyberharcèlement et le harcèlement sexuel en ligne sont en train d’augmenter à une vitesse alarmante (Külling et al., 2022).
D’après l’étude de l’entreprise JAMES en 2022, 29% des adolescents y ayant participé ont déclaré avoir été victime de harcèlement sexuel en ligne (contrairement à 19% en 2014), avec des taux plus élevés pour les filles que pour les garçons (Jeunes et Médias, n.d.; SWI swissinfo.ch, 2022). Cette forme de harcèlement se constitue d’attaques en ligne répétée à l’encontre un individu, parfois à travers les plateformes sociales ou des applications de messagerie comme WhatsApp et Facebook (Jeunes et Médias, n.d.).
L’anonymat procuré par internet facilite la tâche aux auteurs de violence qui s’engage dans de tels comportements sans conséquences immédiates (Gross, 2024). Une étude menée par le réseau de recherche EU Kids Online Suisse indique qu’un quart des enfants et adolescents qui sont victime de harcèlement ne le signalent pas (Pro Juventute, n.d.). Ce silence peut entraîner des effets psychologiques graves, comme la dépression, l’anxiété, et même des pensées suicidaires (Pro Juventute, n.d.).
L’impact des réseaux sociaux sur l’estime de soi
L’usage discutable des réseaux sociaux et l’addiction à internet sont une préoccupation croissante. L’engagement numérique excessif remplace souvent des relations humaines et activités physiques importantes. Des statistiques révèlent que plus de 3,8% de la population suisse âgée de 15 ans et plus souffre de dépendance à internet (Beeli, 2024).
Les adolescentes sont particulièrement vulnérables à cette dépendance et à d’autres problèmes de santé mentale liés aux réseaux sociaux, comme la peur de manquer quelque chose (FOMO), la réduction de l’estime de soi, des difficultés de concentration, et une qualité de sommeil faible (Beeli, 2024). Cette addiction peut limiter le temps consacré aux activités physique et aux interactions sociales dans la vie réelle, ce qui augmente les sentiments de solitude et la dépression.
De plus, le risque de préjudice venant d’une opinion négative de son apparence et d’une faible estime de soi empire durant l’adolescence. Les comparaisons sociales constantes sur ces plateformes peuvent empirer les problèmes d’estime de soi, alors que les utilisateurs jugent leurs vies par rapport à celles de leurs camarades ou des influenceurs.
Durant la dernière décennie, l’essor des réseaux sociaux a considérablement augmenté l’exposition des adolescents à des images idéalisées (SWI swissinfo.ch, 2015). Cette pression peut contribuer à des problèmes liés à l’image de soi et des troubles de l’alimentation, ce qui diminue le sentiment d’estime de soi chez les adolescents.
Le cadre juridique et l’éducation aux médias en Suisse
Plein de jeunes personnes utilisant internet en Suisse sont exposées à du contenu inapproprié ou dangereux en ligne avec peu de surveillance. Peu de contrôle existe en ce qui concerne la manière dont les entreprises de réseaux sociaux gèrent les données personnelles des enfants ou l’utilisation de ciblage algorithmique. Les politiciens ont demandé une protection puissante de données privées des enfants et un plus grand contrôle des stratégies d’entreprises des réseaux sociaux en ce qui concerne les enfants.
Par conséquent, la Suisse a commencé à aborder certains de ces dangers en ligne. En tant que signataire de la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant, la Suisse a le devoir de protéger les enfants de toutes formes de violence, dont la violence numérique. L’article 17 de la Convention aborde précisément l’accès à l’information et la protection envers du contenu dangereux, en prenant en compte l’intérêt de l’enfant (United Nations, 1989).
Par exemple, le gouvernement suisse a établi le programme Youth and Media (Jeunes et médias en français) afin de renforcer l’éducation aux médias et les compétences numériques des citoyens parmi les jeunes et leurs parents (e-media.ch, n.d.; Office fédéral des assurances sociales, 2022). Les écoles sont en train d’incorporer de plus en plus de leçons d’éducation numérique afin de s’assurer que les enfants et les adolescents peuvent naviguer sur Internet en toute sécurité et de manière responsable (Domenjoz, 2022).
