Enfants de Saint-Christophe-et-Niévès

Enfants de Saint-Christophe-et-Niévès

Concrétiser les droits de l’enfant à Saint-Christophe-et-Niévès

 

Au cours de la dernière décennie, l’Etat de Saint-Kitts-et-Nevis, situé dans les petites Antilles a fait de grandes avancées dans la promotion et la garantie des droits des enfants. Les progrès sont palpables mais les défis subsistent afin de préserver la sécurité et la santé des enfants. Il s’agit dès lors de protéger les enfants contre les violences, notamment par le biais d’un système pénal efficace, de promouvoir les responsabilités parentales et enfin de faciliter l’accès des adolescents à l’éducation sexuelle.

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Indice de Concrétisation des Droits de l’Enfant : 7,86 / 10
Niveau orange : Problèmes sensibles

Population : 51.3 mille
Pop. de 0 à 14 ans : 22,8 %

Espérance de vie : 73,6 ans
Mortalité des moins de 5 ans : 8 ‰

Principaux problèmes rencontrés par les enfants à Saint-Christophe-et-Niévès:

Justice des enfants    

Âge minimum de la responsabilité pénale

Dans le système judiciaire, les enfants de Saint-Kitts-et-Nevis sont pénalement responsables dès l’âge de huit ans. Ces jeunes mineurs en conflit avec la loi font dès lors face à de très longues procédures judiciaires, au cours desquelles leur droit à la confidentialité est souvent violé.

Enfants incarcérés dans les prisons pour adultes

Saint-Kitts-et-Nevis manque d’installations carcérales adéquates pour détenir les enfants condamnés par la loi. En outre, le système pénal dispose d’un nombre limité de personnel qualifié pour travailler avec eux.

Les mineurs sont par conséquent placés dans des centres de détention pour adultes, généralement surpeuplés. Ils sont, par la suite, amenés à côtoyer des criminels endurcis et sont ainsi exposés aux abus potentiels du milieu carcéral et deviennent des victimes de la solitude et de l’isolement.

 Châtiments corporels

Les punitions corporelles sont autorisées par le code de justice de Saint-Kitts-et-Nevis. La loi permet aux magistrats de condamner les mineurs à la flagellation.

Les enfants sont soumis à un examen médical avant l’exécution de la sentence. Les  coups de fouet sont administrés par un policier, en présence de fonctionnaires et des parents/tuteurs de l’enfant.

Les châtiments corporels sont aussi couramment utilisés comme mesure disciplinaire dans les prisons.

Manque d’aide à la réhabilitation

Les enfants emprisonnés n’ont généralement pas accès aux services de réinsertion sociale ni-même aux programmes d’éducation.

Violences

En moyenne 200 cas de maltraitance sont signalés chaque année aux services de protection de l’enfance (selon des données publiées par l’UNICEF en 2009).

Les violences physiques et les violences sexuelles représentent respectivement 20% et 8% de ces cas. Un nombre croissant d’enfants sont placés en institution en raison de ces violences.

Bien que le gouvernement ait mis en place des organismes tels que  le Département de la probation ainsi que les services de protection de l’enfance, il y a un manque de standardisation dans la gestion des plaintes des cas d’enfants victimes d’abus, de négligence ou d’abandon.

Il y a aussi un manque d’alignement et de clarté sur le rôle de la police, du Département des affaires communautaires, des services de santé et du corps enseignant.

Violence sexuelle

L’UNICEF décrit le nombre de mineurs victimes d’abus sexuels comme alarmant, particulièrement le taux élevé de filles soumises  à des violences sexuelles par des hommes plus âgés. Dans la plupart des cas, l’agresseur est le beau-père ou le partenaire de la mère. Les femmes et leurs filles dénoncent rarement les abus sexuels perpétrés par les hommes de leur famille car elles dépendent financièrement d’eux.

Cette violence contre les filles vient principalement du fait que, les hommes/garçons de Saint-Kitts-et-Nevis tiennent traditionnellement une attitude discriminatoire et négative envers les femmes/filles (malgré les efforts louables du gouvernement pour la promotion de l’égalité en genre).

En outre, les enfants victimes d’abus sexuels sont souvent stigmatisés et traités comme des criminels. Leur droit à la confidentialité est rarement observé au cours des procédures judiciaires.

De plus, très peu de mesures sont mises en place pour aider leur reconstruction physique et psychologique, et leur réintégration sociale. Il y a aussi un manque d’abris et de permanences téléphoniques.

Enfin, Saint-Kitts-et-Nevis n’a pas de tribunaux spécialisés dans les affaires de viol et d’agressions sexuelles. Aucune structure n’est mise en place pour lutter contre la pornographie, la prostitution et la traite des enfants.

On constate également le manque de programmes de réhabilitation pour les délinquants sexuels.

Violence domestique

Les enfants et leurs mères sont souvent réticents à porter plainte ou témoigner pour des cas de violence domestique.

Leur réticence provient de conventions sociales sur la loyauté à la famille (on ne doit pas dénoncer un parent) et sur la sphère privée (les actes de violence domestique sont perçus comme des affaires de famille).

Enfin, les châtiments corporels ne sont pas interdits par la loi et sont largement utilisés comme mesure disciplinaire dans les ménages ainsi que dans les maisons d’accueil et autres institutions.

Drogues et criminalité

A Saint-Kitt-et-Nevis, plus d’adolescents meurent d’homicide que d’accidents de la circulation ou de suicide (ces deux dernières figurant parmi les principales causes de décès chez les adolescentes en général). Entre 2007 et 2010 les décès par homicide représentaient 46% des morts d’enfants âgés entre 15 et 19 ans, selon l’OPS / OMS.

