Dans le monde, comme chacun le sait, le mariage bénéficie d’une symbiose de soutien et de compréhension. Cependant, la triste réalité est que tout le monde n’a pas la chance de bien faire les choses. S’il est vrai que la pratique du mariage forcé des enfants diminue au fil du temps, la route est encore longue.
Les cas malheureux de mariages forcés d’enfants ont encore augmenté durant le Covid19. On s’attend à ce que plus de 100 millions de filles se marient à l’avenir avant leur majorité (UNICEF, 2021). Malheureusement, à cause du manque d’informations essentielles concernant leurs droits, les grossesses précoces ont souvent un impact négatif à la fois sur la santé physique des jeunes filles et sur leur parcours scolaire potentiel.
Les causes et les effets des mariages précoces
Il peut être difficile d’imaginer un endroit où des filles âgées de seulement 8 ou 9 ans sont obligées de s’unir parles liens sacrés du mariage. Cela arrive encore autour de nous, en Asie du Sud, leader de cette pratique malsaine (à savoir en Inde et au Bangladesh), qui vole à 46 % des jeunes filles leur jeunesse (Anju Malhotra, 2010).
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles des peuples approuvent encore ces mariages illicites qui violent les droits humains. Les difficultés comme la pauvreté et la misère sont souvent les raisons pour lesquelles les parents prennent ces décisions désespérées.
Associés à des conditions de vie précaires et à une mauvaise éducation, il n’est pas surprenant que ces pratiques prévalent encore en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Il va sans dire que la majorité pense toujours que les tâches ménagères conviennent mieux aux filles que de fréquenter l’école. Lorsqu’ils sont confrontés à l’horreur de la guerre qui fait rage dans nombre des régions que nous avons citées, les parents marient aussi leurs filles dans l’espoir qu’elles aient une vie meilleure.
Dans certaines régions d’Afghanistan, du Pakistan ou du Moyen- Orient, les mariages d’enfants sont profondément ancrés dans la tradition. Certains parents utilisent leurs enfants comme un moyen de régler leurs dettes et les affaires de famille (UNEPA, 2021). Des familles encouragent des filles mineures à se marier pour sauvegarder l’honneur et pour la dote.
Avant la guerre d’Irak en 2003, les petites filles-épouses de moins de 15 ans représentaient 15% de la population. C’est une terrible tragédie que ce nombre ait atteint un pic en 2016 après la guerre d’Irak, où plus de 26 % des filles étaient mariées avant l’âge légal (Rand Lateef, 2021).
Les problèmes de santé maternelle durant les grossesses d’adolescentes
Le terme de grossesse d’adolescentes fait référence à des filles âgées de 13 à 19 ans qui ont des enfants. La grossesse à l’adolescence est dangereuse à cause de trois facteurs importants : le risque d’une naissance prématurée, un poids de naissance extrêmement faible, et une mortalité infantile importante. Les psychologues soutiennent que les futures mères ne sont pas prêtes mentalement pour ce rôle, qui inclut à la fois une maturité sexuelle et sociale (Mickael K Magill, 2007).
Les filles qui tombent enceintes très tôt ne prennent pas de décision en connaissance de cause car elles manquent d’informations élémentaires. Elles quittent habituellement l’école pour se marier jeunes, soutenues par leur famille qui les pousse à concevoir. Comme toute la communauté soutient ces pratiques malsaines, la tradition continue de prospérer. Les habitants des régions pauvres n’ont pas accès à des préservatifs, et pas davantage à des livres et à des éducateurs.
En vivant dans le déni que les mortalités maternelles et infantiles élevées ne sont absolument pas normales, ils mettent de nombreuses vies en danger. Le corps des filles n’est pas assez mature pour supporter une grossesse de neuf mois, c’est pourquoi elles sont susceptibles de rencontrer des complications. Les filles de moins de 18 ans ont plus de probabilités de devenir victimes de violences domestiques. D’autre part, les adolescentes portant des enfants hors mariage peuvent souffrir de sanctions sociales encore plus dures qui peuvent les abîmer pour la vie (Plan International n.d).
Les mariages d’enfants pendant le Covid
Il est bon de savoir que le nombre d’unions dans la dernière décennie a drastiquement diminué (UNICEF, 2021).Mais, les choses ont commencé à se dégrader, une nouvelle fois, durant la pandémie. Un enchaînement d’événements malheureux a eu des conséquences désastreuses sur les ménages pendant la crise sanitaire mondiale. De sévères revers économiques ont facilement repoussé des familles sous le seuil de pauvreté avec des droits de l’enfant de plus en plus menacés.
Plus de 1,4% de la population affectée était déjà au bord du gouffre dans les pays en développement (David Malpass, 2020). Endurer des difficultés économiques dévastatrices peut mener à davantage de violations des droits des enfants qui sont alors forcés au mariage ou au travail. Des évènements plus récents en Ethiopie, au Mozambique et au Congo pendant le Covid démontrent à quel point les conséquences peuvent être graves (UNICEF, 2020).
Depuis la fermeture des écoles en Ethiopie, les filles ont perdu l’accès à l’initiative de la Banque Mondiale « Garder les filles à l’école ». L’objectif était d’améliorer la vie des enfants en leur donnant une chance équitable de réussite. Les organisations humanitaires ne peuvent que supposer que cela a conduit à plus d’enfants mariées dans le pays puisqu’elles ont été davantage exposées aux violences de genre et domestiques (Banque mondiale, 2022).