Malgré ces efforts, des politiques compréhensives sont nécessaires pour protéger les mineurs en ligne, dont des mesures solides contre le cyberharcèlement et des régulations plus strictes concernant les données et les algorithmes des jeunes. Cependant, la mise en œuvre de politiques efficaces est complexe et nécessite un dialogue continu et une excellente collaboration (Külling et al., 2022).
Renforcer l’éducation numérique et l’implication parentale
Les réseaux sociaux sont devenus partie intégrante de la vie des enfants et des adolescents en Suisse, et cet impact sur la santé mentale ne devrait pas être sous-estimé. Les protéger requiert de manière efficace une collaboration entre les responsables politiques, les familles, les enseignants, les entreprises de technologie, les chercheurs, les enfants et les adolescents.
Les efforts pédagogiques pour enseigner l’éducation des médias numériques, la bienséance en ligne, et la prévention sur le cyberharcèlement devraient être renforcés. Ces programmes peuvent apprendre aux élèves comment identifier et gérer les risques en ligne tout en encourageant la gestion saine du temps d’écran et une approche équilibrée des activités en ligne et hors ligne. Pourtant, les écoles ont besoin de fonds suffisants pour enseigner de manière efficace ces compétences civiques numériques essentielles.
Les parents jouent aussi un rôle crucial dans ce cadre éducatif. Etablir des règles claires sur l’usage des écrans et maintenir le dialogue ouvert avec leurs enfants sur leurs expériences en ligne est essentiel pour gérer les risques en ligne et maintenir l’estime de soi de leurs enfants (Addiction Suisse, 2023).
Améliorer les mesures réglementaires et les services de soutien
En plus des efforts éducatifs et de celui des parents, le gouvernement suisse envisage de mettre en place de meilleures réglementations pour protéger les enfants et les adolescents en ligne. Les mesures proposées comportent des contrôles de contenu plus stricts, des pénalités en cas de cyberharcèlement, et des critères d’amélioration de la protection des données pour les réseaux sociaux. En complément de ces efforts de réglementation, des campagnes de sensibilisation visent à éduquer les personnes sur les risques des réseaux sociaux et les stratégies d’atténuation.
De plus, il existe un besoin de règles plus strictes et d’une meilleure surveillance, comme le contrôle d’accès selon l’âge, la vérification de contenu et sa régularisation, la réduction des données, et la clarté de l’algorithme, afin d’assurer une plus grande protection pour les mineurs sur les réseaux sociaux. Des réglementations supplémentaires à l’échelle européenne sont nécessaires pour aborder la portée mondiale de ces plateformes. Les enfants et les adolescents doivent également être impliqués dans la création de solutions de cybersécurité, comme indiqué dans l’article 12 de la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant (Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, 2024; United Nations, 1989).
Enfin, des services de soutien psychologique disponibles pour les enfants et les adolescents affectés par les réseaux sociaux sont essentiels. Un accès élargi aux services de santé mentale, en particulier pour les formes d’anxiété liées aux réseaux sociaux, aux addictions, aux problèmes d’image de soi, et les pensées suicidaires, est essentiel. Les écoles et les communes doivent fournir des rencontres sans rendez-vous, des consultations confidentielles et des programmes de soutien pour aider les enfants et les adolescents à gérer leur stress et leur anxiété en lien avec leurs interactions en ligne tout en diminuant les préjugés liés au fait de demander de l’aide.
Humanium s’engage à sensibiliser sur le droit des enfants à l’ère numérique et plaide en faveur de politique plus effectives afin d’assurer leur bien-être mental. Nous encourageons les enfants ou les parents qui ont l’impression que les réseaux sociaux affectent leur santé mentale ou celle de leurs enfants pour contacter notre assistance téléphonique. Vous pouvez aussi soutenir notre action en faisant un don, en devenant bénévole ou en devenant membre.
Ecrit par Or Salama
Traduit par Ruthy Gbogbu
Relu par Line Goddi
Références :
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