En 1999, l’UNICEF signalait un fort niveau de toxicomanie chez les mineurs de Saint-Kitts-et-Nevis. L’intensification du trafic de drogues dans le pays a été suivie d’une hausse du nombre d’adolescents impliqués dans les gangs, dans la production et la vente de drogues illicites, ainsi que dans la manipulation d’armes dites légères.

Selon l’UNICEF entre 1990 et 1998, les délits commis par des mineurs sont passés de 1.2% à 17% de l’ensemble des crimes enregistrés sur Saint-Kitts-et-Nevis.

Adolescents et éducation de la santé sexuelle

Saint-Kitts-et-Nevis a un fort taux de grossesse chez les adolescentes. L’UNICEF attribue 19% des naissances enregistrées en 2005  à des mères adolescentes.

Sur les 200 cas de maltraitance signalés chaque année à Saint-Kitts-et-Nevis, 62% sont des cas de négligence et 1% des cas d’abandon.

Manque de services de santé

Il n’y a pas assez de promotion de comportement sexuel responsable dans les  écoles et dans la société en général. Les adolescents ont un accès très limité aux programmes d’éducation sexuelle et aux services de santé sexuelle.

En conséquence, ils ont peu de connaissances et de ressources sur le VIH/SIDA, les MST, l’avortement et les violences sexuelles.

L’insuffisance d’information sur l’utilisation des contraceptifs perpétue un fort rejet des méthodes de contraception chez les jeunes hommes en général. Selon L’UNICEF, en 2008 seul 21.1% des adolescents sexuellement actifs ont utilisé un préservatif, lors de chaque rapport sexuel.

Mères adolescentes

Le taux de grossesse chez les adolescentes de Saint-Kitts-et-Nevis est élevé. Entre 2000 et 2010, l’UNICEF a enregistré une moyenne de 67 naissances pour 1000 filles âgées de 15-19 ans.

Les mères adolescentes ont une faible fréquentation des services prénataux et auraient de mauvaises pratiques d’allaitement. Les statistiques montrent que dans les cas les plus courants de mortalité infantile, les mères sont adolescentes (le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans était de 16% en 2000 et de 8% en 2010).

Le gouvernement a mis en place des mesures permettant aux mères adolescentes de réintégrer le système éducatif, mais elles ne sont pas appliquées de manière uniforme sur les deux îles.

Enfants et familles monoparentales      

Saint-Kitts-et-Nevis a un grand nombre de familles monoparentales; l’UNICEF rapporte qu’en 2007, 45% des ménages étaient dirigés par des femmes. Ce modèle de structure familiale peut avoir un impact négatif sur l’équilibre psychologique, émotionnel et financier des enfants.

L’OPS a établi qu’entre 2004-2005 le taux de mariage était de 20% sur Saint-Kitts et de 35% sur Nevis. Sur les deux îles, le pourcentage de familles dont le père réside dans le ménage s’élevait à 29% en 1990 et à 39% en 1999.

Sur les 200 cas de maltraitance signalés chaque année, 5% sont liés aux problèmes d’accès et 4% aux problèmes d’entretien des enfants.

Droit à la protection

Il y a un manque de protection juridique des droits des enfants à l’entretien et à l’héritage.

Il n’y a également pas assez de mesures assurant que les parents qui émigrent, continuent de contribuer à l’entretien de leurs enfants restés sur Saint-Kitts-et-Nevis.

Le nombre de structures prodiguant aide et conseil aux parents sont insuffisantes, surtout en ce qui concerne les questions de responsabilités parentales.

En raison du manque d’accès à l’aide juridique et de la lenteur des procédures judiciaires, il est très difficile pour les femmes de poursuivre les hommes en justice et d’obtenir une pension alimentaire. Ceci a un impact négatif sur le bien-être des enfants issus de familles monoparentales ou de couples vivant en cohabitation.

Bien que les femmes soient à la tête de 45% des ménages, elles détiennent le plus souvent les emplois les moins rémunérés.

Même si leur niveau d’éducation est généralement supérieur à celui des hommes, les femmes voient rarement leurs positions professionnelles et leurs salaires refléter cet avancement académique.

Il est donc primordial pour leurs enfants que le système judiciaire leur facilite l’accès à la pension alimentaire.

Enfants et éducation              

A Saint-Kitts-et-Nevis, l’éducation est obligatoire depuis 1967 pour les enfants de cinq à 16 ans. L’état assure l’éducation universelle de la pré-maternelle au secondaire.

Selon l’UNICEF, entre 2007 et 2010, le taux net de scolarisation au niveau du primaire s’élevait à 92% pour les garçons et 95% pour les filles. Au cours de cette même période, le pourcentage net de scolarisation au niveau du secondaire s’élevait à 85% pour les garçons et 92% pour les filles.

Cependant, les écoliers de Saint-Kitts-et-Nevis sont confrontés à un manque d’enseignants et de matériel adéquat ainsi qu’à des méthodes d’enseignement presque exclusivement axées sur les examens.

Garçons et lacunes scolaires

Saint-Kitts-et-Nevis à un taux élevé de décrochage scolaire chez les garçons inscrits dans les classes supérieures du primaire. Chez les garçons scolarisés dans le primaire on enregistre un faible taux d’alphabétisation et un fort taux d’absentéisme scolaire.

Punitions corporelles

L’utilisation de châtiments corporels par le corps enseignant est courante et légale, d’après le code juridique de Saint-Kitts-et-Nevis.

Enfants handicapés

Il manque des structures adéquates pour accueillir les enfants handicapés dans le système scolaire. Les efforts visant à assurer leur inclusion restent insuffisants.