De même, au Mozambique, le nombre d’appels d’urgence a doublé en comparaison avec la même période en 2019. Les mariages forcés d’enfants, le harcèlement sexuel, et la violence de genre ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles les gens ont demandé de l’aide. A l’ouest du continent, en République Démocratique du Congo, il y a eu aussi un bond dans le nombre de mariages d’enfants (UNICEF, 2021).
Les disparités ethniques dans les décès liés à la grossesse
La bonne nouvelle est que la plupart des décès liés à la grossesse peuvent être prévenus. Les filles ne sont pas prêtes à avoir des bébés au stade précoce de leur vie, car l’âge maternel et le niveau d’éducation contribuent au niveau global de maturité.
Aux Etats-Unis, les femmes noires sont quatre fois plus susceptibles de perdre leur enfant que les femmes blanches (Samantha Artiga, 2020). Elles tombent aussi enceintes plus tôt et souffrent davantage destress en mettant au monde des enfants sans préparation. Il y a beaucoup de facteurs sous-jacents aux effets préjudiciables sur la grossesse comme les implications socio-économiques de l’immaturité parentale (Samantha Artiga, 2020).
Ethnicité et religion jouent un rôle important dans le mariage des enfants. Les femmes afro- américaines risquent davantage de garder leur enfant si elles tombent enceintes, tout comme les filles africaines sont plus susceptibles de se marier avant leurs premières règles. L’Afrique de l’Ouest et Centrale se classent en tête en ce qui concerne les mariages précoces, avec plus de 41 % des filles mariées avant l’âge de 18 ans (UNICEF, n.d).
Selon les données réunies en 2021, le Niger possède le plus haut taux de mariages d’enfants dans le monde. Un rapport affirme que plus de 75 % des filles sont mariées avant d’avoir 18 ans. La plupart d’entre elles sont seulement âgées de 15 ans, ce qui représente l’âge légal dans certains pays africains. Le Tchad, le Bangladesh, la Guinée et le Mozambique s’engagent également en grand nombre dans cette pratique contraire à l’éthique (Organisation Mondiale de la Santé, n.d).
Contrairement à l’Afrique, de nombreux pays de l’Union Européenne ont définitivement banni le mariage d’enfants. D’autres pays envisagent de rejoindre les Pays-Bas, la Suède et l’Allemagne dans leurs efforts pour protéger les enfants. La Commission du Parlement Européen presse les gouvernements de mettre fin à ces pratiques illégales (Heather Barr, 2018).
Il n’y a pas de rapport officiel précisant le nombre de mariages d’enfants en Europe, car la plupart d’entre eux se produisent en Europe de l’Est parmi la communauté Rom. Soit les enfants sont mariés sans le consentement de leurs parents soit ils subissent un mariage arrangé. Ces unions ne sont souvent pas enregistrées ce qui rend encore plus difficile d’en tenir le compte à jour (Organisation Mondiale de la Santé, n.d).
Dans des pays comme le Bangladesh où les mariages d’enfant sont encore largement acceptés, 51 % des filles sont mariées avant leur majorité. Cela équivaut au nombre impressionnant de 38 millions d’épouses-enfants dans le pays. La moitié d’entre elles sont généralement mariées avant leur quinzième anniversaire. Ces chiffres extrêmement élevés sont habituellement liés au fait que le Bangladesh est l’un des pays les plus pauvres du monde. Les données montrent que les habitants plus riches rejettent ces pratiques malsaines, contrairement à leurs compatriotes vivant dans les zones rurales (UNICEF, 2020).
Les enfants vivant dans des pays affectés par la guerre sont plus susceptibles de souffrir de violences sous toutes les formes. Plus de 10 000 enfants sont morts dans les bombardements et les effusions de sang en Syrie. En 2011, la République Arabe Syrienne attestait de 13 % de mariages d’enfants enregistrés. Après 11 ans, la situation pour les filles syriennes qui ont fui leur pays est devenue encore plus dévastatrice. Selon les données de 2013, le nombre de filles mariées à des partenaires plus âgés était monté à 25 % en Jordanie, en Egypte, en Turquie et en Irak (Save the children, 2014).
Prévenir les mariages d’enfants avec des pratiques pédagogiques efficaces
« Si vous éduquez un homme, vous éduquez un individu. Mais si vous éduquez une femme, vous éduquez une Nation. »
– Proverbe africain
Transmettre les connaissances aux jeunes et éduquer les adultes peut être la bonne voie pour protéger les droits des enfants. Encourager les filles à aller à l’école bénéficiera à des communautés entières. La création d’initiatives et le lancement de programmes aideront les habitants des pays en développement à comprendre les dangers de cette pratique ancienne. Nous devrions mieux communiquer sur les droits des enfants à la santé, à l’éducation, à la protection et à la liberté. Tous les enfants devraient avoir une chance égale de réussite, grandir dans un environnement stimulant qui les aidera à réaliser leur plein potentiel (Children’s Rights Alliance Ireland, n.d). A leur tour, ils seront parfaitement préparés et confiants pour prendre soin des générations futures.
Ayant vu des jeunes filles âgées de 12 ans enceintes, notre équipe chez Humanium travaille sans relâche pour protéger les droits des enfants et mettre un terme aux mariages d’enfants et aux grossesses d’adolescentes. Nous aidons à la sensibilisation des jeunes en nous engageant dans des activités dans certaines des régions les plus reculées du monde. Nous croyons que c’est seulement ensemble que nous pourrons mettre fin à la pratique illégale du mariage d’enfants. Nous sommes toujours heureux d’accueillir des bénévoles qui partagent notre vision. Vous pouvez également nous rejoindre en faisant un don ou en parrainant un enfant.
Ecrit par Lidija Misic
Traduit par Clarisse Dehaeck
Relu par Ania Beznia
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